Test Technics EAH-AZ80 : une formule premium et audiophile toujours plus maîtrisée

Technics fait partie des rares acteurs du monde audio capables de se battre sur le terrain des casques Bluetooth et écouteurs true wireless haut de gamme, en comparaison à Sony, Bose et Apple (bien que d'orientations différentes). Avec ses nouveaux écouteurs EAH-AZ80, le constructeur monte encore le niveau par rapport à ses précédents EAH-AZ60. Une véritable alternative aux meilleurs écouteurs du moment ?

ANC de dernière génération, transducteurs optimisés, multipoint prenant en compte 3 appareils en simultané, support du codec LDAC : les EAH-AZ80 ont beaucoup d'avantages sur le papier. Assez pour justifier leur tarif élevé (299 euros) ?

Un concurrent de taille

S'il faut reprocher une chose aux Technics sur la forme, c'est bien leur volume. Sur ce point, les EAH-AZ80 rejoignent presque les Sony WF-1000Xm4. Ils ne sont pas démesurés, loin de là, mais sont tout simplement plus imposants que la moyenne, sans être vraiment plus lourds (autour des 6 grammes par écouteur). Le constructeur précise que la face interne (qui contient la canule) a été spécialement dessinée pour ne pas créer trop de pression sur la conque.

Sur ce point, la promesse est respectée, puisque les EAH-AZ80 ne se font effectivement pas trop sentir dans le creux de l'oreille. La pression est en revanche davantage présente à l'entrée du conduit, bien que ce soit surtout gênant pour les longues sessions d'écoute. Surtout, cette particularité va de pair avec une stabilité assez étonnante. On peut balancer la tête, et surtout bouger la mâchoire (ce qui décroche ou déplace la plupart des écouteurs) sans que cela n'affecte la tenue.

Tout n'est pas parfait, loin de là, puisque les écouteurs Technics, tout comme ceux de Sony, ne conviendront pas, ou difficilement, aux petites morphologies d'oreille, quand bien même 7 tailles d'embouts sont disponibles. Sur ce point, leurs petits frères les EAH-AZ60M2, évolutions des EAH-AZ60, sont sans doute plus adaptés, car plus menus. De plus, la pression sur le conduit n'est pas négligeable, ce qui donne un résultat général assez bon, mais loin d'être irréprochable.

Côté construction, comme pour les EAH-AZ60, nous avons affaire à quelque chose de relativement premium. La construction est principalement plastique, mais très dense et sérieuse, avec un dos en métal plutôt élégant. La certification IPX4 est quant à elle dans la moyenne des écouteurs true wireless, sans plus.

La boîte reprend presque à l'identique celle utilisée sur son petit frère, elle est ainsi assez simple et sérieuse, sans être luxueuse. Son encombrement demeure raisonnable, compatible avec la plupart des poches, et la finition est assez exemplaire. Le plastique utilisé pour le châssis est contrebalancé par une bonne densité générale, une charnière sans aucun jeu et l'intégration d'une surface en aluminium brossé plutôt élégante sur le capot. Surtout, Technics place enfin une recharge par induction sur son modèle. Les EAH-AZ80 sont disponibles en deux déclinaisons : argent (version testée) et noir.

Tactile complet et application englobante

Avec son ergonomie tactile de type asymétrique (actions différentes entre les deux écouteurs), les Technics EAH-AZ80 ne révolutionnent clairement pas le genre, mais comptent parmi les rares écouteurs vraiment complets en matière de contrôles. Navigation, choix de la réduction de bruit, ajustement du volume, appel à l'assistant : tout est possible à la fois, ce qui est un grand avantage.

De plus, Technics adopte enfin des capteurs de port, ce qui permet de déclencher la pause et la lecture une fois les écouteurs retirés et replacés. Cette fonction va même plus loin que cela, puisque diverses fonctions associées sont présentes, comme la désactivation automatique du tactile en retirant les écouteurs, ce qui n'est que rarement mis en place ailleurs.

