L'offre française n'a rien à envier à Project Fi
Sur le plan commercial, Project Fi se compose d'un forfait de base et d'un volume d'Internet variable. Comme la plupart des forfaits américains, et à des prix en phase avec la concurrence. Fi se distingue néanmoins avec quelques subtilités. Avec le forfait de base à 20 dollars par mois, les appels sont illimités en national, et les messages le sont à l'international. C'est monnaie courante en France, mais pas outre-Atlantique.L'Internet est par ailleurs plus ou moins à la carte : l'abonné choisit un volume compris entre 1 et 10 Go pour 10 dollars par gigaoctet, mais il est remboursé à la fin du mois pour ce qu'il n'a pas consommé, au dollar et donc à 100 Mo près. C'est un forfait ajustable à posteriori, qui incite certainement l'utilisateur à consommer plus. La gestion du forfait devrait comme attendu passer par une application maison.
Le premier point distinctif du forfait, toujours sur le plan commercial, c'est qu'il est sans mobile (ou presque, comme nous le verrons plus loin) et sans engagement. Ces forfaits sont désormais majoritaires en France, mais ils sont quasi inexistants aux USA.
Le deuxième, c'est que le forfait est international. À l'étranger, les appels sont facturés 20 centimes la minute, mais les messages sont illimités et surtout, l'Internet est facturé le même prix aux États-Unis que dans une centaine de pays. La connexion est toutefois plafonnée à 256 kb/s à l'étranger. Sur ce point Google fait un peu mieux que les opérateurs français, qui n'incluent l'itinérance (certes à plein débit) qu'en Europe.
Mais Google met aujourd'hui en œuvre les technologies de demain
Jusqu'à ce stade, l'offre française n'a pas grand-chose à envier à Project Fi. Google prend néanmoins de l'avance sur le plan technique, en mettant en œuvre les dernières technologies.Project Fi est pour commencer un opérateur virtuel multi-réseaux. Ce qu'était Virgin Mobile, qui permettait à ses abonnés de changer occasionnellement de réseau hôte, jusqu'à son rachat par Numericable-SFR. Mais Google va plus loin puisqu'il bascule l'utilisateur en temps réel, sans interruption de service, non seulement entre plusieurs opérateurs de réseaux 4G (ceux de Sprint et T-Mobile, finalement pas ceux d'AT&T et Verizon), mais aussi sur plus d'un million de points d'accès Wi-Fi. Le terminal choisira automatiquement le plus efficace, en toute transparence pour l'utilisateur. La bascule cellulaire Wi-Fi est déjà proposée par certains opérateurs américains, et elle le sera prochainement en France, mais essentiellement à domicile.
De nombreux opérateurs le préparent, notamment en France avec l'avènement de la VoLTE, mais Google est enfin le premier au monde à concrétiser la virtualisation du numéro de téléphone. L'opérateur explique que « le numéro est dans le cloud ». Les abonnés peuvent ainsi émettre et recevoir des appels et des messages depuis n'importe quel appareil connecté à Internet, par le biais de leur compte Google Hangouts, comme ils le feraient avec leur numéro de téléphone fixe Google Voice. En France, un tel service n'est envisagé qu'à long terme, par Bouygues Telecom, lorsque la VoLTE se sera démocratisée et que la téléphonie mobile sera entièrement IP.
Un bêta-test semi public
Les inscriptions à Google Project Fi sont dès à présent ouvertes aux résidents américains. Mais elles requièrent pour l'heure un Google Nexus 6, et surtout, elles sont sur invitation, c'est-à-dire que seul un petit nombre d'inscrits pourra effectivement souscrire. Project Fi est expérimental, à l'instar de Google Fiber, et il se développera certainement s'il rencontre un succès.Quoi qu'il en soit, contrairement à ce que certains attendaient, Fi n'incarne pas le rêve américain pour nous autres Français et Européens, même s'il a des chances d'accélérer le développement de certaines technologies intéressantes.
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