Face aux attentes, Twitter prépare prudemment son entrée en bourse

Ludwig Gallet
Publié le 13 septembre 2013 à 11h54
Twitter va entrer en bourse. La firme s'est fendue d'un tweet pour annoncer une nouvelle attendue depuis des mois. Le site de microblogging mise cependant sur la discrétion, et cherchera sans doute à éviter à tout prix les déboires subis par Facebook au moment de son introduction.

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140 caractères pour une annonce attendue par toute la Silicon Valley. C'est désormais acté, Twitter se prépare à faire son entrée en bourse. La rumeur courait depuis plusieurs mois, le site de microblogging se permettant même de laisser traîner derrière lui quelques indices concordants.

Jeudi soir, Twitter a déclaré avoir transmis à la SEC (Security of Exchange Commission), le gendarme de la bourse américaine, le formulaire S-1, préalable à toute entrée en bourse aux États-Unis. Dans ce document, le site de microblogging doit étayer en détail son modèle économique, son nombre d'utilisateurs ou encore ses perspectives d'avenir. On se souvient que dans le cas de Facebook, la publication de ce formulaire avait permis de mettre en évidence les craintes de Mark Zuckerberg face à la monétisation de son service, et le défi qui attendait le réseau social du point de vue de sa monétisation. Une mission désormais largement accomplie.



Comment ça va se passer ?

Selon des sources confidentielles citées par la chaîne CNBC, c'est la banque Goldman Sachs qui sera chargée de mener à bien cette introduction. Elle avait déjà contribué partiellement au lancement de l'action Facebook, aux côtés de Morgan Stanley et JP Morgan. D'autres établissements financiers pourraient toutefois épauler Goldman Sachs, précise le Wall Street Journal.

Twitter va s'efforcer de ne pas susciter trop de remous médiatiques. Pour y parvenir, il compte sur le Jobs Act, adopté au printemps 2012 par le Congrès américain. Son objectif est simple : favoriser les introductions boursières de sociétés de taille moyenne pour accroître le capital disponible de ces structures pour, à terme, favoriser l'embauche.

Pour y parvenir, Barack Obama propose de garantir le plus longtemps possible une réelle confidentialité dans la préparation de l'introduction boursière. Ce qui permet, par la même occasion, d'épargner les candidats à la cotation de subir les foudres de la spéculation, si dommageables dans le cas de Facebook, du moins pour ses premiers mois au Nasdaq. Paradoxalement, Twitter devient la figure de proue des sociétés ayant opté pour le Jobs Act. Les attentes sont grandes, puisqu'il devient le troisième grand réseau social à passer le cap, après LinkedIn et Facebook.

Éviter les déboires de Facebook

L'une des priorités de Twitter sera sans doute justement de ne pas reproduire l'introduction calamiteuse de la firme de Mark Zuckerberg. À cause d'incidents au Nasdaq, mais surtout d'une fourchette d'introduction largement surévaluée, le titre avait été sanctionné dès la première séance de cotation. Les attentes autour du réseau social ont bondi de jour en jour avant l'introduction, le conduisant à une erreur stratégique : diluer un trop grand nombre d'actions sur le marché, à un prix bien trop élevé (plus de 38 dollars). Ce qui lui a tout de même permis de lever plus de 15 milliards de dollars dans l'opération...

Reste que mois après mois, l'action n'a cessé de dégringoler, atteignant un plus bas historique il y a tout juste un an, à un peu plus de 17 dollars. Depuis, Facebook a largement retrouvé des couleurs, dépassant pour la première fois le 31 juillet sa valeur d'introduction, flirtant avec les 45 dollars.

Quelle valorisation ?

Il est déjà certain que Twitter ne détrônera pas Facebook au palmarès des plus grosses introductions boursières des valeurs Internet. Si la firme a pu opter pour la procédure inscrite dans le cadre du Jobs Act, c'est que son chiffre d'affaires annuel ne dépasse pas le milliard de dollars. Un seuil déjà franchi par Facebook au moment de son lancement au Nasdaq. Selon le cabinet EMarketer, Twitter devrait annoncer un revenu estimé à 583 millions de dollars pour l'année 2013.

Les revenus sont moindres, tout comme le nombre d'utilisateurs. Twitter avance le chiffre de 200 millions d'utilisateurs « réguliers », quand Facebook jouissait de plus de 550 millions d'utilisateurs actifs mensuels au deuxièmes trimestre, celui de son introduction.

De fait, les analystes évoquent pour Twitter une capitalisation environ dix fois moindre que celle de son ainé. Facebook avait dépassé les 100 milliards de dollars, quand les estimations se situent entre 9 et 10,5 milliards de dollars pour le site de microblogging. Ce dernier aurait déjà levé près d'un milliard de dollars au cours de levées de fonds privées, fait savoir la presse spécialisée, citée par l'agence AFP.

Twitter en bourse ? Pas vraiment une surprise

Si toute la Silicon Valley trépignait d'impatience quant à cette annonce, elle ne surprend pas vraiment. Twitter a ces derniers mois multiplié les investissements. Le dernier en date porte sur la société MoPub, spécialisée dans la gestion d'annonces en temps réel (ou Real Time Bidding, ndlr). La transaction s'élevait à 350 millions de dollars. Le réseau social sait qu'il devra rassurer les investisseurs quant à ses capacités de monétisation de son audience. Il avait auparavant renforcé son positionnement sur l'interaction avec les programmes TV en s'offrant Trendrr et Bluefin Labs.

Twitter s'était également permis de laisser fuiter sur les réseaux sociaux des offres d'emplois laissant peu de doutes quant à ses intentions. Le service était notamment parti à la recherche d'un directeur financier, pour le jour « où la firme sera prête à être cotée ». D'autres postes portaient sur les publications des résultats trimestriels. Ce à quoi il faut ajouter le recrutement en mai dernier de Cynthia Taylor, l'une des anciennes responsables de la banque Morgan Stanley.


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Par Ludwig Gallet

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