Les start-up du Camping saison 3 ont terminé leur incubation

Thomas Pontiroli
Publié le 28 novembre 2012 à 16h30
Soumises à une intense séance de préparation depuis six mois maintenant, les douze start-up sélectionnées par le Camping ont terminé leur phase d'accélération. Si la plupart ont déjà des clients, le plus dur reste à prouver pour des sociétés en recherche de fonds pour la plupart.

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Le rideau se ferme sur la saison 3 du Camping. Après six mois passés dans l'accélérateur de start-up parisien, l'heure est venue pour les douze sociétés de tirer le bilan. « Quand on est arrivés au Camping, on a pris une grosse baffe », raconte Thomas Olivier, fondateur d'Explee, un site permettant de générer des vidéos explicatives animées. « Ils nous ont forcé à voir ce qu'on ne voulait pas voir », reconnaît-il encore.

Pour mettre à l'épreuve les projets, dans le but de les renforcer au maximum, le Camping articule sa démarche autour de trois axes : le « data driven », qui sert à objectiver les approches pour dépasser l'intuition de départ et s'auto-évaluer, le « lean start-up », une méthode pour tester un produit par succès/erreur jusqu'à ce qu'il soit satisfaisant et enfin la collaboration, afin de faire jouer à plein la complémentarité des compétences entre les équipes réunies dans la même pièce.

« Avant, on envisageait toutes les opportunités pour améliorer notre produit », se souvient Morgan Giraud, d'Explee, « mais ces six mois nous ont permis de nous concentrer vraiment sur un seul produit ». Un cheminement qui ne s'est pas fait sans remises en question, se rappelle-t-il encore. « Pendant les deux premières semaines, on a plus de trente mentors qui nous demandent de présenter notre projet en 30 secondes. En retour, chacun apporte sa vision, ce qui donne parfois l'impression de pouvoir basculer à 360 degrés mais au final, on consolide note socle ».

Jean-François Chianetta, arrivé de Belgique voilà six ans, et fondateur du service de réalité augmentée baptisé Augment, considère que l'enjeu était de transformer une simple bonne idée en vrai projet d'entreprise avec son modèle économique : « Je n'avais pas de contacts ni d'associés, mais en fréquentant le milieu des start-up, j'ai rencontré Mickaël et Cyril qui se sont joints au projet. Quand on a intégré le Camping, ça s'est fait un vendredi, et on a quitté nos boulots le lundi d'après ! » Depuis, il se félicite d'avoir pu bénéficier du réseau mis à sa disposition par l'accélérateur pour obtenir des clients.

Des entrepreneurs plus jeunes que la moyenne

Afin de se faire une idée du profil des entrepreneurs, Marie-Vorgan Le Barzic, déléguée générale de Silicon Sentier, qui chapeaute le Camping, a donné plusieurs informations. Agés de 28 ans en moyenne - contre 33 ans à Paris et 36 ans dans la Silicon Valley -, ce sont des hommes dans 96% des cas. Les fondateurs d'une même start-up se connaissent généralement depuis quatre ans, certains depuis l'enfance. Un peu plus de la moitié savent programmer, 40% ont déjà eu une expérience dans une start-up et presque tous sont diplômés d'un master.

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Marie-Vorgan Le Barzic - Silicon Sentier.
La fin de cette troisième saison est aussi l'occasion pour les organisateurs de dresser un bilan des deux premières, au sujet desquelles des données significatives commencent à émerger. Selon Marie-Vorgan Le Barzic, à l'issue de leur passage au Camping, 60% ont des clients. Autre fait : 65% ciblent le B2C - le grand public. « Le fait que la plupart soient jeunes et n'aient pas eu de véritable expérience dans une grande entreprise peut expliquer cette tendance. En effet, ils n'ont pas pu cerner les besoins B2B, des professionnels, et donc offrir des solutions sur ce secteur », souligne la déléguée générale de Silicon Sentier.

D'ailleurs, l'un des seuls à avoir articulé son projet autour d'une problématique B2B, Alexandre Eisenchteter, 37 ans et dix ans d'expérience professionnelle, est le plus âgé de cette saison 3. Sa start-up, Stormz, propose une application de travail collaboratif en temps réel se voulant beaucoup plus réactive qu'un réseau social d'entreprise.

Des fonds provenant autant de France que de l'étranger

Concernant les levées de fonds, les entrepreneurs de la saison 1 ont réussi à recueillir 3,2 millions d'euros au terme de cinq levées. Ceux de la saison 2 ont mené sept levées de fonds pour un total de 1,8 million d'euros. Dans 50% des cas, ces fonds viennent des États-Unis et du Royaume-Uni. Aujourd'hui, un tiers de ces sociétés tourne sur des fonds propres, « cela signifie qu'elles ont suffisamment de clients pour se développer », précise Marie-Vorgan Le Barzic. Enfin, 20% des sociétés de la première saison ont jeté l'éponge, et 8% de ceux de la deuxième. « Ils ont rejoint d'autres équipes ou d'autres entreprises de l'écosystème des start-up », précise la représentante de Silicon Sentier.

Ce que l'on appelle un « fail fast » (échec rapide), trouve souvent son origine, témoigne Alice Zagury, manager au Camping, dans le fait que « l'entreprise n'a pas rencontré son marché ». Une autre explication est à trouver dans l'équipe elle-même. « Parfois, un manque de cohésion fait exploser l'équipe, surtout lorsqu'elle a moins de six mois. Des conflits sous-jacents peuvent ressortir et faire achopper le projet », explique-t-elle encore. Selon elle, « le Camping est là pour les ramener à la réalité. On ne peut pas se mentir à soi-même et faire comme si tout allait bien ».

« Même si des articles de journaux parlent de nos start-up, cela ne leur apporte rien sinon un peu de prestige », souligne Alice Zagury. Selon elle, « seulement une société sur cent est promise à un avenir exceptionnel dans cinq ans. Mais l'essentiel est le chemin parcouru et pas forcément la finalité. Si cela ne marche pas, l'expérience acquise dans ces start-up doit être réinvestie ».


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