Longtemps considéré comme indéboulonnable, Intel vacille. Un vacillement que l'on doit à l'explosion des smartphones et tablettes, des périphériques qui sont animés par des puces à architecture ARM. ARM, cette petite entreprise britannique autrefois méconnue, est devenue incontournable. Son portefeuille de brevets, et l'architecture qu'elle a développée, animaient au début des années 2000, au mieux des routeurs et des cartes contrôleurs spécifiques. Avec un business model bien différent d'Intel, où ARM ne dispose d'aucune usine et ne fait que proposer sous licence son architecture à tout partenaire, la société anglaise a finalement déstabilisé Intel.
L'Atom ne sera pas le maître du monde
Pourtant Intel disposait d'une licence ARM et même d'une division toute entière dédiée à la cause et qui concevait à une époque les meilleures puces ARM : c'était le temps des Pocket PC et des puces Xscale. Une division bradée du jour au lendemain à Marvell sous prétexte de faire de l'Atom la puce mobile entrée de gamme de référence. Un choix que nous expliquait en interview Justin Rattner ancien CTO, Chief Technology Officer d'Intel. Force est de constater que l'Atom ne domine pas le monde et qu'ARM est... partout sauf peut-être dans nos PC.Une stratégie qui repose sur 5 piliers
Brian Kzranich réajuste la stratégie d'Intel pour que la marque ne soit plus une marque PC, mais bien au coeur du cloud et des « milliards de périphériques informatiques connectés et intelligents ». C'est ce qu'écrit Brian Kzranich, l'actuel CEO d'Intel dans un billet de blog. Ainsi selon la nouvelle tête pensante d'Intel, le groupe pourra s'appuyer sur cinq piliers pour son avenir :- Le cloud qui est une tendance qui va définir le monde intelligent et connecté de demain, et donc l'avenir d'Intel,
- L'ensemble des choses qui font le business des PC et l'Internet des objets a bien plus de valeur par sa connexion au cloud,
- La mémoire et les puces programmables de type FPGA seront au coeur de nouvelles classes de produits pour les centres de données et l'Internet des objets,
- La 5G sera la technologie clé pour accéder au cloud,
- La loi de Moore continuera de progresser et Intel demeurera le leader lorsqu'il s'agit d'en tirer l'impact économique
Internet des objets ou tout ce qui se connecte au cloud
Brian Krzanich voit dans ces 5 croyances, un cercle vertueux. Il développe ainsi sa vision, qui est maintenant celle d'Intel, tentant de rendre plus précis ce qui reste généralement assez nébuleux lorsqu'on parle d'Internet des objets. Ainsi l'Internet des objets désignerait finalement tout objet connecté au cloud et que « chaque chose qu'un objet fait peut être capturée comme un morceau de donnée, mesurée en temps réel et accessible de partout (...) Cela regroupe presque tout dans nos vies des chaussures aux vêtements, des maisons aux voitures. Chez Intel, on se concentrera sur les voitures autonomes, l'industrie et le commerce de détail comme nos principaux vecteurs de croissance pour l'Internet des objets. De manière similaire nous voyons notre coeur de métier, les PC et mobiles, comme l'une des variations des choses connectées ».Brian Krzanich, CEO d'Intel
Cap sur la mémoire et la 5G
Le dirigeant illustre son propos sur la mémoire et les solutions programmables en évoquant 3D XPoint, sa nouvelle technologie de mémoire notamment pour les supports de stockage ainsi que les avancées en termes de silicon photonique (on en parle tout de même depuis 2006 chez Intel (voir Le premier laser silicium hybride chez Intel). Au chapitre de la connectivité, Intel met l'accent sur la 5G, la prochaine transition en matière de technologie radio, un domaine où Intel devrait être leader puisqu'il fournira des systèmes 5G complets.La loi de Moore toujours dans l'argumentaire
Enfin, Brian nous ressert de manière un peu inattendue la loi de Moore. Cette dernière, qui date de 1965 et a connu plusieurs variations, précise que la densité de transistors au sein d'un circuit électronique double tous les 18 mois.Gordon Moore, cofondateur d'Intel et auteur de la loi qui porte son nom
Une loi dont beaucoup prédisent la fin à plus ou moins long terme, alors que les avancées en termes de processus de fabrication nous rapprochent toujours un peu plus des limitations des lois actuelles de la physique. Pour Krzanich, dans ses 34 ans de carrière, on lui a déjà prédit 3 ou 4 fois la fin de la loi de Moore. Pour autant, Brian écrit que le passage du 14 nm au 10 nm ainsi que les plans pour le 7 nm et le 5 nm sont la preuve que la loi de Moore est toujours vivante et intacte. Reste à savoir s'il s'agit d'auto-persuasion ou non vu que l'intéressé ne donne pas plus de détails... et ici seul l'avenir nous le dira.
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