Spectre = débit
Bouygues Telecom compte bien tirer profit du large spectre dont il dispose en 4G, plus important que celui de ses concurrents. L'opérateur dispose effectivement de 10 MHz dans la bande des 800 MHz (tout comme Orange et SFR), de 15 MHz dans la bande des 2600 MHz (comme SFR, Orange a 20 MHz), mais aussi de 15 MHz dans la bande des 1800 MHz, suite à la fameuse réallocation qu'il est le seul à avoir réclamée. Or les débits sont proportionnels à la largeur du spectre de fréquence : 5 MHz valent 37,5 Mb/s.Mais pour exploiter pleinement le spectre, il faut que les relais ainsi que les téléphones et autres terminaux puissent utiliser simultanément les spectres répartis sur des bandes de fréquences discontinues. C'est impossible en 4G tout court, aussi appelée LTE, mais c'est ce qu'apporte la 4G+, la LTE Advanced.
Mise en service en juin 2014, la 4G+ permettait dans un premier temps de combiner deux bandes de fréquences. Les terminaux compatibles, disposant d'un modem LTE de catégorie 6, peuvent exploiter 2 x 20 MHz, soit un maximum de 300 Mb/s, mais en pratique les 30 MHz dont disposent Orange et Bouygues Telecom permettent d'atteindre 225 Mb/s.
330 Mb/s avec 3 bandes, fin 2015 sans surcoût
Bouygues Telecom s'apprête à combiner trois bandes de fréquences, ce qu'on appelle le tri-band carrier aggregation ou 3CA. Il faut cette fois des terminaux LTE de catégorie 9, capables d'agréger 3 x 20 MHz donc d'atteindre 450 Mb/s, mais ici encore en pratique les 45 MHz de l'opérateur permettront d'atteindre 337,5 Mb/s.On ne parle pas d'une expérimentation — comme celle d'Orange, qui atteint 300 Mb/s avec un second spectre de 20 MHz dans une nouvelle bande des 3500 MHz — mais d'une réalité commerciale imminente. Nous avons assisté à une démonstration grandeur nature réalisée sur le réseau commercial actuellement en service à Chartres. Bouygues Telecom prévoit ainsi de mettre en service ce qu'il appelle l'« ultra haut débit mobile » à Lyon à la rentrée, avant une généralisation avant la fin de l'année 2015. Cette hausse de débit sera à son tour offerte sans surcoût.
Les terminaux compatibles seront commercialisés d'ici la fin du 1er semestre 2015. On attend notamment la révision tribande du Galaxy Note 4 que Samsung vient de lancer en Corée-du-Sud. À notre connaissance seule une nouvelle révision de la puce Qualcomm Snapdragon 810 est compatible à date.
220 Mb/s avec 2 bandes, dès aujourd'hui
À Chartres d'ailleurs, Bouygues Telecom rehausse au passage le débit en 4G+ bibande. L'opérateur poursuit pour ce faire la bascule de la bande des 1800 MHz de la 2G vers la 4G. Dès à présent dans cette ville, puis prochainement dans quelques autres communes, le spectre passe de 15 à 20 MHz dans cette bande. Soit 35 MHz en combinaison avec l'une des deux autres bandes, ce qui permet d'atteindre 262,5 Mb/s.Hausse du débit théorique = hausse du débit pratique
Tous ces débits peuvent paraître mirobolants, mais il faut pour conclure les mettre en perspective, du point de vue du client puis de celui de l'opérateur.Il faut pour commencer préciser que ces débits sont les débits maximums que peuvent délivrer un relais. La bande passante est partagée par tous les clients qui y sont connectés. Pour des usages comme la navigation sur Internet ou la consultation d'une application comme Facebook, les utilisateurs ont de grandes chances de charger les contenus à des moments différents, les chargements sont alors accélérés. En revanche si quatre clients font un test de débit au même moment, chacun obtiendra le quart du débit maximal. C'est pourquoi on obtient rarement les débits maximums en pratique. Toutefois lorsque le débit maximal augmente, le débit moyen augmente en proportion. Et à titre de comparaison, les réseaux fixes (ADSL, FTTH, etc.) fonctionnent de la même manière, dans une moindre mesure.
Il faut par ailleurs souligner que ces améliorations portent seulement sur la réception (du relais vers le terminal). L'agrégation de bandes de fréquences ne fonctionne pas en émission (du terminal vers le relais), le débit d'envoi s'en tient donc à 30 Mb/s depuis l'avènement de la 4G.
Hausse des débits = hausse de la consommation
Enfin on peut se demander pourquoi les opérateurs en général et Bouygues Telecom en particulier améliorent leurs réseaux si vite. Alors que les trois opérateurs historiques avaient beaucoup de retard sur le déploiement de la 3G, non seulement deux d'entre eux ont presque 10 ans d'avance en termes de couverture de la population en 4G (ils frôlent les 75% qui seront règlementaires en... 2023), mais en plus ils auront démultiplié les débits en quelques mois.La raison est simple : la consommation des clients augmente avec la hausse des débits. Au 3e trimestre 2014, les clients de Bouygues Telecom consommaient chaque mois 700 Mo en 3G, mais 2 Go en 4G. Un tiers des clients ne basculeraient pas en Wi-Fi à domicile, car ils profitent de meilleurs débits en 4G qu'en ADSL. L'opérateur peut donc se permettre d'offrir de meilleurs débits, puisqu'il incite ainsi ses clients à basculer sur des forfaits incluant plus de volume d'Internet, et facturés plus cher.
L'Internet mobile illimité restera donc une utopie encore un moment, et les volumes ne risquent pas d'évoluer beaucoup ces prochaines années.
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