Des membres du renseignement et du gouvernement allemand, ainsi que des représentants de l'opposition roumaine, cherchent à faire interdire l'équipementier Huawei des réseaux 5G des deux pays.
Alors que l'on aurait pu croire que la tendance allait s'inverser pour Huawei, avec notamment l'inauguration de son troisième centre européen de cybersécurité, la firme de Shenzhen subit toujours des déconvenues à mesure que les semaines passent. En Allemagne, comme en Roumanie, l'opposition contre la société chinoise gronde.
Écarter Huawei de la 5G allemande pourrait coûter des milliards d'euros au pays
En Allemagne, c'est la frange radicale du gouvernement d'Angela Merkel qui se bat pour empêcher le pays d'intégrer les équipements Huawei dans son réseau sans fil 5G. Les ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères soutiennent la fronde de responsables du renseignement et spécialistes de la cybersécurité, qui soupçonnent Huawei d'espionnage pour le compte de Pékin.Ces derniers militent pour l'instauration de critères stricts imposés aux équipementiers, alors que l'Allemagne s'apprête à lancer ses enchères 5G dans les prochaines semaines. Les détracteurs allemands de Huawei font face notamment au ministère de l'Économie du pays, qui redoute que la marginalisation de Huawei ne retarde le déploiement de la 5G de plusieurs années et coûte plusieurs milliards d'euros au pays. Le gouvernement ne peut juridiquement pas écarter Huawei, et de toute façon, peut-il se le permettre ?
La Roumanie considère que Huawei ne fournit pas assez d'efforts
Du côté de la Roumanie, c'est le principal parti d'opposition qui s'en mêle. Celui-ci a l'intention d'ouvrir une enquête publique sur la contribution de Huawei aux infrastructures locales pour tenter de le barrer du développement de la 5G dans le pays. Les préoccupations sont évidemment toujours les mêmes : la crainte d'un espionnage servant les intérêts des dirigeants chinois.Pourquoi s'attarder sur la Roumanie, nous demanderez-vous ? Le pays dirigé Klaus Iohannis est ô combien stratégique pour les États-Unis (initiateurs de la fronde anti-Huawei), qui ont installé sur le sol roumain un boucler antimissile à 800 millions de dollars en 2016, pour contrarier la Russie. Pavel Popescu, Représentant du Parti libéral national (PNL), la deuxième force politique du pays à la fois au Sénat et à la Chambre des députés, considère qu'il est « absolument urgent de bloquer toute transaction, contrat, appel d'offres public avec la société chinoise ». Huawei n'aurait pas participé, selon le PNL, à la construction de diverses infrastructures nationales.