Surfant sur la mode des consoles portables qui a trouvé sa voie avec la sortie des Nintendo Switch et Valve Steam Deck, la Razer Edge ne semble pas vouloir complètement choisir entre matériel haut de gamme et produit pour joueurs occasionnels. Tant pis pour elle.
- Écran AMOLED de toute beauté
- Connectivité Wi-Fi 6E, BT 5.2
- De très bonnes performances
- Le jeu en streaming efficace
- Ergonomie réussie, poids limité
- Autonomie plus que correcte
- Trop chère + abonnements
- Ventilation un peu gênante
- Grandes mains peu à l'aise
- Format 20:9 imparfait sur PC
- Larges bandes, bords arrondis
Fiche technique Razer Edge
Mini-tablette et contrôleur de jeu
Au premier coup d’œil posé sur la Razer Edge, impossible de ne pas être interloqué par cette machine qui ne ressemble pas à ces nombreuses consoles portables que nous avons pu avoir entre les mains ces derniers mois. Sur le papier, la plus proche est la Logitech G Cloud, mais cette dernière ressemble beaucoup à une console « classique ». La Razer Edge, il faut la voir comme l’association d’une petite tablette et d’un contrôleur Kishi V2 Pro ce qui lui donne son côté escamotable.
La faible hauteur des mini-sticks fait penser aux contrôleurs Switch © Nerces pour Clubic
Le Kishi V2 Pro est de ces accessoires que l’on peut adapter à n’importe quel smartphone afin de lui donner un aspect plus « console » et que les contrôles soient plus agréables, disposés comme sur une manette. L’association des deux autorise un produit en tout point comparable à une console portable, mais difficile de se départir de cette impression de « bricolage ». Ça fait moins pro qu’une machine classique, mais on garde l'avantage de pouvoir changer un élément en cas de casse sans avoir à tout remplacer.
Côté fonctionnalités en revanche, rien à redire. La mise en place de la Edge est simple et l’ensemble tient bien en place. Le Kishi V2 Pro dispose de nombreuses commandes, dont deux boutons M1/M2 en plus des L1/L2 et R1/R2 que l’on trouve sur tous les pads. Il est aussi utile de souligner la présence de quatre boutons start/select/options/menu, comme avait pu le faire Logitech. Sous la poignée de droite, on retrouve l’unique connecteur – USB-C – pour la charge quand la Edge est en place.
Écarter les extrémités du Kishi V2 Pro fait un peu « bidouille » © Nerces pour Clubic
Interface bien pensée, ergonomie réussie
La machine sortie de sa boîte – où les accessoires se résument à un petit câble USB – il est temps de l’allumer pour la découvrir en détails. Quelques secondes plus tard, nous nous retrouvons sur l’écran d’installation de l'OS. Notons d’emblée que la rotation automatique de l’écran est désactivée par défaut – logique – mais que l’option reste disponible. Notons aussi que la surcouche logicielle de Razer semble un peu plus légère que celle du fabricant suisse.
Aucun problème d'installation à signaler © Nerces pour Clubic
Il faut cependant reconnaître que, comme chez Logitech, on a souvent besoin de revenir sur l’interface Android et que la surcouche maison est loin d’être indispensable. Le Play Store Google est évidemment de la partie et largement sollicité pour installer tout ce qu’il est nécessaire d’avoir sous la main pour bencher la machine, ça, c’est notre partie, mais aussi pour l’exploiter pleinement, et ça c’est « l’affaire de tous ».
Les commandes principales : l'ergonomie est bien vue © Nerces pour Clubic
Pas grand-chose à signaler de plus sur l’aspect logiciel dans la mesure où les choses dépendent assez peu de Razer. On installe les applications comme le GeForce NOW, le Xbox Game Pass ou le Steam Link. On fait presque l’impasse sur l’Epic Games Store car en dehors de Fortnite, il n’y a rien à y faire. Enfin, on installe les jeux Android que l’on apprécie et ces applications qui permettent de goûter aux joies de l’émulation, la Razer Edge dispose tout de même de 128 Go de stockage.
