Après avoir popularisé l'album à prix libre avec Radiohead et « In Rainbows » en 2007, Thom Yorke est à nouveau l'auteur d'une première mondiale en matière de musique dématérialisée. Cette fois il s'est associé à BitTorrent, la société assurant la promotion du controversé protocole d'échange de fichiers, pour distribuer le premier BitTorrent Bundle payant.
Les BitTorrent Bundles sont pour rappel des torrents officiels, référencés par les artistes sur un site dédié, qu'on obtient en échange d'une modeste contrepartie. Des artistes de renommée mondiale tels que Diplo, Madonna ou Moby ont proposé des contenus par ce biais, mais jusqu'à présent la compensation était quelque chose comme le partage de son adresse email et l'inscription à une newsletter.
Le BitTorrent Bundle de « Tomorrow's Modern Boxes », nouvel album incluant 8 morceaux et 1 vidéo, est quant à lui le premier à s'échanger contre de la monnaie sonnante et trébuchante. Il est en l'occurrence vendu 6 dollars, ou 4,73 euros, payables par carte bancaire, PayPal, mais pas (encore) via Bitcoin. BitTorrent encaisse une commission de 10 %.
Pas de DRM, mais pas de FLAC non plus pour le marché dématérialisé
Pour ce prix on obtient des fichiers MP3 à 320 kbps, dépourvus de verrou numérique (DRM), mais le torrent proprement dit est protégé et ne peut être téléchargé qu'un nombre limité de fois, depuis l'ordinateur (ou depuis la connexion ?) duquel le Bundle a été acheté.On aurait pu s'attendre à ce que du FLAC soit proposé, mais la compression sans perte est réservée à la copie numérique accompagnant le seul autre support sur lequel l'album est distribué : le vinyle, vendu la coquette somme de 30 livres sterling directement sur le site Internet de l'artiste.
Une victoire contre le téléchargement illégal
L'album est malgré tout partagé de manière illicite sur plusieurs sites de partage de torrents. Lundi soir on dénombrait 2000 seeders sur The Pirate Bay, 3000 sur KickassTorrents et un peu plus de 6000 snatches sur What.cd, tracker privé sur lequel le FLAC représentait alors un quart des téléchargements.Pour autant le partage illégal semble minoritaire puisque BitTorrent revendiquait alors 440 000 téléchargements.
« L'expérimentation » de Thom Yorke et de son producteur Nigel Godrich, visant à jauger « si la mécanique du système est comprise du grand public, » a donc l'air de porter ses fruits. L'artiste voit en BitTorrent Bundle « un moyen efficace de rendre une partie du commerce en ligne à ceux qui créent, de contourner les gardiens du temple autoproclamés » (les maisons de disque, les distributeurs, en l'occurrence), sans toutefois expliquer comment ils sont supposés se faire connaitre en début de carrière.
On peut écouter un titre issu de l'album puis éventuellement l'acheter depuis cette page.
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