Depuis sa sélection en 2021 pour emmener les astronautes américains fouler la surface lunaire, le Starship a fait des progrès. Mais, à la mi-2023, il n'a pas encore atteint l'orbite (ni l'espace) et l'agence américaine s'inquiète : il y a peu de chances que SpaceX puisse mener ses missions lunaires d'ici 2025-26.
La NASA débourse plus de 4 milliards de dollars pour deux missions du véhicule.
Pas de calme sur la Starbase
Les semaines se succèdent et les travaux impressionnants se poursuivent sur la Starbase, le double site de production et d'essais en vol de SpaceX au Texas. Des travaux sur les prochains exemplaires de Starship et de SuperHeavy, la préparation des tests de Starship SN25 à venir, et un important chantier autour de la table de tir, qui a été abîmée lors du premier vol du lanceur super-lourd de SpaceX le 20 avril dernier. Compte tenu de l'avancée actuelle, la date du prochain décollage est sujette aux spéculations, mais le tir n'aura pas lieu avant le milieu de l'été à minima… si les autorités donnent leur feu vert. Surtout, même si l'entreprise californienne réussit à montrer des progrès, elle est encore bien loin de pouvoir mener des missions lunaires avec Starship. Or SpaceX s'est bel et bien engagé avec la NASA en 2021 dans le contrat HLS (Human Landing System) pour emmener les astronautes américains fouler la surface lunaire. Et la date était censée être fixe : fin 2025.
Et si la NASA était à l'heure ?
Plusieurs années durant, la date de 2025 a semblé particulièrement optimiste du côté de la NASA, pour une raison évidente : son lanceur super-lourd SLS (Space Launch System) était très en retard, le développement des combinaisons lunaires l'était tout autant… Mais avec les contrats passés ces deux dernières années et la mission Artemis I qui a réussi par son succès à montrer que la NASA était sur le bon chemin pour emmener des astronautes autour de la Lune, la balle est dans le camp de SpaceX. Et le Starship a une tâche énorme sur ses épaules.
Les grandes étapes du Starship lunaire
Car pour rappel, dans le cadre des missions Artemis, un Starship lunaire doit décoller de la Terre (sans astronautes), pour arriver en orbite basse. Sur place, il doit être ravitaillé en carburant par plusieurs autres rotations orbitales de Starship, représentant entre 8 et 16 (!) amarrages et manœuvres, sans oublier que les ergols devront être pressurisés et refroidis pour éviter tout risque d'évaporation et de surpression. Cette étape très importante du ravitaillement est un point crucial, et pourtant encore éloignée des capacités actuelles de Starship. Après quoi la mission lunaire de SpaceX devra allumer ses moteurs pour s'engager sur une trajectoire vers la Lune, entrer en orbite de cette dernière et attendre sur place une capsule Orion (ou s'amarrer à la future petite station orbitale Gateway). Le programme Artemis prévoit une mission de démonstration où Starship ira se poser sans astronautes sur la Lune, avant une autre (Artemis III) où deux occupants prendront place pour descendre sur la surface (et remonter quelques jours plus tard). Ambitieux, vu l'état du programme à la mi-2023.
Le programme déjà décrié va devoir accélérer
La NASA commence à s'inquiéter publiquement de ce décalage entre la date longuement annoncée de 2025 et le rythme réel des avancées de SpaceX… Et en effet, s'il est probable que le programme « glisse » de lui-même à 2026, rien n'indique aujourd'hui que SpaceX sera en mesure de tenir ses promesses. Plusieurs observateurs, sans oublier le bureau des audits de la NASA, ont d'ailleurs montré que le temps moyen de développement d'un véhicule habité (et ce, sans qu'il soit lunaire) s'établit plutôt autour de 8,5 ans, ce qui fait relativiser le retard plus ou moins inévitable à venir. Toutefois, c'est une pression supplémentaire sur les épaules de SpaceX pour son programme géant qui devra voler et réussir avec fiabilité un grand nombre de missions avant même de s'attaquer au programme lunaire. De façon réaliste, si SpaceX réussit à atteindre l'orbite et à mener une à deux missions avec amarrage et transfert des ergols d'ici fin 2024, cela fera beaucoup pour retrouver la confiance dans un potentiel calendrier. D'ici là, les regards continueront de se tourner vers la Starbase avec beaucoup de questions. S'il y a trop de retard l'administration sera peut-être poussée à soutenir plus fort le deuxième programme d'atterrisseur lunaire, le concurrent de Starship, poussé par Blue Origin !
Source : Spacenews