Dans les entrailles de la bête…
Habile transition que cette question du stockage pour évoquer les composants embarqués par Razer sur la Edge, le contrôleur Kishi V2 Pro ne changeant rien à l’affaire. Disons le tout de go, si la machine est orientée cloud gaming, ces 128 Go sont à la fois beaucoup et pas grand-chose. Beaucoup car pour jouer via GeForce NOW, il suffit d’installer l’application de NVIDIA, mais pas grand-chose car un titre comme Diablo Immortal peut à lui seul monopoliser plus de 12 Go.
Qualcomm faisant la promotion d'un prototype Razer… proche de notre Edge © Qualcomm
Aucune option « grande capacité » n’est disponible pour, par exemple, disposer d’une version 256 Go. En revanche, un port microSD permet d’étendre les choses, au prix d’une carte en plus (jusqu’à 2 To). À côté de ça, Razer a opté pour un SoC Snapdragon G3x de 1ère génération signé Qualcomm. Ce n’est pas la puce la plus puissante disponible, mais il y a de quoi faire et aucun jeu Android ne posera de problème, même si côté RAM (6 Go de LPDDR5), là aussi, d’autres font mieux.
Le G3x Gen 1 a été conçu pour le jeu et présenté pour la première fois en 2021, ça date doucement. Sa partie CPU Kryo 680 est constituée de 8 cœurs et la partie GPU est une Adreno 660. Razer complète son produit avec une unique caméra frontale de 5 MP pour des vidéos en 1 080p @ 60 IPS. Enfin, le sans-fil est en Wi-Fi 6E et Bluetooth 5.2, mais pas de 4G/5G ici : une Edge américaine semble en être dotée, mais en France, ce n’est donc pas un smartphone.
Une merveille d’écran, une bonne autonomie
S’il y a bien quelque chose que Razer a décidé de mettre en avant avec sa console Edge, c’est son écran. Il faut dire que le fabricant a opté pour une dalle AMOLED de toute beauté. La définition est certes « limitée » au 2 400 x 1 080, mais dans les faits, c’est bien suffisant d’autant que la diagonale n’est « que » de 6,8 pouces. Soulignons la possibilité de régler la fréquence de rafraîchissement pour un maximum très confortable visuellement de 144 Hz.
La colorimétrie de la dalle est imparfaite – trop froide – mais luminosité et contraste sont parfaite et, à l’usage, c’est le plus important. On profite pleinement de la qualité visuelle des jeux, et ce, même si l’animation a besoin de vitesse : les 120 Hz proposés par défaut peuvent donc être passés à 144 Hz. Seul vrai problème, les bandes noires autour de l’écran et les coins arrondis : c’est moche et ça occupe une place folle qui vient parfois masquer des éléments d’interface.
Les bandes létares sont pour tenir la Edge, mais les bords arrondis, bof © Nerces pour Clubic
Taille et finesse de la dalle ainsi que vitesse d’animation sont de terribles ennemis pour la batterie de notre Edge. Pour autant, Razer a pris les devants en intégrant un accumulateur de 5000 mAh. Nous avons pu vérifier sa correcte autonomie : un peu plus de 10 heures de luminosité au maximum pour lire, en boucle, des vidéos en streaming. C’est bien mieux qu’un Steam Deck, mais un cran en dessous de la G Cloud sur le même test.
Qu’est-ce que ça dit côté performances ?
Dans sa présentation de la console Edge, Razer ne la destine pas aux seuls usages en streaming. Bien sûr, cela reste une possibilité, mais la présence d’un Snapdragon G3x Gen 1 plaide aussi pour l’usage de jeux gourmands lancés localement et son usage tablette doit lui ouvrir la voie à des travaux que l’on envisage d’abord avec un laptop : on peut effectivement lui associer clavier et souris.
Geekbench 6
Performances relevées sur Geekbench 6 © Nerces pour Clubic
D’emblée, Geekbench 6 ne fait pas de détail, au moins dans l’opposition avec la petite G Cloud testée dernièrement. Le Snapdragon G3x Gen 1 écrabouille le Snapdragon 720G de la machine Logitech. Il n’est d’ailleurs pas à la rue par rapport aux ténors du monde du smartphone. Sur la partie GPU notamment, il affiche des résultats OpenCL ou Vulkan très convenables.
