Avec un renforcement de l'arsenal répressif, les autorités pourront infliger de lourdes amendes aux médias accusés de diffuser des fake news sur la toile en Russie, et à celles ou ceux qui crient trop violemment leur opposition au Kremlin.
Le président russe Vladimir Poutine a signé il y a quelques jours deux projets de loi distincts qui vont lui permettre de renforcer son contrôle sur l'Internet du pays. Dessinée autour de la censure, la première loi punit les fausses informations, tandis que la seconde réprimande les insultes prononcées à l'encontre de fonctionnaires. Pour les représentants des droits de l'Homme, les deux textes vont affaiblir l'opposition au gouvernement, autant politique que médiatique.
Le gendarme russe des médias voit son pouvoir se renforcer
Si certains y voient un moyen d'éviter tout débordement en Russie, d'autres crient au scandale et à un renforcement inquiétant de la répression. Dans les faits, la première loi signée par Vladimir Poutine vient sanctionner les « fausses informations qui prennent de l'importance dans la société », qui constituent une « menace pour la sécurité » des individus ou de l'État même, ou bien qui peuvent causer des « troubles massifs ».Ce texte sera désormais étudié par les procureurs qui auront le pouvoir de déterminer ce qui constitue une fausse information à leur sens. Ensuite, ils pourront transmettre au Roskomnadzor la requête. Le gendarme russe des médias aura alors tout pouvoir d'exiger sa suppression. Pour chaque contenu, la loi prévoit une amende pouvant atteindre 1,5 million de roubles, soit 20 500 euros.
La seconde loi, punit les offenses aux symboles de l'État et permet au Roskomnadzor de bloquer les contenus qui seraient considérés comme irrespectueux envers les autorités. Outre l'amende, qui peut atteindre les 300 000 roubles, soit 4 100 euros, le texte peut ajouter jusqu'à 15 jours de prison à la sanction pour les récidivistes.
Une dissuasion pour toute opposition
Si, comme le rapporte Ars Technica, « la liberté d'Internet n'avait encore pas été soumise à des contraintes majeures de la part de la Russie », aujourd'hui, le pouvoir s'offre légalement la possibilité de déclarer des contenus comme inacceptables, et une application abusive d'un tel arsenal répressif pourrait dissuader certains individus de faire part de leur protestation envers l'État en public.Ces mesures sont aussi une suite logique de la volonté du Kremlin d'encadrer l'Internet national, comme en témoigne le blocage de plateformes comme LinkedIn, Dailymotion ou Telegram. La Russie étudie toujours son plan d'indépendance du Net, qui soutient un Internet souverain.