Attendue de longue date, l'introduction de l'architecture x86 dans l'univers des téléphones intelligents sera une réalité en 2012 : voilà en substance la promesse formulée par Paul Otellini, patron d'Intel, dans son keynote du CES (voir CES 2012 : Intel arrive au coeur des smartphones et des tablettes). Pour éviter la déception suscitée par une annonce qui n'est pas immédiatement suivie de faits, le fondeur prend soin cette fois de joindre le geste à la parole. Nous avons donc pu découvrir, dans les travées du CES, les deux premiers périphériques illustrant l'arrivée de l'Atom dans le monde de la mobilité. Le premier est un smartphone Android 2.3 doté d'un écran de 4 pouces. Le second est une tablette signée Lenovo (K2110), d'une diagonale de 10,1 pouces et équipée cette fois d'Android 4.0 Ice Cream Sandwich.
« Notre téléphone ne chauffe pas, et il permet de profiter d'une autonomie de huit heures en communication, ou de six heures en navigation Web via la 3G », clament à qui veut l'entendre les démonstrateurs d'Intel. Ce premier reference design, non signé (mais provenant vraisemblablement de Lenovo), exécute la version 2.3.7 d'Android à l'aide d'un processeur Intel Atom Z2460 cadencé à 1,5 GHz. Simple coeur et gravé en 32 nanomètres, il profite de l'Hyper Threading, ce qui lui permet de se comporter comme un processeur double coeur. Il est ici associé au contrôleur graphique maison (Intel GMA), ainsi qu'au modem 3G maison, le XMM 6260.
Dans les faits, Android fonctionne ici comme un charme : l'interface est parfaitement fluide, les applications se lancent rapidement, et les démonstrations réalisées sous nos yeux témoignent de la capacité du processeur Medfield à traiter de la vidéo haute définition. Pour aller plus loin, Intel propose d'essayer la 3D avec un jeu, Modern Combat 2, qui là encore tourne impeccablement. Pris en main, le téléphone (bien entendu dépourvu de ventilateur) est chaud, mais pas excessivement au regard des conditions (salon, téléphone branché, en charge depuis des heures). Intel aurait-il enfin réussi à proposer une alternative x86 aux puces reposant sur l'architecture ARM ? Pas impossible, même si les promesses relatives à l'autonomie demandent à être vérifiées...
Second volet de la démonstration, avec une tablette 10,1 pouces signée Lenovo. Équipée d'Android 4.0 Ice Cream Sandwich, celle-ci fait appel au même processeur Atom... mais là, le système n'est pas d'une réactivité sans faille. « Nous utilisons l'une des premières versions d'Android 4.0, ici équipée d'une surcouche logicielle Lenovo qui n'a pas été optimisée pour notre architecture », tempère le démonstrateur. Voyant notre relative déception, celui-ci s'empresse de nous faire essayer une implémentation « optimisée » de l'application Body Browser de Google, qui cette fois donne entière satisfaction, avec une navigation fluide et une 3D irréprochable.
Si convaincantes que soient les prises en main, un point de détail chagrine. Sur le smartphone, on indique qu'on fait tourner une version « optimisée » pour x86 d'Android 2.3. Modern Combat 2 a lui aussi été optimisé, tout comme l'implémentation utilisée de Body Browser... et quand on sort du cadre de ces « optimisations », le résultat se révèle déjà moins convaincant.
Outre les promesses liées à la puce proprement dite (qu'on peut résumer pour l'essentiel par la question du ratio consommation électrique / performances), c'est là que réside l'un des enjeux de taille pour Intel : convaincre ou persuader les développeurs d'applications de développer des versions optimisées de leurs applications pour ses puces x86. A défaut, Medfield se trouverait limité aux logiciels conçus pour la machine virtuelle Java (Dalvik), ou à l'émulation des applications natives ARM, ce qui risquerait de ne pas délivrer l'expérience utilisateur promise lors de ce CES. L'annonce du partenariat passé avec Motorola autour de produits x86 mobiles se veut à ce sujet un fort appel du pied. Reste à savoir s'il sera entendu.