Cette semaine, c'est principalement Apple qui a assuré son rôle d'attaquant en cherchant à prouver que Samsung a bel et bien copié l'iPhone et l'iPad dans sa gamme Galaxy, violant au passage plusieurs brevets. Les témoignages de Peter Bressler, pour le design, et de Susan Kare pour l'interface et la surcouche logicielle, sont allés dans le sens de la firme de Cupertino. Cette dernière a ensuite lâché une petite bombe en dévoilant un document interne de Samsung dans lequel le Coréen compare clairement son Galaxy S à l'iPhone pour le perfectionner.
Etudes contradictoires
L'idée de la confusion du public entre l'iPad et le Galaxy Tab est revenue plusieurs fois cette semaine, notamment dans le témoignage de Peter Bressler, focalisé sur l'esthétique. Une récente affaire évoquant plusieurs retours de tablettes Samsung dans les magasins Best Buy aux USA, résultant d'une confusion des clients avec l'iPad, a également été évoquée. Une situation qui a poussé Samsung a présenter une étude réalisée en 2011 dans 30 magasins de la franchise, démontrant que seulement 9% des retours de Galaxy Tab étaient liés à une confusion avec un autre produit. Selon ce sondage, 25% des retours seraient liés à des soucis de connectivité ou de sensibilité de l'écran, tandis que 17% d'entre eux résulteraient de soucis de batterie ou de synchronisation.
Une étude à laquelle Apple a contre-attaqué avec un nouveau document interne de Samsung, résultant d'une enquête effectuée en janvier 2011, soit bien avant la sortie du Galaxy Tab 1.01 en juin 2011. L'étude, menée auprès des consommateurs, soulignait la confusion du public entre la tablette de Samsung et celle d'Apple. « Plus de la moitié des consommateurs qui ont vu la publicité télévisée de la Galaxy Tab pensaient qu'il s'agissait d'un produit Apple. 16% seulement savaient qu'il s'agit d'un produit Samsung » explique le document. L'analyse révèle également que le lien entre Samsung et son produit n'était établi qu'auprès de 11% du panel, tandis que celui entre Apple et l'iPad était clair pour 65% des interrogés.
Le slide de l'étude, disponible sur CNET, est composé de plusieurs parties basées sur différentes constatations. Si la première encourage Samsung à « proposer des produits Galaxy distincts et distinguables » de la concurrence, pour permettre une meilleure identification par le public, une autre souligne que « les smartphones de Samsung sont appréciés, mais pas aimés... si les gens apprécient les téléphones, ils ne présentent pas le même genre de passion et de fidélité qu'ils peuvent avoir pour l'iPhone. » Des smartphones d'autres entreprises sont évoqués, mais le maître étalon reste, dans tous les cas, l'iPhone.
Des chiffres sensibles dévoilés
Jeudi, la valse des documents a continué et Samsung, comme Apple, ont dû dévoiler au grand jour les chiffres de ventes de leurs différents produits : des données sensibles que les entreprises n'exposent pas d'habitude, du moins pas avec autant de détails : on y découvre, par exemple, qu'Apple a vendu 85 millions d'iPhone entre 2007 et le second trimestre 2012, générant un revenu de 50 milliards de dollars. Ces listings financiers, mis en ligne par All Things D, font sans nul doute partie des fichiers que les deux entreprises voulaient garder secrets peu avant l'ouverture du procès. Le PDF du fichier est disponible ici.
Et les révélations devraient continuer encore un moment, puisque la juge Lucy Koh a rejeté dans la foulée de nombreuses demandes d'Apple et Samsung visant à garder secrets des documents concernant les marges bénéficiaires des produits, ainsi que leurs coûts de fabrication. Les montants des accords de licence établis entre les deux entreprises seront également dévoilés : « Cette information est importante pour les calculs des dommages des parties, et elle est par conséquent importante pour le public dans la compréhension de cette affaire » a déclaré la juge. La semaine prochaine risque d'être encore très riche en révélations.
Des tensions entre les entreprises, mais aussi avec la juge
Dans un rapport publié vendredi, l'agence Reuters souligne « les tensions inhabituelles » qui règnent au tribunal de San José dans le cadre de cette affaire. L'envoyé spécial évoque une anecdote survenue le matin-même à la cour, où l'avocat de Samsung John Quinn a évoqué les injonctions mises en place par Lucy Koh contre des produits Samsung avant la tenue du procès. La juge avait cependant interdit aux parties de discuter de ce sujet devant le jury, ce qui a provoqué sa colère, malgré les excuses de Quinn. « J'ai du mal à croire que ce n'était pas intentionnel » a rétorqué la magistrate. « Koh est exaspérée par la gestion du procès. Elle doit, à la manière d'une institutrice, régulièrement gronder les intervenants, et doit faire preuve de déduction lorsqu'ils présentent des preuves accompagnées d'explications surperflues. » explique de son côté Reuters.
L'ambiance explosive à San José risque de durer encore un moment, puisqu'à l'heure actuelle, Samsung n'a même pas encore commencé à se défendre concrètement.