Pour protester contre des conditions de travail très critiquées, des salariés Amazon ont lancé une campagne de syndicalisation aux USA.
Alors que la croissance d'Amazon semble inaltérable, son nombre d'employés a plus que doublé au cours des trois dernières années, à tel point que l'entreprise de Jeff Bezos a franchi la barre des 600 000 salariés dans le monde, comme elle a pu l'indiquer lors de son dernier bilan trimestriel. Et ce chiffre ne tient pas compte des 100 000 « contractors », ces intérimaires qui garnissent les rangs de la société pendant les fêtes de fin d'année. Aux États-Unis, les relations entre employés et employeur ne sont pas au beau fixe, et le processus de syndicalisation des employés est en marche.
Amazon, trop grand pour écarter la syndicalisation
Le 12 décembre 2018, et seulement quelques mois après l'ouverture d'un premier centre de distribution Amazon à New-York, à Staten Island précisément, les travailleurs américains ont lancé une campagne syndicale, épaulés par le syndicat des détaillants, des grossistes et des grands magasins. « Amazon est une très grande entreprise. Ils (les salariés) ont besoin d'un syndicat mis en place », déclare un employé du géant américain, embauché il y a deux ans et muté à Staten Island en octobre 2018.Ce même salarié dénonce des conditions de travail pénibles, aux conséquences parfois désastreuses : « Ils vous surmènent et vous êtes comme un numéro. Pendant la haute saison, ils vous font travailler 60 heures par semaine. En juillet, j'avais la semaine Prime et je bossais 60 heures. Le jour même où j'ai effectué des heures supplémentaires, j'ai eu un grave accident de voiture parce que je m'étais endormi au volant », clame-t-il.
À Staten Island, un employé Amazon doit ramasser 400 articles par heure
Au centre de distribution de Staten Island, un préparateur de commandes doit ramasser 400 articles à l'heure, en choisissant un article toutes les sept secondes. Les salariés du centre ajoutent que pour garder le rythme imposé par l'employeur, ils ne peuvent pas prendre de pause pour aller aux toilettes, au risque de s'attirer les foudres de leur hiérarchie. À la fin du mois de novembre, nous vous rapportions un rapport qui accablait l'entreprise Amazon, accusée de maltraitance envers ses salariés, et qui confirme l'impression de surmenage de nombre d'entre eux.Toujours est-il que cette démarche de syndicalisation, très suivie aux États-Unis, qui pourrait améliorer réellement le statut des employés Amazon. Elle fait écho au mouvement « We Are Not Robots » (« Nous ne sommes pas des robots »), né de plusieurs manifestations partout en Europe, à l'occasion du Black Friday du mois de novembre.