Intitulée « Piratage et revenus des films : les constats tirés de Megaupload », l'étude réalisée par des chercheurs allemands et norvégiens a consisté à analyser les données hebdomadaires de 1344 dans 49 pays, sur la période allant de 2007 à 2012. Les analystes ont utilisé les données présentes sur le site Box Office Mojo pour en tirer leurs conclusions.
Et le constat réalisé par l'étude s'avère intéressant : « La fermeture de Megaupload a eu un effet négatif sur les recettes du box-office, hormis dans certains cas où l'effet été négligeable » explique le document (PDF). Concrètement, l'étude démontre que l'ensemble des revenus du box-office a baissé depuis la fermeture de Megaupload, et ce dans différents pays du globe où la popularité d'Internet, l'inflation ou encore la popularité du défunt service sont variables.
Pour les chercheurs, la situation peut s'expliquer par la disparition d'un bouche-à-oreille important pour certains types de films. Les pirates sont susceptibles de parler de films à des amis qui, eux, vont se rendre au cinéma et payant leur billet. La disparition de Megaupload aurait freiné cette attitude. Les chercheurs parlent alors d'un « effet de réseau (social) où le partage de fichiers agit comme un mécanisme pour diffuser des informations venant de personnes qui ont une volonté faible ou nulle de payer, envers des personnes qui ont une grande volonté de payer. » Moins de possibilité de piratage entraînerait moins de bouche-à-oreille, moins de promotion et donc moins d'entrées en salles.
L'étude conclut en évoquant les films les plus touchés par la situation, à savoir les films « avec un public restreint ». Le cinéma d'auteur est plus touché que les blockbusters hollywoodiens diffusés sur plus de 500 écrans... et donc, ceux qui bénéficient d'une plus grosse promotion auprès des médias, et qui sont le moins à même de souffrir du manque de bouche-à-oreille. CQFD.
Les majors d'Hollywood et autres ayants droit qui, rapidement après la fermeture de Megaupload en janvier 2012, ont salué l'initiative du FBI, ont peut-être tiré leurs conclusions trop rapidement. Rappelons également que de nombreuses études mettent depuis longtemps en avant le fait que les pirates font partie des plus grands consommateurs de biens culturels, que ce soit dans le domaine du cinéma, du livre ou encore de la musique.