3DMark
Sur Sling Shot et Wild Life, la Razer Edge puis la Logitech G Cloud © Nerces pour Clubic
Sur 3DMark, le bon comportement du G3x Gen 1 est encore plus perceptible avec un « Maxed Out ! » plutôt flatteur sur la scène Sling Shot. Les choses sont moins réjouissantes sur Wild Life car si UL est sympa en annonçant que nous dépassons 75% des appareils de sa base de données, un Samsung Galaxy S23 écrabouille notre Razer Edge… ce n’est pas le même prix cependant.
PCMark
Performances sur PCMark, Razer Edge puis Logitech G Cloud © Nerces pour Clubic
Le passage à PCMark est l’occasion de voir que la réserve de puissance offerte par le Snapdragon G3x Gen 1 lui permet de nettement devancer la G Cloud. Preuve que la Razer Edge est tout à fait capable de nous offrir des sessions de travail dans de bonnes conditions. Notons aussi l’excellent résultat sur la partie storage.
Disk Speed Test
Performances sur Disk Speed Test, Razer Edge puis Logitech G Cloud © Nerces pour Clubic
Nous complétons le test storage de PCMark par un petit tour sur Disk Speed Test afin de vérifier que le stockage ne souffre aucune critique. Là encore, la G Cloud de Logitech est broyée par la Razer Edge avec des débits plus de 2x supérieurs en lecture et même 2,5x supérieurs en écriture.
Côté performances, il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter. Sans être la machine Android la plus puissante actuellement disponible, la Razer Edge est une console plus que capable, et ce, dans tous les domaines ou presque.
Et le jeu vidéo dans tout ça !
Au même titre que la G Cloud, la Razer Edge est une machine pensée pour le jeu. L’aspect tablette et sa puissance peuvent lui ouvrir d’autres horizons, mais c’est une bien console. Une console que Razer associe avec les services les plus populaires, GeForce NOW et Xbox Game Pass. Deux applications préinstallées et complétées par l’Epic Games Store – dont l’intérêt limité a déjà été évoqué – et Parsec, un outil dédié au streaming de manière plus générale.
GeForce NOW teste notre connexion pour ajuster les réglages © Nerces pour Clubic
GeForce NOW ou Parsec ne font évidemment pas exception Comme avec n’importe quelle solution de streaming, elles ont besoin d’une bonne connexion pour exprimer leur plein potentiel. Si la fibre optique permet de mieux en profiter, l’ADSL reste exploitable… surtout qu’un écran de 6,8 pouces sera moins exigeant que la dalle de 55 pouces du salon ! Avantage des solutions comme le GeForce NOW : l’installation est rapide et les jeux démarrent presque instantanément.
Si le châssis de la tablette Edge inspire confiance, les plastiques du contrôleur Kishi V2 Pro font plus « cheap ». Heureusement, une fois entre les mains, ils ne posent aucun problème. Les boutons ont ce côté légèrement clicky qui fait la réputation de Razer et les sticks ont du répondant. Il n’est hélas pas question d’effet Hall comme sur les meilleures consoles et on doit aussi faire avec des gâchettes un peu étroites : les boutons M1/M2 réduisent effectivement leur largeur.
La croix directionnelle est réussie, les boutons M1/M2 un peu moins © Nerces pour Clubic
Par rapport à de nombreuses autres consoles, la Razer Edge doit toutefois faire avec des poignées que nous considérons un peu courtes et des mini-sticks relativement bas. En ce sens, la machine se rapproche d’ailleurs plus que toutes les autres de la Nintendo Switch. Ce ne sont pas des défauts rédhibitoires, mais au même titre que la console japonaise, il est préférable d’avoir de plutôt petites mains pour en profiter avec aisance.
La croix directionnelle est de qualité avec des diagonales que l’on trouve sans forcer, mais on ne peut hélas pas compter sur des palettes au dos de la machine : c’est pour cela que Razer a opté pour des boutons M1/M2, il s’agissait d’être compatible avec un maximum de smartphone. Bien sûr, tablette oblige, la Edge dispose d’un écran tactile et, sur de nombreux jeux Android, il sera d’ailleurs possible de choisir entre les contrôles tactiles à l’écran ou ceux de la Kishi V2 Pro.