Pour les commandes complètes :

• 1 appui : lecture/pause pour les deux écouteurs ;
• 2 appuis : volume - pour l'écouteur gauche ; piste suivante pour l'écouteur droit ;
• 3 appuis : volume + pour l'écouteur gauche ; piste précédente/début de piste pour l'écouteur droit ;
• Appui prolongé : appel à l'assistant vocal pour l'écouteur gauche ; basculement entre les modes de réduction de bruit pour l'écouteur droit.

La surface tactile occupe l'entièreté du dos, il est donc difficile de la louper, d'autant plus que cette zone est assez sensible. On peut évidemment relever que cela peut assez rapidement conduire à des erreurs de manipulation (un simple frôlement suffit). Mais surtout, on peut reprocher la latence assez marquée entre l'appui de la zone et le déclenchement effectif de l'action.

Si les commandes des EAH-AZ80 sont déjà complètes, Technics autorise une personnalisation totale grâce à son application. Toutes les commandes sont ainsi assignables à toutes les actions, ce qui sera sans doute utile pour assez peu de monde, mais montre le perfectionnisme du fabricant en la matière.

L'application en question, Audio Connect, montre quant à elle les progrès réalisés par Technics depuis quelques années. Celle-ci n'est toujours pas un modèle de design moderne, car elle demeure assez simple côté interface, mais elle affiche un nombre de réglages conséquent, que ce soit en matière de son, de réduction de bruit et de petites options ergonomiques en tout genre.

Il est notamment possible d'ajuster la réduction de bruit ou le retour sonore de 0 à 100 % (tranches de 10 %), de personnaliser la réduction de bruit grâce à un petit cran (peu probant dans notre cas), ou encore de basculer dans le mode de retour sonore Attention, qui se focalise sur les voix. Technics reprend également son système d'égaliseur maison, composé de 6 présélections (en comptant l'égalisation de base) et d'un mode personnalisé à 5 bandes. De plus, on retrouve la présence d'un principe de localisation des EAH-AZ80, soit en émettant un son, soit en affichant la position géographique relevée lors de la dernière connexion avec le smartphone.

En ajoutant à cela plusieurs réglages avancés en matière d'ergonomie, nous avons affaire à une application quasi complète qui affiche une philosophie différente de celle de Sony, mais qui est tout aussi brillante en pratique.

Triplement multipoint et LDAC

Mis à part l'absence de support des codecs AptX et ses dérivés ainsi que la non-compatibilité (en tout cas non annoncée) avec le futur standard LE Audio, il est difficile de reprocher grand-chose aux EAH-AZ80 en matière de connectivité. Le constructeur regroupe à peu près tout ce qui se fait de moderne dans le domaine.

Le premier avantage de taille concerne sa connexion multipoint. Celle-ci permet de connecter non pas deux, mais jusqu'à trois appareils en simultané, ce qui est a priori une première dans l'industrie, si l'on omet le multipoint propriétaire d'Apple avec sa gamme AirPods. Gadget pour certains, le multipoint porté sur trois appareils permet de ne plus vraiment se soucier des connexions et déconnexions entre appareils, et de jongler simplement entre le flux musical d'un produit, puis un appel sur un autre (par exemple). Cette fonction est très au point, puisqu'avec trois appareils connectés (2 PC et un smartphone) à notre disposition, nous avons effectivement pu passer sans mal des uns aux autres. Seule une petite coupure dans le son peut avoir lieu au moment de passer d'un flux à l'autre, sans plus. En revanche, il n'y a aucune invite sonore autre que « connected », ce qui n'indique pas quel appareil est appairé aux EAH-AZ80. Il n'est pas non plus possible de vérifier et de gérer les différentes connexions dans l'application.

Autre avantage, plus statutaire cette fois : le support du codec LDAC, en plus du duo SBC/AAC. Néanmoins, Technics, tout en allant au bout des possibilités du Bluetooth, a mis en place quelques restrictions. Le multipoint à 3 appareils n'est pas disponible si l'on active le codec LDAC et reste fortement déconseillé en mode multipoint classique (2 appareils). De plus, la qualité 990 kb/s du LDAC est mise en avant pour certaines (légères) limitations ergonomiques dans l'application. En pratique, il est clairement conseillé de rester sur une connexion AAC ou SBC pour l'utilisation du multipoint, les codecs bas bitrate étant les seuls à garantir une bonne stabilité.

