Il ne fait pas bon être fabricant d'électronique grand public, au Japon, en 2012. Dans la même veine que Sharp, qui a publié une perte de 723 millions d'euros, Panasonic mesure l'étendue des dégâts. Et ils sont historiques. Sur les six premiers mois de son exercice fiscal 2013, d'avril à septembre, le groupe nippon fait état d'une perte nette de 6,6 milliards d'euros (685,2 milliards de yens). L'année dernière déjà, sur la période, le groupe avait cédé 1,3 milliard d'euros. De l'aveu même du p-dg, Kazuhiro Tsuga, « la situation est bien pire qu'anticipé ».
Sur l'année, le bilan sera très sombre. Panasonic s'attend à une perte pour l'exercice complet (avril 2012 - mars 2013) de l'ordre de 7,6 milliards d'euros (765 milliards de yens). Et ce, alors que le groupe avait déjà perdu 7,4 milliards d'euros l'année dernière, notamment en raison des énormes charges de restructuration - Panasonic avait supprimé 39 000 emplois pour tenter de réduire ses coûts. Dans la foulée, l'agence de notation Standard & Poor's a abaissé la note de la société de deux crans (BBB). Un scénario catastrophe surprenant étant donné que le groupe prévoyait initialement de finir l'année en positif, avec un bénéfice d'environ 480 millions d'euros.
Sur les six mois échus, les ventes ont glissé de 9%, d'année à année, pour s'établir à 35 milliards d'euros, contre 38,3 milliards en 2011. Le marché intérieur a perdu 8% à 18 milliards, un peu moins affecté que l'international, en repli de 11%, à 16,9 milliards. La branche AVC Networks, regroupant les téléviseurs LCD, les lecteurs/enregistreurs DVD et Blu-ray et les appareils compatibles cartes SD, a fondu de 24% sur un an pour atteindre 6,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires. « Ce résultat est dû à un recul significatif des ventes de téléviseurs LCD, de lecteurs Blu-ray et de caméscopes numériques », commente Panasonic.
Recul aussi pour la division Systems et Communications, qui concerne les activités de téléphonie de l'entreprise. Avec 3,4 milliards d'euros de recettes sur le premier semestre, c'est 12% de moins que l'année passée à la même époque. Ici, Panasonic fait valoir la chute des ventes de mobiles, segment sur lequel il a annoncé vouloir réduire la voilure, le 29 octobre. Loin de ses objectifs 2012 sur le continent européen, la firme japonaise a décidé de s'en retirer, un peu plus de six mois à peine après y être revenue. La société serait aussi en restructuration au Japon sur ce segment et envisagerait par ailleurs de former des partenariats pour réduire ses coûts. Sur le secteur des écrans LCD, ajoutons que Panasonic va se séparer d'une usine en République tchèque, d'ici décembre, avec 590 licenciements à la clé.
Comme ses compatriotes Sony et Sharp, Panasonic subit de plein fouet la concurrence sud-coréenne et taïwanaise. Par ailleurs, la société éprouverait des difficultés à rentabiliser l'absorption de ses anciennes filiales, Sanyo et Panasonic Electric Works, respectivement dédiées aux technologies photovoltaïques et aux équipements pour les bâtiments. Des obstacles qui n'auront pas disparu d'ici la fin de l'exercice 2013, au terme duquel Panasonic envisage un chiffre d'affaires en repli annuel de 10%, à 70 milliards d'euros.