Pour le parti républicain, cela ne fait pas de doute : s'ils reçoivent moins de dons de campagne qu'avant, c'est la faute à Google.
Pour le parti d'opposition à Joe Biden, Google a délibérément marqué de nombreuses campagnes d'appels aux dons comme des spams uniquement pour des raisons politiques, résultant en une baisse des donations. Ce n'est pas la première fois que Google est accusé d'instrumentaliser ses spams. Mais un tribunal fédéral américain a tranché : Google était dans son bon droit, et ne devra pas rembourser les donations exigées par le parti républicain.
Les termes du procès
En octobre dernier, le comité national du parti républicain dépose une plainte contre l'entité californienne de Google. Pour le parti conservateur, le géant des nouvelles technologies a volontairement choisi d'envoyer « des millions » de campagnes d'appels aux dons que ses membres avaient créées directement dans les spams de leurs destinataires dotés d'une adresse Gmail.
Selon les termes de la plainte, « approximativement au même moment à la fin de chaque mois, Google envoie dans les spams presque tous les mails du comité national républicain […] De manière critique et suspecte, c'est en fin de mois que nous levons le plus de dons ». Pour appuyer leurs propos, les plaignants citent une étude, qui a pourtant été désavouée par certains de ses auteurs, qui démontre effectivement que les services de Google sont plus susceptibles de marquer les campagnes de mailing des républicains comme spams que d'autres services similaires comme Yahoo.
S'il n'est probablement pas faux de considérer que Google est plus proche du parti démocrate que du parti républicain, il ne s'agit pas non plus de son bras armé.
Veillant avant tout à ses intérêts, l'entreprise a d'ailleurs fait plusieurs concessions aux républicains quand ceux-ci présentaient des projets de loi qui pourraient avoir une influence négative sur ses activités, comme l'improbable proposition d'interdire d'utiliser les algorithmes pour marquer des campagnes de mailing comme spam.
Ainsi, Google a créé un outil spécifiquement dans ce but, permettant aux organisations politiques d'éviter d'être considérées comme spams. Outil que les républicains n'ont pas utilisé, préférant aller au tribunal.
Le tribunal a tranché : Google est dans son droit
Mais le procès n'aura pas lieu. Le juge Daniel Calabretta a en effet estimé que le parti républicain n'avait pas réussi à appuyer ses accusations de façon suffisamment crédible.
Si le fait que des campagnes d'appels aux dons des républicains ont effectivement atterri dans les spams des boîtes Gmail, Calabretta explique que rien ne prouve dans le dossier d'accusation que cela ait été fait de manière délibérée. Gifle supplémentaire, le juge a également considéré que les campagnes de mailing concernées pouvaient, au minimum, être considérées comme suspectes, et que Google était par conséquent dans son bon droit. Enfin, la loi américaine est assez indulgente avec les services de boîtes mail, qui sont généralement exempts de toute responsabilité dans pareil cas. Pour une fois, Google échappe donc au procès.
Cependant, le juge Calabretta a noté que le parti républicain était libre de tenter un nouveau procès s'il présentait un dossier plus solide et de vraies preuves que Google n'a pas agi de bonne foi.
Source : Engadget (1), Engadget (2), The Washington Post