Une taxe GAFA "très juste", "fléau" du porno sur Internet : Mounir Mahjoubi s'exprime

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 25 mars 2019 à 23h51
mounir mahjoubi

Le secrétaire d'État au numérique a salué le courage de Bruno Le Maire au sujet de la taxe Gafa et proposé des pistes pour lutter contre l'accès des mineurs à la pornographie, ce lundi sur BFM TV et RMC.

Mounir Mahjoubi était l'invité de Bourdin Direct ce lundi 25 mars 2019. Le secrétaire d'État chargé du numérique, toujours très actif, a abordé plusieurs points centraux avec le journaliste. Sur BFM TV et RMC, il a notamment rappelé l'importance d'une taxation des géants du numérique et expliqué que la France était en train de pousser d'autres pays à suivre son exemple. Il a également proposé ses solutions sur les conditions d'accessibilité aux contenus pornographiques sur Internet.

« Cette taxe, pour eux, c'est la bombe atomique »

Au sujet de la taxe Gafa, Mounir Mahjoubi a rappelé qu'une bonne taxe est celle qui taxe la valeur, tout en indiquant que le problème, avec les géants du numérique, est que cette valeur est incalculable du fait de l'absence d'accords internationaux pour la déterminer. Selon le secrétaire d'État, cette taxation sur le chiffre d'affaires et la solution la plus incommodante pour les grandes entreprises concernées. « Cette taxe, pour eux, c'est la bombe atomique. Ils ont tout fait, en lobbying, pour empêcher qu'elle existe », a-t-il lancé à Jean-Jacques Bourdin.

« J'ai un bon indicateur. Avant cela, personne ne voulait négocier à l'OCDE ni au niveau européen. Depuis que Bruno Le Maire et le président de la République ont eu le courage d'avancer sur ce sujet, tout le monde vient négocier, tout le monde veut être là. Cette taxe est très bonne et très juste », a également affirmé Mounir Mahjoubi.

La taxe Gafa, déposée récemment en Conseil des ministres, devrait concerner près d'une trentaine d'entreprises, dont plusieurs sont françaises. Elle doit toucher les entreprises mondiales sur le numérique dont le chiffre d'affaires est supérieur à 750 millions d'euros par an, dont 25 millions rien qu'en France, et taxe ce chiffre d'affaires à hauteur de 3 %.


L'idée de passer par un tiers de confiance pour contrôler l'identité des internautes visitant un site porno

Sur le dossier de la pornographie, Mounir Mahjoubi a rappelé que ses services ont lancé un benchmark et analysé depuis un an les possibilités à la fois législatives et techniques pour bloquer l'accès aux sites diffusant du contenu pornographique pour les mineurs. « C'est un fléau », a rappelé le secrétaire d'État. « Dans les cours de récréation, les professeurs et proviseurs attrapent des élèves qui regardent du porno sur leur smartphone. Qu'est-ce que ça fait dans leur développement psychologique ? Des choses terribles », regrette-t-il.

Quant aux solutions, Mounir Mahjoubi propose celle de contrôler l'âge avant d'arriver sur une plateforme en passant par un tiers de confiance, qui ne communiquerait pas votre identité au site pornographique, en montrant au préalable sa pièce d'identité. La solution de la preuve de son identité via la carte de paiement est aussi envisagée, déjà privilégiée hors de France. Mais celle-ci exclurait de fait des utilisateurs. D'autres pays utilisent le système de la carte à gratter à acheter chez un buraliste, « mais je ne crois pas que ce soit la solution la plus facile », a indiqué Mounir Mahjoubi.

Le secrétaire d'État veut désormais réunir les associations de protection de l'enfance, les professionnels du secteur pour discuter des mesures à adopter. Et « il n'y a pas forcément besoin d'un texte de loi », indique-t-il.


Mahjoubi pointe du doigt Amazon et vante l'engagement de ses concurrents

Après plusieurs mois de travail, Mounir Mahjoubi a annoncé la mise en place d'une charte de bonnes pratiques à destination des grandes marketplaces, pour protéger et respecter les PME et TPE. « Certaines se font déréférencer et voient leur prix sur les plateformes augmenter », regrette-t-il, ce qui entraîne des dérèglements graves pour ces entreprises qui perdent parfois la totalité de leur chiffre d'affaires numérique.

À ce sujet, le secrétaire d'État a salué l'engagement pris par Le Bon Coin, Fnac-Darty, CDiscount, Ebay, Rakuten, et fustigé Amazon, qui pour l'instant s'en tient loin. D'ailleurs, le géant du e-commerce a tenu à nous écrire pour nous livrer sa réponse suite aux propos tenus par Mounir Mahjoubi : "Amazon a décidé de ne pas signer la charte à ce stade car nous sommes convaincus que nos outils et procédures, qui se sont révélés depuis plus de 15 ans rapides et efficaces dans la résolution d'incidents, doivent rester le canal de communication privilégié des entreprises françaises. Nous prenons cette responsabilité très au sérieux et invitons les entrepreneurs à soumettre tout problème rencontré, 24h/24 et 7 jours /7 par mail, téléphone ou chat afin que ce dernier soit étudié par une équipe dédiée. Nous prenons en considération et traitons l'ensemble des cas qui nous sont remontés par des tiers, y compris ceux signalés par la médiation qui ne représentent aujourd'hui qu'un nombre très limité de cas (0.25%) sur l'ensemble des 10 000 TPE et PME françaises présentes sur Amazon.fr. Nous accordons beaucoup d'importance à la relation de confiance que nous avons développée avec les entreprises françaises qui s'appuient sur Amazon pour développer leur activité en France et à l'international et continuerons à nous investir durablement pour les aider à réussir."



Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Biggs

« Dans les cours de récréation, les professeurs et proviseurs attrapent des élèves qui regardent du porno sur leur smartphone. Qu’est-ce que ça fait dans leur développement psychologique ? Des choses terribles »

On parle de gamins qui ont 15 ans au bas mot, (« proviseurs » = lycée, et en collège il y a une loi qui interdit depuis 2018 l’usage des téléphones dans l’enceinte de l’établissement), c’est plus des bébés non plus. Si le seul visionnage de vidéos pornos peut causer des « choses terribles » à leur développement psychologique, j’ose pas imaginer ce qu’il adviendra d’eux lorsqu’ils seront confrontés à des trucs vraiment hard au cours de leur existence.

michel43

Il y a une chose qui me surprend, si un commerçant, affiche du porno dans sa vitrine, les Condés ferment la boutique dans les heures qui suivent.

Pourquoi une boîte étrangère peut faire de même, mais sur un autre support, sans qu’elle soit interdite de commerce et amende à l’appui.

Comme pour la boutique, on ne trie pas ceux qui peuvent voire, donc on peut penser qu’il y a laxisme lorsqu’il s’agit de gros sous.

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