Pour la deuxième année consécutive, Tim Cook a lancé la conférence D11 du blog tech All Things Digital. En un an, la donne a bien changé pour Apple, avec une concurrence de plus en plus féroce, les déboires boursiers, des pratiques fiscales pointées du doigt et des doutes persistants quant aux capacités d'innovations de la firme. Tim Cook n'a éludé aucun sujet, se disant assez serein quant à l'avenir d'Apple.
« Nous pensons produits »
Apple n'a pas lancé de nouveaux produits depuis octobre 2012. Un défaut d'innovations avancent certains analystes, qui expliquerait en partie la chute de l'action depuis le 21 septembre dernier, date de la présentation de l'iPhone 5. Pas de quoi s'affoler selon Tim Cook, qui préfère réaffirmer la priorité donnée à la satisfaction des consommateurs. « Nous sommes une entreprise de produits et nous pensons produits ».
Pour lui, la concurrence toujours plus forte de Samsung ne change pas la donne. Il affirme que la firme y a toujours été confrontée, comme ce fut le cas avec Microsoft sur le marché des ordinateurs par exemple. Et si Samsung domine aujourd'hui le marché des smartphones, cela ne fait pas tout, assure-t-il. « Nous avons vendu 85 millions d'iPhone et 42 millions d'iPad (sur les six derniers mois, ndlr). Mais au-delà des chiffres, les consommateurs aiment nos produits. Nos taux de satisfaction ont atteint des niveaux sans précédent ».
Nombre d'analystes et investisseurs attendent aujourd'hui qu'Apple impose de nouveaux produits, comme il a si bien su le faire par le passé. Tim Cook affirme disposer de « plans incroyables » pour l'avenir, assurant qu'Apple demeure une firme innovante, capable de révolutionner le marché.
Un intérêt toujours fort pour la télévision
Pour y parvenir, Cupertino pourrait par exemple investir massivement dans la télévision. Tim Cook n'a jamais caché son intérêt pour le secteur. Le dirigeant tiens d'ailleurs à rappeler que les ventes de l'Apple TV ne cessent de croître dans le monde, et ce sans profiter d'une campagne publicitaire massive. Il explique ainsi que 13 millions de boîtiers se sont vendus dans le monde, dont la moitié l'an dernier.
« Si vous regardez l'usage qui est fait de la télévision, il n'est pas forcément apprécié par les utilisateurs ». Pour Tim Cook, l'usage de la télévision n'est tout simplement pas adapté à notre époque. Tout en refusant de dévoiler ses plans en la matière.
Tim Cook pas vraiment emballé par les Google Glass, mais...
Le patron d'Apple semble en revanche moins emballé par les lunettes connectées. Pour lui, les Google Glass présentent « quelques points positifs » et pourraient bien plaire à certains marchés. Mais la probabilité qu'il s'impose auprès du grand public reste difficile à évaluer, estime Tim Cook.
« Je porte des lunettes parce que j'y suis contraint. Je ne sais pas si beaucoup de gens accepteraient d'en porter alors qu'ils n'y sont pas obligés ».
Pour autant, les vêtements connectés ont un réel avenir, ajoute-t-il. Mais « pour convaincre les gens de porter quelque chose, il doit être incroyable ». Tim Cook trouve en revanche davantage d'intérêt à porter des objets au poignet. Les rumeurs selon lesquelles Apple travaillerait à une montre connectée courent depuis plusieurs mois. Mais le dirigeant n'a pas pour autant souhaité préciser si oui ou non, il comptait se lancer à court terme dans le « Wearable Computing ».
Ouvrir iOS aux développeurs tiers ?
Il est souvent reproché à Apple de se refermer autour de ses services, au détriment des consommateurs. D'autant plus qu'en face, Android et son écosystème ouvert gagne toujours plus de parts de marché.
Devant ce constat, Tim Cook a laissé entendre qu'Apple pourrait quelque peu revoir sa politique. « S'agissant de l'ouverture des API, je pense que vous verrez nous ouvrir davantage à l'avenir ». À (long) terme, Apple pourrait donc permettre à certains développeurs tiers de fournir des fonctionnalités supplémentaires sur iOS. Tim Cook assure cependant vouloir prendre les plus grandes précautions pour éviter que des tiers ne viennent dégrader le bon usage de ses terminaux pour les consommateurs.
Facebook Home pourrait visiblement faire partie de ces mauvais exemples. « Les clients paient Apple pour que nous fassions des choix à leur place. J'ai vu des images, je ne suis pas sûr que c'est ce dont ils ont envie », s'est-il expliqué.
Un rapprochement entre Facebook et Apple visant à intégrer davantage le réseau social avait pourtant été évoqué l'an dernier par Tim Cook lui-même, toujours dans le cadre de la conférence All Things Digital. Il semblerait qu'il ait, entre temps, changé d'avis.
Une législation fiscale obsolète
Arrivent ensuite les questions plus politiques, stratégiques. Le 21 mai, Tim Cook a été reçu au Sénat américain pour s'expliquer sur les pratiques opérées par la firme en termes d'optimisation fiscale. Les montages complexes mis en oeuvre par Apple lui auraient permis d'économiser 74 milliards de dollars entre 2009 et 2013, dus en principe au fisc américain.
Tim Cook a tenu à rappeler qu'Apple était le plus gros contribuable des États-Unis, avec six milliards de dollars d'impôts payés l'an dernier. Il insiste sur l'obsolescence de la législation fiscale américaine, qui mériterait selon lui d'être remaniée. Ce qui permettrait à Apple de rapatrier ses liquidités aux États-Unis. Rappelons que la firme dispose d'un véritable trésor de guerre de 156 milliards de dollars placés bien au chaud dans les paradis fiscaux, notamment aux Bermudes.
Interrogé sur l'affaire de l'entente sur les prix du livre électronique, Tim Cook a assuré vouloir se battre « jusqu'au bout ». À l'approche du procès, le p-dg d'Apple a déclaré n'avoir aucune intention de trouver un règlement à l'amiable avec le gouvernement américain sur la question.
Management : des changements, pas de révolution post-Jobs
En octobre dernier, Apple avait complètement remanié son organigramme stratégique, en se séparant notamment de Scott Forstall, responsable jusqu'alors du développement d'iOS. Depuis son arrivée à la tête d'Apple , Tim Cook a délégué nombre de fonctions autrefois assurées par Steve Jobs. Parmi les principaux bénéficiaires, Jonathan Ive, responsable design du hardware et du software, Edie Cue, le responsable des services internet ou encore Phil Schiller, chef marketing.
Ces choix ont été menés à bien pour accroître la collaboration entre les services. le développement d'iOS et de Mac OS ont par exemple été confiés entre les mêmes mains, dans l'objectif de voir les deux systèmes se rapprocher de plus en plus.
Mais Tim Cook l'assure, si son style « diffère de celui de Steve Jobs », les deux partagent la même vision pour faire perdurer la culture Apple.