Cela s'explique assez bien, puisque le codec LDAC, réglé en qualité maximum (990 kb/s donc), est certes le plus audiophile du genre, au moins dans les mesures, mais reste de très loin le moins stable et le plus restrictif du marché. Dans un environnement peu chargé, on ne rencontre aucun problème, à condition de rester assez proche de l'émetteur. La connexion demeure stable, sans saut. Mais une fois dans un endroit plus animé, que ce soit dans une rue passante ou surtout dans des transports en commun (la pire situation), les décrochages sont réguliers, un peu plus d'ailleurs qu'avec les écouteurs Sony. Inutile de se risquer à une telle qualité dans un métro bondé, rien ne passe. Il faut alors passer en mode 330 kb/s, ou tout simplement revenir en SBC ou en AAC. Ce dernier reste sans doute le plus stable et montre que les Technics EAH-AZ80 affichent une excellente connectivité dans des conditions classiques.

Un silence seulement proche des meilleurs

Les précédents EAH-AZ60 établissaient une performance assez solide en matière de réduction de bruit active tout en restant quelques crans derrière les tauliers. Cela s'expliquait, comme souvent sur ce genre d'écouteurs, par une atténuation un peu moins forte dans les haut-médiums, défaut très courant dans l'industrie. Les Technics EAH-AZ80 ne parviennent malheureusement pas vraiment à inverser la tendance.

L'isolation des basses et très basses fréquences franchit encore un cap et se rapproche assez nettement de ce qui se fait chez Sony ou Apple en tête. Sur ce point, mis à part sur quelques détails, la performance est en pratique aussi bonne que chez ces deux acteurs. L'atténuation est presque toujours en dessous de 25 dB, dès les plus basses fréquences, et peut même atteindre les 30 dB dans les bas-médiums. À l'inverse, une perte d'efficacité commence à s'installer à partir des haut-médiums, d'où un travail moins efficace sur les voix. Quelques fréquences parviennent ainsi à déborder. C'est dommage, car l'isolation passive (aigus) est excellente. Finalement, nous avons droit à un produit clairement haut de gamme, mais qui manque de peu le cercle très fermé des Sony WF-1000Xm4, Apple AirPods Pro 2, Bose QC Earbuds II et Devialet Gemini.

Nous avons droit à une petite surprise sur le retour sonore, puisque celui-ci, à défaut de pouvoir défier les AirPods Pro 2, est franchement efficace (surtout réglé à 80 %). En dehors d'une accentuation ou d'un souffle, ce mode parvient à récupérer assez efficacement les hautes fréquences. Il retransmet un environnement sonore cohérent, ce qui est déjà assez rare dans le genre. Le second mode, axé sur la voix, permet de se concentrer sur cette gamme de fréquences tout en atténuant les basses, ce qui est très pratique pour les annonces vocales, par exemple.

En appel, le rendu reste perfectible, car il est un peu versatile. Technics met ici particulièrement en avant sa technologie JustMyVoice qui permet d'isoler la voix en appel grâce à pas moins de 4 microphones par côté. En milieu calme, le rendu est absolument impeccable. La voix n'est évidemment pas parfaite, mais très naturelle, claire, sans artefacts marqués. Seuls quelques petits débordements peuvent apparaître sur les sons sifflants.

En milieu bruyant, tout est assez étrange. Dans la plupart des cas (milieu modérément bruyant), il n'y a aucun problème. L'isolation des bruits extérieurs est excellente et sauvegarde largement la qualité de la voix. Mais une fois un certain seuil de bruit passé, l'algorithme de réduction semble abdiquer et n'effectue plus aucun travail. Cela arrive, mais pas systématiquement, et pas avant un bon niveau de bruit. C'est tout à fait le genre de problème qui pourrait se régler avec une mise à jour.

Autonomie dans la bonne moyenne

Déjà très correcte sur les EAH-AZ60, l'autonomie s'améliore légèrement sur les EAH-AZ80, avec une endurance annoncée à 7 heures avec ANC et à 7 h 30 sans ANC, le tout épaulé par deux recharges supplémentaires avec le boîtier.

