Le 17 novembre dernier, le Bitcoin a furtivement atteint les 503 dollars sur la plateforme Mt Gox. Une première pour cette monnaie virtuelle lancée en 2009. Si ce pic record n'est pas resté d'actualité très longtemps, il marque un tournant pour la crypto-monnaie, qui parvient à atteindre des sommets en faisant fi des cambriolages virtuels et autres fermetures de places de marché, comme Silk Road.
Après la fermeture de ce site controversé début octobre, le Bitcoin a vu son cours chuter très violemment, passant sous les 80 dollars. En un peu moins d'un mois et demi, la monnaie a multiplié par plus de 8 fois sa valeur, démontrant non seulement sa capacité à rebondir et son caractère résolument volatile. Selon les économistes, les fluctuations du Bitcoin, associé à son caractère rare - seulement 12 millions d'unités environ circulent actuellement - sont responsables de la hausse du cours.
« Il y a beaucoup de gens qui découvrent le Bitcoin actuellement, avec des articles de presse, et y voient une diversification de leur patrimoine » nous explique Philippe Herlin, chercheur en finance. « La hausse survenue depuis octobre peut s'expliquer par le fait que la vision de cette monnaie a changé : avant la fermeture de Silk Road, on associait facilement le Bitcoin à un usage illégal. Mais si le cours du Bitcoin a réagi à la baisse face à cette annonce, le lendemain, il était revenu à la normale : en ne s'effondrant pas, la monnaie a prouvé qu'elle n'était pas uniquement commandée par des trafics illicites. Ca a donné confiance aux gens. »
Pour l'expert, « Le Bitcoin est une sorte d'or numérique, car on ne peut pas imprimer l'or : il n'y aura jamais de planches à billets pour le Bitcoin, sa quantité est limitée, aucune entité gouvernementale ne pourra prendre le contrôle dessus. Pour beaucoup, c'est plus sûr que les banques. » Et forcément, les attraits du Bitcoin attirent de nouveaux adeptes : « Il y a un afflux de nouveaux utilisateurs, donc le cours explose ».
Une adoption de plus en plus importante, mais pas sans risque
Réservé aux internautes les plus avertis il y a encore peu de temps, le Bitcoin se démocratise donc de plus en plus, creusant sa rareté... et ce qui est rare est cher. Ce pic historique s'inscrit dans une actualité riche, puisque plusieurs organismes-clés du gouvernement américain comme la Securities and Exchange Commission ou le Department of Justice, ont considéré ce week-end le Bictoin comme « offrant des avantages légitimes », tout en n'écartant cependant pas les risques liés à cette crypto-monnaie.
Et les risques sont grands : outre le caractère très fluctuant du cours du Bitcoin, les dangers liés au piratage, mais également plus simplement aux escroqueries, sont légions. Outre la mésaventure vécue par les utilisateurs du porte-monnaie virtuel Inputs début novembre, on peut noter la récente fermeture brutale de la plateforme de changes Global Bond Limited, emportant avec elle l'équivalent de 20 millions de yuans (2,4 millions d'euros) en bitcoins. Dans ce genre de situation les spéculateurs perdent tout, et n'ont aucun moyen de récupérer leur argent, car le Bitcoin n'est pas reconnu comme une véritable monnaie. Ironie de la situation : l'adoption massive du Bitcoin en Chine était justement pointée du doigt quelques jours plus tôt pour expliquer les records du cours de cette monnaie virtuelle.
En somme, si le Bitcoin semble capable de se relever de ses mésaventures, il n'est pas sans danger pour ses adeptes, et attire, succès oblige, de plus en plus de personnes mal intentionnées. Avant de se laisser séduire lors de la prochaine chute du cours, il faut donc bien avoir à l'esprit le caractère 100% virtuel de cette monnaie pas comme les autres.
Pour aller plus loin :
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