Une campagne de désinformation pro-russe a été identifiée sur Bluesky, un réseau social présenté comme une alternative à X.com pour échapper aux fausses informations. L'Agence France-Presse et le collectif Antibot 4 Navalny ont repéré environ 50 publications trompeuses sur cette plateforme, dont des deepfakes d'experts.

X.com déjà blindé de fake news, et maintenant, Bluesky ? © Mojahid Mottakin / Shutterstock
X.com déjà blindé de fake news, et maintenant, Bluesky ? © Mojahid Mottakin / Shutterstock

Tous les dégoûtés par les fake news et déçus du manque de modération du réseau social d'Elon Musk, X.com, s'étaient rabattus sur Bluesky, qui avait fait de cet exode la recette de son succès. Bien qu'il ait initialement été perçu comme un refuge, il semble que la roue soit en train de tourner, et pas forcément dans le bon sens.

Début 2025, l'AFP et le collectif Antibot 4 Navalny ont découvert une campagne de désinformation pro-russe sur le réseau où le ciel est censé être toujours bleu. Leur enquête a levé une cinquantaine de publications trompeuses, parmi lesquelles des deepfakes se faisant passer pour des spécialistes et des experts.

Des deepfakes pour tromper un public averti

Et parce qu'il semble que les organisations à l'origine de ces fake news sont bien entraînées, celles que l'on voit fleurir sur Bluesky utilisent des deepfakes de haute voltige. On notera par exemple une vidéo falsifiée d'un professeur de l'université d'Aix-Marseille, qui critiquerait avec virulence l'organisation des Jeux olympiques. Bien sûr, il s'agit d'un hypertrucage au contenu manipulé, et l'identité du professeur a été usurpée.

On se souvient qu'un rapport soulignait l'intensification des campagnes de désinformation, qui visait notamment les États-Unis et le conflit en Ukraine, en provenance de la Russie.

Par ailleurs, un spécialiste contacté par l'AFP explique à nos confrères de France Info que les désinformateurs se sont adaptés aux codes des utilisateurs de Bluesky : étudiants, enseignants, journalistes et cadres venus chercher des publications d'experts.

Même sur Bluesky, les deepfakes apparaissent © Panchenko Vladimir / Shutterstock
Même sur Bluesky, les deepfakes apparaissent © Panchenko Vladimir / Shutterstock

Une campagne pro-russe aux multiples objectifs

Selon le collectif Antibot 4 Navalny, il s'agit d'une campagne de désinformation pro-russe. Les messages diffusés sont élogieux envers la Russie, critiquent l'aide occidentale à l'Ukraine et ciblent particulièrement le président Emmanuel Macron.

Le mode opératoire, caractérisé par des publications automatisées, rappelle la campagne « Matriochka » repérée sur X.com un an auparavant. Cette dernière visait déjà à saper le soutien occidental à l'Ukraine.

Bluesky, présenté comme l'alternative privilégiée à X.com, n'a pas réussi à maintenir son statut de refuge contre la désinformation. Les internautes qui espéraient trouver un réseau plus respectueux se retrouvent confrontés aux mêmes défis de désinformation.

Bluesky n'est pas non plus à l'abri de voir des influenceurs français relayer de la propagande russe pro-Kremlin sur son réseau, contre rémunération, comme c'est le cas sur Instagram et TikTok.

Source : France Info