Il est souvent possible de choisir entre contrôles physiques et tactiles © Nerces pour Clubic
Dans l’immense majorité des cas de streaming tout a marché comme sur des roulettes. Nous avons pu jouer très confortablement à Cuphead. Même un jeu comme Cyberpunk 2077 accepte de tourner sur la machine, mais nous avons aussi rencontré quelques soucis dans la gestion de certains comptes comme sur Forza Motorspot ou de contrôles pas du tout adaptés au pad, ce fût le cas sur la majorité des jeux de stratégie : le Steam Deck fait souvent mieux sur ce plan-là.
Cyberpunk 2077 a fière allure sur la Razer Edge : le 144 Hz fait son effet © Nerces pour Clubic
Notez toutefois que le jeu en streaming n’est pas une obligation sur la Razer Edge. On peut d’abord compter sur la puissance d’un PC récent sur le réseau local avec Steam Link ou profiter de sa PS4/PS5 avec la PS App. Précisons que Sony ne permet toutefois pas de profiter du Kishi V2 Pro, il faut user du tactile ou connecter un pad. Pas pratique. Pour le reste, les choses se font de manière limpide sans qu’il y ait de problème particulier à signaler.
Quelques soucis : clavier riquiqui et orientation smartphone © Nerces pour Clubic
Nous l’avons évoqué au moment de parler de la capacité de stockage de 128 Go, la Razer Edge peut aussi recevoir ses propres jeux Android. La puissance du Snapdragon G3x Gen 1 permet d’envisager sereinement le lancement de n’importe quel jeu et nous avons, par exemple, pas mal joué à Diablo Immortal qui tourne le plus confortablement du monde : aucun des problèmes d’animation repérés sur la Logitech G Cloud ne s’est invité à la partie.
En revanche, nous avons rencontré les mêmes « soucis » liés à l’orientation de la machine. Sur un jeu « portrait » comme Zoo Keeper DX, cela se traduit par un inconfort notable quand le contrôleur Kishi V2 Pro est de mise. Mais par rapport à la console de Logitech, la Edge a l’avantage de pouvoir être retirée de son contrôleur pour une préhension « façon smartphone » plus en phase avec le jeu. Une polyvalence liée au caractère escamotable du produit, mais qui souffre d’un défaut : si le câble USB est branché sur l’USB-C du Kishi V2 Pro, il est impossible de transférer des fichiers vers le PC.
La Razer Edge permet de bien belles choses en émulation © Nerces pour Clubic
Revenons-en au jeu vidéo pour faire un rapide point émulation car, comme la console de Logitech, la Razer Edge est une merveille dans ce domaine : même si l’offre Windows reste plus importante, on peut remercier la vigueur de la scène Android à ce niveau. De plus, comme la machine dispose de 128 Go, on est moins à l’étroit que sur la Logitech G Cloud dès lors que l’on envisage l’émulation de consoles CD comme la Dreamcast : Ikaruga ou SEGA Rally (via Redream), quel plaisir.
Razer Edge, l’avis de Clubic
Plus puissante et plus polyvalente que la G Cloud, la Razer Edge est aussi nettement plus chère que la console portable de Logitech. Alors que nous trouvions cette G Cloud déjà trop onéreuse au regard de son objectif de jeu en streaming, la question du prix prend ici encore plus d’importance.
À près de 500 euros, la Razer Edge est effectivement très proche du premier Steam Deck avec écran OLED, lequel est un véritable petit PC qui a beaucoup plus à offrir aux futurs acquéreurs. Dans un registre un peu différent, Razer doit aussi faire avec la concurrence de la Nintendo Switch OLED, laquelle est beaucoup moins onéreuse et conserve cette identité console pleinement assumée.
La Razer Edge est une jolie prouesse technique. Son contrôleur Kishi V2 Pro, un peu étriqué pour de grandes mains, offre une ergonomie étonnante d’efficacité. Les technophiles amateurs de gadgets en auront assurément pour leurs frais, mais les autres joueurs auront tout intérêt à dépenser 50 euros de plus pour un Steam Deck ou 150 de moins pour une Switch OLED.
- Écran AMOLED de toute beauté
- Connectivité Wi-Fi 6E, BT 5.2
- De très bonnes performances
- Le jeu en streaming efficace
- Ergonomie réussie, poids limité
- Autonomie plus que correcte
- Trop chère + abonnements
- Ventilation un peu gênante
- Grandes mains peu à l'aise
- Format 20:9 imparfait sur PC
- Larges bandes, bords arrondis