Nous avons tout d'abord voulu constater la performance dans la pire configuration possible, à savoir avec ANC, sous codec LDAC fixé à 990 kb/s (dans les options développeur). La performance est déjà très intéressante, puisque les 4 h 45 d'écoute sont atteintes. En repassant en AAC (toujours avec réduction de bruit), nous pouvons compter sur environ 7 h 15, ce qui est supérieur à ce que propose Apple sur ses AirPods Pro 2 par exemple, même si ce n'est pas tant que cela impressionnant au vu du volume général.

De son côté, le boîtier respecte sa promesse de deux recharges supplémentaires, ce qui porte le tout à un minimum de 22 heures sous codec AAC, et davantage sans la réduction de bruit active. Les EAH-AZ80 sont donc dans une bonne moyenne.

Un son toujours puissant, typé, encore plus maîtrisé

Un peu plus qu'une simple amélioration des EAH-AZ60 (cette tâche étant réservée aux EAH-AZ60M2), les Technics EAH-AZ80 passent un cap en matière d'architecture audio. Les écouteurs délaissent ainsi les haut-parleurs à membrane biocellulose pour un transducteur dynamique de 10 mm avec membrane en aluminium, secondé par une chambre acoustique avancée.

Le constat est simple, la signature sonore est assez proche des AZ60, mais la qualité générale est meilleure, notamment grâce à des ajustements plus fins. Le son est ainsi marqué par une approche plutôt typée, mais pas caricaturale, ce qui ne plaira toutefois pas à tout le monde. Les basses sont mises en avant par une accentuation constante à partir des médiums, les aigus sont marqués par un pic de brillance assez tardif, et les haut-médiums sont légèrement accentués, ce qui met légèrement en avant les voix. De fait, le son n'est pas si différent de celui délivré par les Sony WF-1000Xm4, à la fois puissant, polyvalent et détaillé, tout en affichant une scène sonore d'une belle ampleur.

En affinant sa formule, Technics parvient tout simplement à délivrer une excellente qualité sonore. Les basses sont précises, amples, percutantes, les médiums sont riches, sans impression de voile, et les aigus, sans être irréprochables, conservent une bonne maîtrise. Le haut du spectre, en particulier autour des 10 kHz (marqué par un pic), reste davantage mis en avant que le reste, ce qui aère l'écoute sans tomber dans l'agressivité. Néanmoins, les EAH-AZ80 s'accordent moins bien avec les mixages compliqués. Abaisser le pic des 10 kHz dans l'égaliseur de l'application permet de limiter ce problème. À l'inverse, avec une musique bien aérée, ils démontrent toutes leurs qualités. En affinant un peu le pic dans les aigus, le constructeur monterait encore le niveau technique.

Il est assez intéressant de constater que les AZ80 semblent piocher çà et là dans les choix musicaux des différents écouteurs haut de gamme. La gestion des très basses fréquences, puissante et ample, sans trop en faire, fait penser à celle des AirPods Pro 2. Le reste oscille entre la scène sonore très vaste des Sennheiser TW3 et la gestion des médiums/aigus (avec quelques modifications) des Sony WF-1000Xm4. Les écouteurs maîtrisent mieux les hautes fréquences que les QC Earbuds II de Bose (plus tranchantes), ces derniers étant en revanche encore un peu plus viscéraux dans les basses.

Dans le haut du panier sonore, les Technics EAH-AZ80 sont tout aussi bons, mais un peu moins équilibrés que les AirPods Pro 2, ce qui leur donne un côté plus expressif, mais un peu moins universel. Au même titre que les écouteurs de Sony ou de Bose, ils font le pari d'un petit déséquilibre sonore afin de se démarquer, ce qui est globalement payant, mais peut nécessiter une égalisation. Quoi qu'il en soit, le passage à un nouveau transducteur permet de faire encore mieux que ce que proposaient les EAH-AZ60. Un très haut niveau technique.

Technics EAH-AZ80 : l'avis de Clubic