Désindexation des sites illégaux: et si Google et les majors facilitaient le piratage ?

Audrey Oeillet
Publié le 05 avril 2013 à 14h43
Lancé en août 2012, le système de désindexation des sites de piratage sur Google est aujourd'hui au coeur d'une problématique absolument rocambolesque : les ayants-droit demandent en effet à la firme de Mountain View de désindexer les pages qui publient les demandes de désindexations... car ces dernières affichent les liens éligibles à une suppression, et constituent donc de véritables mines de liens vers des sites pirates.

00FA000005105912-photo-logo-google-search.jpg
C'est le serpent qui se mord la queue, une boucle sans fin ou encore le mythe de Sisyphe illustré : en envoyant à Google des demandes de désindexations de liens qui proposent des copies pirates de leurs œuvres, les ayants-droit contribuent, au final, à la mise en place de bases de données d'URL permettant de télécharger du contenu illégal. Un constat absurde, et pourtant véridique, mis en avant par Torrent Freak.

Petit rappel des faits : en août 2012, Google annonce une modification de l'algorithme de son moteur de recherche, visant principalement à faciliter le déclassement des sites qualifiés de pirates : une page signalée comme contenant des éléments illégaux par un ayant-droit se retrouve ainsi, depuis, déclassée des résultats du moteur.

Jusqu'ici, tout va bien, et même si certains ayants-droit reprochaient encore récemment à Google de « ne pas faire assez d'effort », la méthode était approuvée par les majors. Mais, récemment, un problème lié à la méthode de demande de désindexation est apparu : les demandes des ayants-droit, qui doivent passer par un formulaire géré par le Digital Millennium Copyright Act (DMCA) pour réaliser une requête auprès de Google, sont disponibles en ligne. Or, ces demandes contiennent la totalité des liens accusés d'encourager le piratage.

Certains sites, comme Chilling Effects, les publient en totalité, créant ainsi malgré eux des bases de données de liens que les ayants-droit voudraient, en toute logique, faire disparaître. Pour cette raison, ces derniers demandent à Google de supprimer les pages Web qui listent les demandes de suppression, alors que les sites n'ont rien de plateformes pirates. Le site Torrent Freak pointe la situation du doigt en montrant Chilling Effects présent parmi des sites illégaux dans une demande de la Fox.

05890652-photo-fox-chilling.jpg

Une situation paradoxale et potentiellement sans fin, qui pourrait cependant résulter de l'automatisation des demandes : les ayants-droit utilisent en effet des robots qui explorent le Web à la recherche des sites proposant du contenu pirate, qui ont une tendance assez élevée au faux positif. Dans l'immédiat, il semblerait que Google n'applique pas ce type de demande, le moteur de recherche disposant d'une liste de sites à ne pas déclasser.

Reste que le constat permet de mettre en avant le fait que, si les sites sont déclassés de Google, ils sont presque rendus encore plus faciles d'accès par ces listes « légales ». On imagine que des développeurs pourraient très bien les récupérer automatiquement pour constituer une base de données de sites pirates, avec l'aide indirecte des ayants-droit eux-mêmes. Ou comment tendre le bâton pour se faire battre...
Audrey Oeillet
Par Audrey Oeillet

Journaliste mais geekette avant tout, je m'intéresse aussi bien à la dernière tablette innovante qu'aux réseaux sociaux, aux offres mobiles, aux périphériques gamers ou encore aux livres électroniques, sans oublier les gadgets et autres actualités insolites liées à l'univers du hi-tech. Et comme il n'y a pas que les z'Internets dans la vie, j'aime aussi les jeux vidéo, les comics, la littérature SF, les séries télé et les chats. Et les poneys, évidemment.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles