Le patron du moteur de recherche respectueux de la vie privée, Éric Léandri, soutient l'Union européenne dans son entreprise de directive sur le droit d'auteur et prend d'ores et déjà de sérieux engagements.
La semaine prochaine pourrait bien être déterminante pour la directive copyright. La réforme du droit d'auteur travaillée depuis de longs mois par l'Union européenne doit être votée dans quelques jours par le Parlement. En attendant, beaucoup d'acteurs ont leur mot à dire sur la question. C'est le cas d'Éric Léandri, le fondateur du moteur de recherche européen Qwant, qui a accordé un entretien à nos confrères des Échos, dans lequel il revient sur la directive, qui doit offrir un meilleur équilibre entre les ayants-droit et les plateformes de services.
Qwant soutien la réforme du droit d'auteur
Pour Éric Léandri, la directive copyright est le seul texte pouvant permettre une rémunération des éditeurs de presse par les géants américains, Google en tête. « Nous n'aurons pas d'autres occasions de faire passer ce texte avant au moins quatre ans », prévient-il. Pourtant, l'ingénieur reconnaît volontiers que l'article 13 - celui qui veut protéger les ayants-droit sur Internet en incitant les grandes plateformes à négocier des accords avec les titulaires des droits d'auteur - n'est pas parfait.« Cet article effraie les défenseurs d'un Internet libre, dont nous sommes, car il impose à toutes les plateformes, sauf les très petites, de repérer les contenus protégés qui seraient indexés illégalement ». Avec les technologies de filtrage, comme ContentID de Google, les Gafa « récupéreraient les données sur les internautes et surveilleraient les business des acteurs plus petits », redoute le patron de Qwant.
Léandri propose la création d'une plateforme publique open source
En marge de la directive, Éric Léandri propose la création d'une plateforme publique open source, libre et ouverte, qui inciterait les producteurs de contenus comme les auteurs ou les photographes, à déposer leurs contenus textes, photos ou vidéos. Cela permettrait aux acteurs de l'Internet de « la consulter pour savoir si les contenus qu'elles utilisent sont libres de droits, ou pas ». Techniquement, l'ingénieur corse d'origine voit ça simplement : il suffit d'envoyer la photo que l'on souhaite utiliser, et on sait directement si celle-ci est libre, ou non.Léandri veut éviter de devoir passer par une surveillance généralisée et surtout de devoir payer Google pour utiliser son ContentID, l'outil de la firme de Moutain View qui aide les titulaires de droits d'auteur à identifier et à gérer leur contenu sur YouTube.
Qwant est prêt à payer les éditeurs de contenus
Preuve du soutien qu'il apporte à la directive sur le droit d'auteur, Éric Léandri se dit prêt, sans même attendre le vote du Parlement européen, à « commencer à rémunérer les éditeurs de contenus, donc les journaux pour les textes, les photographes pour les photos, les éditeurs de vidéo et de musique que notre moteur de recherche indexe ».Chaque mois, le dirigeant indique déposer une somme sur un compte, permettant de prévoir les futurs paiements destinés aux éditeurs de contenus. « J'insiste, je peux commencer à rémunérer les éditeurs dès demain matin en fonction de l'audience, du nombre de clics que font leurs articles de presse, leurs vidéos etc. sur Qwant. Qu'ils m'envoient un RIB ! », a-t-il lancé. Le message est passé.
Concernant le montant potentiel reversé aux éditeurs, Léandri n'en dit pas plus et attend le vote de la directive. Mais il considère la presse comme un pilier de la stratégie de Qwant : « Elle est au cœur de mon business : c'est 40 % des recherches des internautes et cela nourrit les recherches [...]. Ce qui fait vivre Internet, c'est la presse ! Qwant et Qwant News, sans la presse c'est ''Qwant no news'', pareil pour Google News ».