Un jeune employé de Concentrix Compiègne s'est vu remercié après avoir partagé un GIF d'Homer Simpson sur la messagerie interne de l'entreprise. Le message humoristique visait à dédramatiser un retard de paiement des salaires. La direction réfute tout lien entre cette publication et le licenciement.

Le jeune homme travaillait dans un centre d'appels avant d'être licencié © LightField Studios / Shutterstock
Le jeune homme travaillait dans un centre d'appels avant d'être licencié © LightField Studios / Shutterstock

L'histoire de Loan Léton, 22 ans, a fait grand bruit dans le centre d'appels de Lacroix-Saint-Ouen, dans l'Oise. Employé depuis un an chez Concentrix Compiègne, anciennement WebHelp, ce jeune homme s'est retrouvé sans emploi après avoir partagé un GIF sur Teams.

Le 25 septembre, alors que la direction annonçait un nouveau report du versement des salaires, Loan a publié une image animée montrant Homer Simpson se cachant dans un buisson, accompagnée du commentaire : « Le service RH le jour de paie. » Ce qui se voulait une tentative de détendre l'atmosphère s'est soldé par un licenciement pour faute grave.

Un GIF dans Teams et un humour mal perçu par la hiérarchie

Le cas de Loan Léton semble témoigner des tensions qui règnent au sein de l'entreprise. Selon Belinda Hafir, déléguée syndicale CGT, l'utilisation de GIF était courante dans les communications internes, y compris par les supérieurs. « On a l'habitude d'en utiliser lors de nos communications », affirme Loan. Le jeune homme, sidéré par la décision, peine à comprendre la sévérité de la sanction. « Je ne pensais pas qu'on pouvait licencier quelqu'un pour ça », déclare-t-il.

La CGT dénonce un climat délétère au sein du service où travaillait Loan. Belinda Hafir évoque une ambiance où « on ne peut pas s'exprimer » et qualifie la situation de « dictature totale ». Elle explique que le salarié cherchait simplement à « dédramatiser la situation » dans un contexte de tensions liées aux retards de paiement récurrents.

La direction de Concentrix Compiègne, qu'Actu Oise a contactée, rejette ces accusations et assure que « les décisions ont été prises sur la base de critères valables et légaux, en accord avec les réglementations en vigueur ». Le bras de fer semble engagé entre les deux parties.

C'est un GIF posté dans Microsoft Teams qui serait à l'origine du licenciement du salarié © Diego Thomazini / Shutterstock

Les syndicats dénoncent un malaise social profond

La CGT, qui soutient Loan Léton, a appelé à une mobilisation devant l'entreprise ce vendredi 18 octobre. Le syndicat dénonce des pratiques managériales répressives et une volonté d'étouffer toute forme de critique interne. « Le turn-over est très important chez Concentrix. Deux tiers des salariés ne vont pas au bout d'une année », précise-t-il, avant d'évoquer « les 10 % d'employés en arrêt maladie jusqu'à la fin d’année », et « les 20 % d'absentéisme ».

L'affaire du GIF survient comme un cheveu sur la soupe dans un climat social tendu chez Concentrix Compiègne. Depuis mars, une partie du personnel est en grève illimitée. Certains salariés réclament de meilleures conditions de travail et des augmentations salariales. Loan Léton participait à ce mouvement, ce qui, d'après la CGT, pourrait expliquer la dureté de la sanction à son égard. L'entreprise explique que « contrairement à ce qui a été invoqué par certaines organisations syndicales, ces licenciements ne sont en aucun cas liés aux raisons mentionnées ».

Le syndicat mentionne également deux autres cas de licenciements jugés abusifs. Une salariée aurait été renvoyée pour une tenue jugée « indécente et vulgaire » : un jean et un tee-shirt laissant entrevoir « un centimètre de peau », selon Belinda Hafir. Une autre aurait été congédiée pour avoir choisi son bureau de travail.

Manon Mathieu, élue CGT, établit un lien entre ces licenciements et une enquête sur les risques psycho-sociaux menée dans l'entreprise. « Ils ont accepté de témoigner et ont tous les trois été licenciés plus tard pour des motifs complètement farfelus. On trouve que c'est une drôle de coïncidence que ces trois personnes, qui ont témoigné pour dire qu'il y avait des risques psycho-sociaux dans l'entreprise, se retrouvent aujourd'hui licenciées pour des motifs qu'on n'avait jamais vus avant », souligne-t-elle.

Loan Léton, soutenu par ses parents et le syndicat, compte contester son licenciement devant les prud'hommes.

  • Qualité des appels, audio comme vidéo
  • Fonctions de messagerie
  • Version gratuite assez généreuse
8 / 10