Un nouveau volet judiciaire s'est ouvert la semaine dernière dans l'affaire qui a suivi le rachat d'Autonomy par Hewlett Packard. Des actionnaires du géant américain ont intenté à son encontre une action collective devant un tribunal californien et lui réclament un milliard de dollars. Parmi les huit accusés figurent des grands noms, tels que Meg Whitman, directeur général de Hewlett-Packard, Léo Apotheker, son prédécesseur, Ray Lane, ancien président de l'entreprise ainsi que Mike Lynch, le fondateur d'Autonomy.
De multiples griefs ont été relevés par les actionnaires, qui estiment avoir été lésés et considèrent que les dirigeants de HP disposaient des éléments pour ne pas conclure la transaction.
Rappelons que Hewlett-Packard avait acheté Autonomy, un éditeur de logiciels britannique, moyennant 11,7 milliards de dollars. En novembre 2012, plus d'un an après la transaction, HP révélait dans un communiqué que celle-ci avait été surévaluée et une provision sur les charges liées au rachat, de 8,8 milliards de dollars, a finalement dû être inscrite dans les comptes.
Les actionnaires reprochent à HP d'avoir fait preuve de très larges négligences dans l'encadrement de la transaction. Léo Apothecker, ancien directeur général de la société, aurait ainsi été poussé à conclure le rachat « par des auditeurs, des banquiers de Wall Street et autres conseillers », rapporte The Guardian, qui a eu accès au dossier. Ils auraient, pour leur expertise, été rémunérés 100 millions de dollars.
Mike Lynch, lui, est soupçonné par les actionnaires d'avoir surévalué les performances de sa société pour conclure le rachat. Des accusations niées en bloc par le principal intéressé.
Les investisseurs affirment que HP cherchait, à leur insu, à retirer son offre avant la date limite, fixée au 3 octobre 2011. À l'époque, ajoutent les plaignants, Meg Whitman remplace Léo Apotheker et devait donc être au courant des pratiques douteuses qui se cachaient derrière les comptes d'Autonomy, ne serait-ce que par voie de presse.
Alors que le conseil d'administration avait été informé des irrégularités mises en oeuvre par Autonomy, Ray Lane, l'ancien président de Hewlett Packard, Meg Whitman et le directeur des finances de la société auraient finalement décidé de régler cette affaire en interne.
HP aurait tenté de revendre Autonomy le mois dernier
Lundi, The Times of London affirmait que Hewlett-Packard avait tenté de se délester d'Autonomy en proposant à l'éditeur de logiciels allemand SAP de racheter son homologue britannique. Une proposition qui lui aurait été formulée le mois dernier. Ces affirmations peuvent être jugées crédibles, puisqu'elles émanent ni plus ni moins du co-directeur exécutif de SAP, Bill McDermott.
« Nous étions conscients qu'Autonomy était un temps sur le marché mais nous ne nous y sommes jamais vraiment intéressé », a fait savoir le dirigeant.
Pour pimenter encore un peu plus le feuilleton, il faut rappeler que Léo Apotheker, avant de rejoindre HP, était le dirigeant de SAP. L'allemand n'aurait finalement pas souhaité engager les discussions avec Hewlett-Packard.
L'américain, de son côté, inverse l'ordre des événements. L'un de ses porte-paroles déclarant que SAP avait pris l'initiative de contacter la société pour envisager un rachat d'Autonomy. Mais HP n'aurait selon lui « aucun intérêt à se séparer d'Autonomy ».