L'Institut Montaigne indique dans une étude que près de 72 % des députés de l'Assemblée nationale ne sont pas franchement des lumières s'agissant des enjeux du numérique.
Vous vous êtes peut-être demandé ces dernières années ou ces derniers mois, si les députés élus par le peuple possédaient des compétences numériques, indispensables aujourd'hui pour faire face aux enjeux actuels et, surtout, prendre à bras-le-corps ceux de demain. L'Institut Montaigne a publié le 27 novembre les résultats d'une étude des compétences digitales des députés français qui ont rejoint l'Assemblé nationale le 18 juin 2017 à l'issue des élections législatives, soit 577 personnes. Et 71,75 % d'entre eux sont considérés comme « non-experts » des questions numériques.
Sur 577 députés, seuls 31 sont des « experts » de la question numérique
Malgré le rajeunissement de la moyenne d'âge des députés (48 ans, parmi lesquels 39 députés âgés de moins de 30 ans, soit 10 fois plus par rapport à la précédente législature), force est de constater que peu d'élus maîtrisent les enjeux du numérique. À ce niveau-là, le parti très largement majoritaire est celui des « non-experts ». Il est composé de 414 députés, soit 71,75 % des membres de l'hémicycle. 73 députés (12,65 %) possèdent des notions du numérique et sont considérés comme des « amateurs », 59 (10,23 %) sont vus comme des « connaisseurs » et 31 (5,37 %) comme des « experts ».Au sein de la majorité (La République en Marche), seuls 19 des 308 députés (6,17 %) sont considérés comme des experts. Le groupe le mieux représenté est celui de l'UDI, d'Agir et des Indépendants (7,14 %), avec 2 experts pour 28 députés, mais les proportions sont difficilement comparables.
Maîtriser les réseaux sociaux ne suffit pas pour être crédible
Paula Forteza, députée LREM, qui a commenté ce rapport avec Gilles Babinet, expert de l'Institut Montaigne, estime que maîtriser les « codes » du numérique (comme les réseaux sociaux) ne suffit plus aujourd'hui pour les députés. Elle estime que « le numérique, c'est aussi - et surtout - les infrastructures, l'équipement du territoire en haut débit, la neutralité du net, mais aussi la diversité des usages ou encore un secteur économique à part entière ».Gilles Babinet, de son côté, reconnaît tout de même que les résultats sont en nette amélioration par rapport à sa précédente enquête, menée en 2015, où il avait identifié seulement 13 experts du numérique. Pour autant, il s'inquiète du retard qu'a pris la France au niveau de sa numérisation, rappelant justement que le pays ne pointe qu'à la 18e place (sur 27) au classement de la digitalisation des nations de l'Union européenne. Gilles Babinet souligne l'absence de compétences que l'on retrouve à tous niveaux, à l'Assemblée nationale certes, mais aussi au sein de la haute administration, où la situation reste préoccupante.
Un mot sur la méthodologie mise en place pour mener cette étude. L'Institut Montaigne a utilisé un système de barème reposant sur divers critères comme le rapport d'un projet de loi, la participation à un travail parlementaire, la diversité des sujets traités, le nombre d'années dans le numérique, l'expérience liée au numérique et un bonus si le député possède un diplôme rattaché au domaine.
Source : Les Échos