Direction l'Europe pour AirBnB. Le service de location en ligne rapproche son siège de son premier marché, en prenant ses quartiers à Dublin, en Irlande, faisait savoir Reuters vendredi dernier.
Disposant d'entités physiques dans sept grandes villes du continent, le service explique ce choix sur un post de blog par le besoin de fonder un foyer régional, pour rassembler la communauté ainsi que les équipes européennes.
Pour Brian Chesky, le directeur exécutif de la firme, Dublin « a l'hospitalité dans son ADN ». Elle serait en ce sens reconnue comme l'une des villes « les plus chaleureuses du monde ». Et elle serait de surcroît un épicentre technologique européen, agrémenté d'une culture très hétéroclite d'un point de vue culturel, avec une très grande variété de langues représentées.
Ce déménagement pourrait déboucher sur la création d'une centaine de postes, fait de son côté savoir la télévision irlandaise publique.
Difficile de nier en effet l'attractivité de l'Irlande pour les firmes technologiques. Google, Facebook et Apple ne s'y sont pas trompés, profitant à plein pot de la politique de « dumping fiscal » mise en place dans le pays. Plusieurs de ces voisins ont cependant décidé de prendre à bras le corps ce problème.
Sujet sensible
En France, le Conseil national du Numérique a remis la semaine dernière son rapport sur la fiscalité du numérique le 10 septembre. Pour lui, l'action doit avant tout être menée à l'échelle européenne, rejetant ainsi l'idée d'une taxe sectorielle, en ce qu'elle ne ferait que pénaliser « l'écosystème français et obérerait sa position dans les relations internationales ».
La Fédération Française des Télécoms avait estimé le manque à gagner pour la France à plus de 800 millions d'euros pour l'année 2012. Cette année-là par exemple, Facebook n'a payé que 191 133 euros, pour des bénéfices estimés à 30 millions d'euros. La firme s'était abstenue au début du mois de juillet de s'exprimer sur le sujet devant une commission parlementaire présidée par Éric Woerth et Pierre-Alain Muet. À ce jour, aucun texte ne s'oppose clairement à la pratique de l'optimisation fiscale. Mais les pratiques mises en place par les firmes semblent flirter avec la ligne rouge, puisque le Fisc français a multiplié ces derniers mois les perquisitions au sein des entités physiques présentes dans le pays, avec quelques redressements à la clé.
Dans leur rapport, les deux députés avaient prôné la consécration du concept d'établissement stable virtuel. Concrètement, il s'agirait de ne plus exiger la présence dans un pays d'une entité physique pour imposer une entreprise. La seule activité commerciale qui y serait menée suffirait à assujettir une société à l'impôt national. Une proposition déjà avancée par le CNNum en 2012.
En pleine croissance, le service de location en ligne se heurte malgré tout à une législation particulièrement défavorable aux États-Unis. Certaines villes, comme San Francisco ou New York, prélèvent des taxes sur chacune des transactions. D'autres interdisent purement et simplement les locations à court terme.
En France, le gouvernement a également décidé d'encadrer plus fortement cette activité, pour freiner le développement de la mise en location dite touristique. Concrètement, il s'agit de soumettre ce type de location à certains préalables administratifs. En contrepartie, la mise en location d'habitations principales est facilitée, puisque celle-ci peut constituer un complément de revenus non-négligeable, relevait jeudi au Sénat la ministre de l'Égalité des territoires et du logement.
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