Les États-Unis ont mené ces derniers mois une large campagne visant à discréditer Huawei, qui vient d'accoucher, à tort ou à raison, sur une plainte pénale officielle à l'encontre du géant chinois.
L'issue était inéluctable. Lundi, les États-Unis ont de manière très officielle annoncé avoir déposé une plainte au pénal contre Huawei, nourrie de pas moins de treize chefs d'inculpation. Sont ciblées la société Huawei, mais aussi deux de ses filiales, parmi lesquelles Skycom, basé à Hong Kong, ainsi que Meng Wanzhou, la désormais célèbre directrice financière de la firme de Shenzhen et fille de son fondateur, toujours retenue au Canada.
Les USA imposent un ultimatum au Canada pour l'extradition de Meng
Un jury fédéral de Brooklyn, à New York, accuse Huawei et Meng Wanzhou de blanchiment d'argent, de fraude bancaire et de complot. Un second acte d'accusation, provenant de l'État de Washington, accuse Huawei, sa filiale Skycom et Meng Wanzhou d'avoir volé des secrets commerciaux de la société de télécommunications T-Mobile, très présente aux États-Unis. L'affaire initiale, démarrée en 2014 et déjà portée devant la justice, avait vu Huawei verser 4,8 millions de dollars à la filiale de Deutsche Telekom, qui lui reprochait d'avoir photographié et tenté de voler des pièces d'un dispositif de test robotique pour smartphone.Au sujet de Meng Wanzhou, les USA ont officiellement déposé une demande d'extradition, dont la date butoir a été fixée au 30 janvier 2019. La dirigeante, qui porte un bracelet électronique, est dans l'attente de sa comparution devant un juge canadien.
Huawei nuirait à la sécurité nationale (mais pas que) des États-Unis
Dans cette affaire assez surréaliste, qui fragilise plus que jamais la relation sino-américaine, l'entreprise Huawei est littéralement acculée de tous les côtés outre-Atlantique. Le procureur général par intérim des États-Unis, Matthew Whitaker, affirme que la société « s'est présentée sous une fausse image au fil des ans ». Lors d'une conférence de presse à laquelle participaient le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, le secrétaire du département de la Sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen, et le directeur du FBI, Christopher Wray, il a déclaré que « les criminels et les mauvais acteurs peuvent être certains qu'ils ne s'en tireront pas ». Ambiance.Nielsen, lui, estime que le comportement de Huawei n'était « pas simplement illégal, mais nuisant également à la sécurité nationale des États-Unis », qui ne comptent pas tolérer « un régime qui soutient le terrorisme ». Wray, patron du FBI, considèrent que les deux séries de plaintes (déposées à New York et dans l'État de Washington), mettent en évidence « les actions éhontées et permanentes de Huawei ayant pour but non seulement d'abuser d'entreprises et d'institutions financières américaines, mais aussi de menacer la libre et loyale concurrence internationale ».
Huawei nie les accusations portées à l'encontre de la société
De son côté, la Chine a réagi par l'intermédiaire du ministère de l'industrie et des Technologies de l'information, qui qualifie ces plaintes de « malhonnêtes et immorales ». Sur les médias sociaux, Huawei se dit « déçu d'apprendre les accusations portées contre la société ».L'entreprise affirme avoir demandé aux autorités américaines de discuter, mais ces dernières auraient refusé sans explication. Et la firme d'ajouter : « La société nie qu'elle ou sa filiale ou affiliée ont commis l'une des violations alléguées de la loi américaine énoncées dans chacun des actes d'accusation, et n'est pas au courant de quelconque actes répréhensibles commis par madame Meng ».