L'année 2023 s'achève et avec elle son lot de déceptions, de mauvaises surprises ou encore d'annonces qui ne sont finalement pas à la hauteur des attentes. Dans nos flops de l'année, on cible des produits, mais aussi des tendances.
De plus en plus clouées au pilori, l'automobile et la moto sont la cible incessante d'une minorité qui fait tout pour étrangler les mobilités et les déplacements individuels. Sous couvert d'écologie, l'idéologie qui se cache derrière est avant tout la volonté de lisser les habitudes de déplacements afin de ne plus les réduire qu'au strict nécessaire. Un nécessaire qui irait jusqu'à vous priver de partir en vacances avec votre famille en voiture et qui vous obligerait à parcourir 80 km par jour en vélo ou vous condamnerait à perdre 2 h 30 dans les transports tous les jours pour vous rendre au travail.
Pourtant, avec un peu de bon sens, de respect, d'écoute et de bonne volonté, oui, il est possible de ne pas prendre sa voiture pour tout et n'importe quoi, mais quand on vous soumet à l'injonction et que la culpabilité prend le pas sur la pédagogie, rien ne va plus. Alors, avec un peu de mauvaise foi, on vous fait le tour de nos flops 2023 !
Tesla Cybertruck
Pour vous prouver que l'on n'est pas tant de mauvaise foi et que lorsqu'on vous parle de bon sens, on peut aussi balayer devant notre porte. On commence avec la mauvaise surprise de l'année : le Tesla Cybertruck. Mais quelle est cette chose ? Après 4 ans d'attente et de teasing quasiment permanent, le Cybertruck s'est enfin dévoilé officiellement fin novembre.
Son groupe moto-propulseur se décline en trois versions : propulsion, intégrale et Cyberbeast avec des performances permettant pour le premier d’abattre le 0 à 100 km/h en 6,7 secondes, pour le second de réaliser l'exercice en 4,3 secondes et pour le dernier en 2,7 secondes. D'ailleurs dans une vidéo, celui-ci bat même sur une piste de dragster une Porsche 911, tout en tractant une 911. Amusant.
Mais malheureusement, aucune de ses performances n'arrivera à faire oublier son design de boîte à chaussures et le non-sens de son poids. Dans sa version intégrale, il pèse 2 995 kg et, dans sa configuration Cyberbeast, il grimpe même à 3 104 kg. Sans remorque, il sera donc possible de conduire le Cybertruck avec un simple permis, puisque celui-ci n’excède pas les 3 500 kilos. Mais si vous décidiez de tracter (jusqu'à près de 5 tonnes dans la version Cyberbeast) ou de charger la benne (1 500 kg), votre permis B ne suffirait alors plus et il vous faudrait le permis poids lourd.
Déjà que son prix plus élevé que prévu (60 990 € en prix de base) réduit sa clientèle, le risque qu'il ne soit pas possible de le conduire en France avec un unique permis B risque de l'achever. Beaucoup de bruit pour rien ? On se pose en tout cas la question de savoir si les mêmes qui collent un autocollant à l'arrière de leur Tesla avec écrit dessus : « je roule en électrique pour sauver la planète » oseront en faire de même avec un Cybertruck.
Des politiques vertes complètement à côté de la plaque
La mobilité est devenue le terrain idéal des décisions illogiques. Un exemple flagrant est l'implémentation chaotique des Zones à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m). Si l'initiative est guidée par des considérations écologiques, elle néglige les automobilistes les moins aisés ne pouvant pas se permettre d'acheter des véhicules considérés comme écologiquement acceptables.
Pour rappel, l'âge moyen des véhicules en circulation est de 10,8 ans et 32 % des voitures appartiennent aux catégories Crit'Air 3, 4 et 5. En interdisant l'accès aux centres-villes aux personnes les moins fortunées, on risque de compromettre l'essence même du vivre ensemble. Cette situation pourrait créer une tension sociale, ce qui incite de nombreux élus à retarder l'application des ZFE (comme à Bordeaux, Rouen, et probablement Marseille).
Au lieu de simplement faire de la pédagogie en expliquant qu'il est préférable de laisser son véhicule au parking pour un déplacement en centre-ville, certaines autorités préfèrent pénaliser des conducteurs de vieilles voitures ou de diesel alors même que c'est cette motorisation qui a le plus été soutenue sur les 15 dernières années.
En matière d'absurdité, la décision de la mairie de Paris de tripler les tarifs de stationnement pour les SUV (pour les non-résidents) en raison de leur non-conformité aux normes écologiques actuelles est particulièrement frappante. Cette mesure affecterait les véhicules les plus lourds, à partir de 1,6 tonne pour les modèles thermiques et hybrides rechargeables, et 2 tonnes pour les électriques.
Cependant, l'argument selon lequel ces véhicules occupent plus d'espace public est discutable, car non seulement ils n'ont pas une empreinte au sol plus grande que celle des berlines équivalentes, mais en plus la hausse du poids (on ne parle pas ici du poids des batteries des électriques) de ces véhicules est en majorité due à l'intégration d'éléments de confort et de sécurité de plus en plus nécessaire à l'obtention des 5 étoiles au crash-test Euro NCAP. Et enfin, pour rappel encore, les SUV qui représentent 47 % des immatriculations sont aussi populaires auprès des familles qui avant roulaient en monospaces. Aurions-nous eu idée de les taxer auparavant ?
