La Russie de Vladimir Poutine songe désormais officiellement à la création d'un « Internet russe indépendant », nous apprend CNN. Au travers d'un projet de loi avalisé cette semaine par le président russe, la Russie pourrait prochainement basculer sur un réseau national, censé fonctionner le cas échéant en autarcie. Ce projet va dans le sens du verrouillage de plus en plus prononcé d'Internet par les autorités russes.
La Russie passera-t-elle le cap de couper son Internet du reste du monde ? C'est la question qui se pose aujourd'hui à la vue de documents publiés sur un portail officiel du gouvernement russe. Pour CNN, ce projet n'en est pour l'heure qu'à un stade théorique, bien que quelques détails concrets aient tout de même été dévoilés par le Kremlin, puis relayés par l'agence de presse étatique RIA-Novosti. Ce projet devrait prendre effet à compter de novembre prochain pour créer ce que Moscou décrit comme un Internet local « durable, sécurisé et pleinement fonctionnel ».
Un réseau indépendant, supervisé par le Roskomnadzor
D'après l'organe de presse, le texte de loi signé par Vladimir Poutine appelle à la création d'un centre de management et de surveillance du Net, placé sous la direction du Roskomnadzor (Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l'information et des médias de masse, selon son intitulé complet). Cette agence d'État serait chargée d'assurer la disponibilité des services de communication sur le sol Russe « en cas de situations exceptionnelles », note CNN.Ce genre de contexte conférerait notamment au Roskomnadzor la pleine autorité pour couper le trafic externe, générant ainsi un Internet russe fonctionnant en circuit fermé. Parallèlement, la RIA-Novosti précise que les informations provenant de services d'État ou d'entreprises appartenant à l'État russe seraient protégées par un système de cryptage.
Vers un Internet russe calqué sur le modèle chinois ?
Cet ensemble de mesures n'est pas sans évoquer le pare-feu mis en place à l'échelle nationale par le gouvernement chinois, lui aussi très tatillon quant à la liberté de ses administrés sur le web. Si la Russie devait suivre ce modèle, le Kremlin pourrait alors contrôler ce qui entre et sort du pays via Internet : un moyen rêvé de s'adonner à une censure généralisée.Comme le rappelle CNN, la juridiction russe se renforce peu à peu, au point d'avoir désormais les moyens de repérer et d'emprisonner les individus se montrant, sur le Net, trop critiques à l'égard des autorités. Cette pression s'exerce aussi sur certains services développés en Russie, comme l'application de messagerie cryptée Telegram, bannie l'année dernière.