Le ministère américain de la justice compte attaquer Google pour l'empêcher de racheter le gestionnaire de vols aériens ITA Software. Il compte faire jouer les lois anti-monopole pour contrer une concentration qui inquiète de nombreuses agences de voyage en ligne.
L'acquisition, d'un montant de 700 millions de dollars, pourrait donc être bloquée. Pour rappel, l'intervention du ministère de la justice fait suite à la grogne des comparateurs de prix des billets d'avions américains. Ils estiment qu'en détenant le logiciel de gestion des réservations utilisé par toute l'industrie, Google mettrait en péril la concurrence dans leur secteur.
Fairsearch.org, le nom du collectif monté par des sites comme Kayak.com, TripAdvisor ou Expedia (entre autres), avait donc porté plainte devant le ministère de la justice. Le rachat d'ITA Software a pourtant été accepté par les deux parties dès juillet dernier, mais l'affaire semble de moins en moins bien engagée.
Mais du côté de Google, on assure qu'on est prêt en cas d'attaque du ministère. Le mois dernier, le géant de l'Internet a invoqué une loi fédérale pour obliger le gouvernement à décider dans les 30 jours s'il comptait s'emparer du cas ou non. Dommages collatéraux : les avocats du ministère ont planché sur le sujet plutôt que de prendre des vacances d'hiver.
« Il est possible que Google ait fait ça parce que les choses n'avançaient pas, » explique un professeur de droit de l'Université Howard de Washington, Andrew Gavil. L'entreprise aurait donc souhaité forcer la main du ministère, en prenant le risque de voir la situation se retourner contre elle. « D'un point de vue commercial, cela peut être très difficile » de gérer une acquisition en cas d'enquête.
Google n'a pas peur - il bluffe ? - et explique qu'il continuera à « coopérer avec le ministère de la justice, et nous sommes très confants quant à la capacité de cette acquisition à accroître la concurrence. » Le porte-parole de Google a reçu le soutien d'Eric Schmidt, son PDG, qui veut aussi y croire : « Nous sommes confiants que, parce que la recherche de voyage est un domaine unique, l'acquisition serait en faveur de la concurrence et du consommateur. »
Cela dépendra désormais des tribunaux et du ministère. Celui-ci se prépare à la bataille juridique, tout en refusant de confirmer qu'il compte attaquer en justice.