Pour une fois, Elon Musk n'est pas responsable des difficultés de son entreprise.
Depuis qu'il a racheté Twitter, Elon Musk n'a pas passé son tour quand il s'agissait de critiquer les décisions de l'ancienne direction, que ce soit en matière de politiques de contenu, de sa vision de la liberté d'expression, ou même des décisions financières. Il a entrepris de tout changer, à commencer par le nom de l'entreprise, mais aussi, à terme, son principe même, puisque d'un réseau social, il aimerait faire de X.com une app à tout faire pour que les utilisateurs n'aient pas besoin d'aller voir sur d'autres sites. Parmi ses projets, faire de X.com une plateforme de transfert d'argent était évidemment l'un des objectifs principaux.
Mais il devra peut-être revoir ses plans. En effet, une famille de Saoudiens, dont des proches ont été emprisonnés par le régime et qui poursuit actuellement X.com en justice, se fait un devoir d'empêcher que cela arrive. Et la récente condamnation de deux ex-employés de Twitter pour espionnage est forcément un argument de poids.
Faire de X.com une « everything app »
À peine deux semaines après avoir pris le contrôle de Twitter, et alors que les premiers employés de l'entreprise faisaient déjà leurs cartons, Elon Musk a présenté son projet pour sauver l'entreprise : inclure presque toutes les activités économiques dans la liste des services de la plateforme. L'objectif était donc d'offrir la possibilité aux utilisateurs d'acheter leurs billets de train ou leurs vêtements directement sur X.com, d'y échanger des cryptos, ou encore, donc, d'y transférer de l'argent. Le projet est même assez avancé, puisque 8 États américains ont déjà accordé des licences bancaires à l'entreprise.
Le concept de l'everything app est sans surprise le rêve humide de nombreux milliardaires de la tech, généralement peu friands de la concurrence, mais le seul véritable exemple en la matière est la plateforme chinoise WeChat, très avancée en matière de services offerts, et de surveillance pour le compte du parti communiste chinois.
Confieriez-vous votre argent à X.com ?
Et justement, sur ce dernier point, X.com est loin d'être exempt de tout reproche. Le réseau a en effet une histoire récente, mais assez fournie de compromission avec les régimes plus ou moins autoritaires. Ses liens avec l'Arabie saoudite sont d'ailleurs clairement établis, le fonds d'investissement du pays ayant participé à l'improbable opération de rachat. La même Arabie saoudite pour le compte de laquelle deux anciens employés de Twitter ont espionné fin 2022. Il leur a notamment été reproché de lever l'anonymisation de certains comptes de dissidents politiques du pays, qui étaient ensuite arrêtés, à l'image d'Abdulrahman Al-Sadhan.
Sa famille est actuellement en procès contre X.com précisément pour ces raisons. Dans une lettre ouverte, entre autres arguments, les avocats de la famille ont réclamé aux régulateurs américains de ne pas accorder davantage de licences bancaires à l'entreprise, et ont même demandé à ceux qui l'avaient fait de revenir sur leur décision. Forcément, citer un cas d'espionnage établi par la justice américaine est un argument qui a des chances de porter.
Source : ArsTechnica, The Guardian