La société chinoise Huawei est accusée par le FBI d'avoir tenté de subtiliser la technologie d'une protection d'écran en verre pour smartphone. Une opération a même été menée durant le dernier CES.
L'affaire qui oppose Huawei aux États-Unis, qui a largement dépassé le simple cadre de la technologie en prenant une dimension politique, a connu un nouveau rebondissement ce lundi, après la révélation par Bloomberg d'une accusation portée par le FBI à l'encontre du géant chinois.
Une protection d'écran de smartphone déclenche l'affaire
Tout démarre en 2017. À l'époque, Huawei apprend qu'une start-up américaine, Akhan Semiconductor Inc, vient de mettre au point un toute nouvelle protection en verre pour smartphone, fabriquée en partie à base de diamants, et qui serait bien plus résistant aux rayures que les protections traditionnelles et le Gorilla Glass. La Réglementation américaine sur le trafic d'armes au niveau international (Traffic in Arms Regulations ou ITAR) régit l'exportation de matériaux destinés à la défense... dont le diamant fait partie. « Miraj Diamond Gloss » intéresse la société chinoise, qui demande alors à Adam Khan, son inventeur, de lui envoyer un échantillon au laboratoire de la firme, à San Diego. Ce que Akhan accepte.En août 2018, Akhan récupère son échantillon dans un état sérieusement endommagé. Soupçonnant Huawei d'avoir tenté de voler sa technologie, Khan est alors contacté par le FBI qui l'associe à l'enquête en cours sur la firme chinoise. Le 10 décembre 2018, un échange téléphonique entre Khan et un membre important de Huawei est enregistré.
Huawei pris au piège par le FBI à Vegas
Las Vegas, CES 2019. Sur place, le FBI demande à Akhan et à son directeur des opérations, Carl Shurboff, d'organiser une réunion avec des représentants de Huawei. Shurboff est alors équipé de micros et de dispositifs de surveillance, qui permettent aux agents fédéraux de ne rien manquer du rendez-vous, scruté par un journaliste de Bloomberg.Durant la réunion, les représentants de Huawei nient avoir enfreint la réglementation en matière de propriété intellectuelle américaine. La société assure également ne rien savoir sur le fait que l'échantillon est revenu en mauvais état. Huawei a depuis réaffirmé son intérêt pour la technologie d'Akhan Semiconductor. Le FBI, de son côté, doit décider s'il va poursuivre ou non la firme de Shenzhen pour vol de technologies aux États-Unis. Ce qui se passe à Vegas ne reste visiblement pas tout le temps à Vegas.
Notons que fin janvier, les USA ont déposé deux actes d'accusation contre Huawei pour conspiration et vol de secrets commerciaux. L'affaire portée par le FBI, elle, est bien distincte de ces derniers, et pourrait un peu plus compliquer la situation de Huawei, dont l'activité d'équipementier de la 5G est remise en cause dans plusieurs pays.