Le contrôle technique moto
Le contrôle technique obligatoire pour les motos et scooters en France est une mesure qui a été officiellement annoncée et publiée au Bulletin Officiel fin octobre 2023. Cette mesure, qui débutera progressivement à partir d'avril 2024, concerne les motos et scooters mis en circulation avant le 1er janvier 2017, avec un échelonnement prévu pour les véhicules immatriculés jusqu'à fin 2021.
Cette mesure répond à une directive européenne et doit être mise en place par échelonnement pour ne pas engorger les centres de contrôle.
Toutefois dans un premier temps lorsqu'on lit le texte publié au BO, de nombreuses incohérences existent puisqu'il est fait état de contrôle sur des éléments comme la direction assistée, les essuie-glaces, les pare-chocs, les poignées de porte, et les airbags. Ces erreurs soulèvent des questions sur la rigueur avec laquelle le texte a été rédigé.
En outre, alors même que les associations qui se sont mobilisées en faveur de l'application de cette directive pointaient du doigt l'accidentologie élevée des motards, il s'avère qu'en réalité 0,3 % seulement des accidents impliquant un mauvais entretien du deux roues étaient en cause. La mise ne place du contrôle technique n'a donc aucun rapport avec la sécurité routière.
Aussi, puisque ces mêmes associations mettaient en cause le bruit excessif des motos, il s'avère, de l'aveu même de Geoffrey Michalak, directeur général adjoint/métiers CT chez SGS France, qu'il n'existe aucun sonomètre certifié pour l'usage en CT pour le moment et que l’appréciation se fera donc au jugé du contrôleur. Une vaste fumisterie qui délestera donc le portefeuille des motards, alors qu'ils sont généralement les premiers à suivre avec le plus grand soin l'entretien de leur monture (puisque justement leur sécurité en dépend, etc.).
Le malus sur les sportives dites abordables
Vous rêviez de vous offrir une Yaris GR, une GR 86 ou une Civic Type R, ou mieux encore une petite Porsche Cayman ? Il va falloir faire une croix dessus, ou être très riche.
À compter du 1er janvier 2024, le seuil de déclenchement sera fixé à 118 g/km de CO2 et ira de 50 € à 60 000 € dés 194 CO2/km. Dans les faits, même une Peugeot 208 équipée du simple 1.2 PureTech de 75 ch ou une Dacia Sandero SCe 75 seront impactées. Mais en ce qui concerne les petites sportives qui ne consomment pas plus qu'une familiale en conduite tranquille, c'est la douche froide : comptez 60 000 euros de malus pour la GR86 alors que son prix de base est de 33 000 € ! Pour la Yaris, même punition : comptez 35 346 € de malus pour un prix de 37 400 €. Une mesure ubuesque, alors même que ces véhicules concernent 0,25 % du marché en France et permettent non seulement à des amateurs, mais aussi à des professionnels d'assouvir leur passion et leur savoir-faire… tout en sachant, puisqu'il est question d'écologie, qu'une GR86 consomme moins que la plupart des hybrides rechargeables batteries vides. Il n'y a plus qu'à espérer que les futures petites électriques sportives fassent l'affaire…
Les commandes des voitures électriques ralentissent
Alors que certains se gaussent de la hausse des immatriculations des voitures électriques, allant même jusqu'à assener plusieurs fois de suite : « cette … (mettez ici le nom de la voiture électrique que vous voulez) montre encore une fois la supériorité de l'électrique sur le thermique », la réalité du marché pourrait être bien différente. Il n’est évidemment pas question de parler ici de l'efficience de la technologie électrique face au thermique, mais de s’interroger sur un marché en pleine restructuration.
Malgré une croissance continue, le marché des voitures électriques en Europe connaît un ralentissement, influencé par divers facteurs économiques et politiques. Des géants de l'industrie comme Volkswagen ou même Kia observent une baisse significative des commandes.
Le marché des voitures électriques en Europe, bien qu'en augmentation sur un an, montre des signes de ralentissement. Selon les données de l'association des constructeurs automobiles européens, la part de marché des véhicules électriques a diminué, passant de 21 % en août à 14,2 % en octobre. Ce ralentissement, bien que non dramatique, soulève des questions sur les perspectives à court terme du secteur.
La baisse des commandes chez Volkswagen, qui a observé un ralentissement de 50 % des commandes en Europe, illustre les défis actuels. Cette diminution est attribuée à une crise général du marché, exacerbé par des problèmes de chaîne d'approvisionnement et des perturbations économiques. Sans parler des prix globalement très élevés des voitures. En Allemagne, la réduction des subventions pour les voitures électriques a également impacté les ventes, particulièrement celles destinées aux entreprises. En France, bien que la tendance soit différente avec une forte demande des particuliers, les commandes chez les constructeurs commencent également à stagner.
Dans le cadre de la présentation du Kia EV9, le patron de Kia France nous informait que les commandes en électrique étaient en baisse de 30 %. Même son de cloche chez Audi qui revoit ses ambitions sur l'électrique à la baisse : « Les marges bénéficiaires entre les voitures à combustion interne et les voitures électriques ne convergent pas aussi rapidement que nous l’avions espéré », explique Gernot Döllner, P.-D.G. de la marque allemande. Reste donc à voir comment évoluera la situation, mais il est certain que sans une baisse drastique des prix pour le client final, les commandes ne repartiront pas à la hausse.