Des milliers de tweets vantant l'engagement environnemental des Émirats arabes unis en vue de la COP 28 ont été identifiés comme provenant de faux comptes.
Si les auteurs de cette campagne de désinformation par Twitter n'ont pas officiellement été identifiés, il sape le potentiel travail autour de la COP 28.
Déjà que la présidence est assurée par un magnat du pétrole…
Vous serez sans doute étonné d'apprendre que de la désinformation circule sur Twitter (non). Mais après les publicités politiques, ou encore les faux comptes certifiés parmi d'autres faits d'armes, ce sont désormais de faux agents pro-Émirats arabes unis (EAU) qui sévissent depuis plusieurs mois sur le réseau social à l'oiseau bleu. Leur but est de vanter les mérites de l'action environnementale du pays qui doit accueillir, du 30 novembre au 12 décembre 2023, l'un des grands rendez-vous climatiques mondiaux qu'est la COP 28.
Le pays est déjà critiqué pour avoir placé à la présidence de la COP 28 le sultan Ahmed Al Jaber, accessoirement P.-D.G du groupe Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC). De fait, vous comprendrez qu'en confiant la présidence d'un tel événement au dirigeant d'un groupe pétrolier, on frise la marée noire.
Mais au-delà de ces considérations, c'est un problème tech qui mêle à nouveau les Émirats arabes unis à l'actualité. En effet, plus de 100 profils Twitter ont été identifiés par différents acteurs, notamment le Climate Action Against Disinformation (CAAD), un collectif d'organisations non gouvernementales traquant la désinformation au sujet du changement climatique. Ils sont accusés de promouvoir l'action climatique des EAU sans fondement réel.
Les profils ont en commun d'être principalement identifiés comme féminins, ce qui leur a valu le surnom de « blondes américaines », car celles-ci se réclament généralement de nationalité américaine tout en résidant aux Émirats arabes unis. Plus encore, leurs photos de profil sont considérées comme soit issues de banques d'images, soit générées à l'aide de l'intelligence artificielle. L'une des photos traquées sur Twitter par Marc Owen Jones, professeur associé au sein de l'université Hamad bin Khalifa de Doha (Qatar), portait d'ailleurs un bandeau indiquant que l'image avait été créée par l'IA. Un chercheur de l'université d'Exeter, en Angleterre, spécialisé en informatique, Diego Pacheco, a en plus de cela déclaré à l'AFP que ces profils étaient d'autant plus « inauthentiques » que les biographies rédigées sur ces mêmes profils changeaient fréquemment dès lors qu'ils étaient signalés.
Sans surprise, le comité d'organisation de la COP 28 plaide non coupable
Signalés à Twitter, qui a notamment annoncé décupler sa lutte contre les bots, la centaine de profils repérés a longuement sévi, avec pas moins de 30 000 tweets à leur actif. Le réseau social en a finalement suspendu certains, mais d'autres sont parvenus à échapper aux radars en changeant leur nom d'utilisateur et leur biographie.
Ce nouvel exemple d'astroturfing ne proviendrait pas des organisateurs de la COP 28, selon un porte-parole de l'événement. Celui-ci a déclaré que « ces [faux comptes] sont générés par des acteurs extérieurs sans liens avec la COP 28 et sont clairement conçus pour discréditer la COP 28 et le processus de changement climatique ». Il ajoute que les organisateurs de l'événement ont même pris part à la campagne de signalement des faux profils sur Twitter. Une fois encore, prenez le temps de vérifier les informations que vous pouvez lire, qui plus est sur les réseaux sociaux.
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Sources : The Guardian, BFMTV