« Apple n'a pas le monopole des terminaux aux bords arrondis » clament souvent les représentants de Samsung lorsqu'il s'agit de mettre en avant les attaques de la firme de Cupertino en matière de design. Le monopole, peut-être pas, mais Apple détient désormais un brevet lié au design original de l'iPad, qui met particulièrement en avant ces fameux coins arrondis.
On aurait pu croire qu'Apple disposait déjà d'un tel brevet, mais ce n'était pas tout à fait le cas jusqu'au 6 novembre dernier, date à laquelle le United States Patent and Trademark Office a validé le brevet D670 286 nommé « dispositif d'affichage portable » (PDF). Jusque-là, Apple ne disposait que d'un brevet, le D504 889 basé sur un concept plus général, déposé en mars 2004, et sans doute lié à un prototype de la firme. Le nouveau brevet montre une tablette fidèle à l'iPad, notamment en raison de son bouton Home.
Déposé en novembre 2010 pour une validation près de 2 ans plus tard, le brevet 286 pourrait potentiellement être intégré par Apple à ses attaques contre Samsung. Il faut rappeler que, par le passé et plus particulièrement dans le procès américain, le brevet de design 889 n'a pas totalement servi à Apple, puisque le jury populaire a décrété que la tablette Galaxy Tab 10.1 ne le violait pas. Résultat des courses : le terminal de Samsung, à l'époque interdit à la vente aux USA, a vu son injonction levée récemment.
Mais les dessins présents dans le nouveau brevet d'Apple ne concernent pas uniquement l'iPad : en se penchant sur le document et sur les visuels, on remarque de très nombreux éléments en pointillés. Le brevet souligne alors que « les pointillés sur les dessins montrent des parties du dispositif d'affichage portable qui ne forment pas les parties revendiquées du modèle. » En somme, seules les lignes claires comptent : et une fois les lignes en pointillés enlevées, il ne reste finalement qu'un rectangle aux bords arrondis.
Un brevet trop général... ou trop précis ?
Pour les observateurs, ce nouveau brevet pourrait ne pas pouvoir être exploité par Apple, en raison d'une désignation trop générale, puisqu'il ne s'agit que d'un contour, en somme. « Ce brevet ne donne aucun nouvel avantage à Apple, dans la mesure où personne ne va tenter de commercialiser un sosie de l'iPad aujourd'hui » a expliqué Lea Shaver, un professeur juridique de l'université de McKinney, à Wired. Outre la dimension générale du brevet, ce dernier met également en avant une liste de terminaux de comparaison qui sont, pour la plupart, antérieur à l'iPad sorti en 2010 : il sera donc sans doute difficile pour Apple de faire jouer la primeur d'un design déjà présent auparavant chez Sony, LG ou HP.
D'un autre côté, pour Lea Shaver, il sera également difficile pour Apple d'exploiter ce brevet puisque le design présenté est aux proportions de la tablette d'Apple. « La tablette Galaxy est très différemment proportionnée dans sa longueur et sa largeur, si on la compare à l'iPad » explique-t-elle. En somme, ce nouveau brevet ne devrait pas changer la donne dans l'affaire opposant Samsung à Apple, mais pourrait être cité dans d'autres dossiers, pour le meilleur ou pour le pire.