Deux semaines après le lancement du quotidien numérique The Daily, Apple vient d'officialiser le programme d'abonnement aux applications de l'App Store. Le communiqué de la firme de Cupertino lève le voile sur les possibilités offertes dès aujourd'hui aux éditeurs d'applications et pose quelques questions concernant la façon dont ces derniers vont s'approprier ce nouveau modèle économique.
S'il faudra attendre iOS 4.3 pour que ces possibilités deviennent une réalité concrète, plus rien n'empêche les éditeurs de contenu de plancher sur des applications destinées aux terminaux d'Apple fonctionnant sur abonnement. La firme de Cupertino vient, par le biais d'un communiqué, d'officialiser ce nouveau modèle économique déjà adopté par The Daily.
Liberté de prix et de fréquence de paiement
Contrairement aux applications standards, qui doivent être vendues à des prix définis par un barème précis commençant à 0,79 euros, les éditeurs proposant des services sur abonnement pourront fixer eux-mêmes leurs tarifs, ainsi que la durée de l'abonnement (hebdomadaire, mensuel, bimensuel, trimestriel, semestriel ou annuel).
Une démarche qui devrait permettre à certains éditeurs de presse, jusque-là confrontés à des problèmes de grille tarifaire sur l'App Store, d'aligner leur offre sur celle de leur édition papier... pour le meilleur, mais aussi pour le pire, puisque certains journaux ont jusque-là été obligés de tirer le prix de leur édition numérique vers le bas pour ne pas dépasser le prix de son édition papier - c'est par exemple le cas du Monde, dont la version iPad coûte 79 centimes contre 1,40 euros en version papier, ou encore de l'Equipe, 79 centimes sur la tablette et 95 centimes en kiosque. Reste donc à savoir si, en adoptant le nouveau modèle économique proposé par Apple, les éditeurs de presse numérique en profiteront pour combler cet écart.
De l'importance de l' « In App » pour Apple
La seconde partie du communiqué d'Apple met particulièrement en avant le fait que l'utilisateur gère entièrement son abonnement par l'intermédiaire de l'application éditrice. Un fait qui sous-entend que les achats, et donc la souscription à un type d'abonnement s'effectue « In App », c'est-à-dire au cœur de l'application, et que les paiements transitent par Apple. Tout comme pour les applications standards, la firme ponctionne au passage 30% du prix de l'abonnement.
Depuis l'affaire de l'application Sony Reader, on sait qu'Apple n'est plus enclin à accepter l'achat de produits dématérialisés autrement que « In App », puisque c'est uniquement via ce procédé que l'entreprise à la pomme touche un pourcentage sur les ventes. « Notre philosophie est simple : quand Apple apporte un nouvel abonné à l'application, Apple gagne une part de 30%. Quand l'éditeur apporte un abonné existant dans une nouvelle application, il conserve 100% du revenu et Apple le gagne rien » a expliqué Steve Jobs. « Si un éditeur propose un abonnement en dehors de l'application, une même offre (ou meilleure) doit être disponible à l'intérieur de l'app, afin que le client puisse facilement souscrire directement depuis l'app, en un seul clic ». On comprend bien l'intérêt qu'à la firme à pousser un tel modèle économique.
Le Geste compte-il ?
Avant même d'être lancée, cette offre a interpelé le Groupement des Editeurs de Services en Ligne (Geste) qui s'est insurgé fin janvier contre la politique du « tout In App » qu'Apple compte bien imposer sur l'App Store d'ici au 30 juin prochain. Certains quotidiens, comme Le Monde, prévoyaient de proposer un système d'abonnement via leur site, c'est-à-dire en dehors de l'application, mais leurs démarches ont été rejetées par Apple.
Autre point relevé par le Geste : le risque de ne pas avoir accès aux informations de leurs abonnés, laissées à la discrétion d'Apple. Sur cette question, la firme de Cupertino met les points sur les « i » et explique que « les clients qui achèteront un abonnement via l'App Store auront la possibilité de fournir à l'éditeur leur nom, leur adresse email, et leur code postal. L'utilisation de ces informations sera régie par la politique de confidentialité de l'éditeur, et non d'Apple ». Il est également indiqué que les éditeurs pourront demander des informations supplémentaires à leurs abonnés, sous certaines conditions.
En somme, si certains, comme News Corp, voient dans ce nouveau modèle économique le salut de la presse papier et un espoir d'épanouissement pour la presse dématérialisée, il y a fort à parier que la politique d'Apple ne fera - une nouvelle fois - pas l'unanimité. Pour le consommateur, ce n'est désormais plus qu'une question de temps avant de voir arriver sur l'App Store des applications intégrant des formules d'abonnement.