Free Mobile pourrait générer 30 000 emplois dans le pays

Thomas Pontiroli
Publié le 19 novembre 2012 à 12h16
Perçue comme destructrice d'emplois dans le secteur des télécoms, l'arrivée de Free Mobile pourrait générer plus de créations de postes que de licenciements en France, explique une étude.

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Critiqué pour détruire des emplois dans le secteur des télécoms, Free Mobile a commandé une étude afin de démontrer que son arrivée, en janvier 2012, s'avère positive. Menée par les économistes Augustin Landier, de l'École d'Économie de Toulouse, et David Thesmar, professeur à HEC, cette étude, procurée par Les Échos, s'intitule « Impact macroéconomique de l'attribution de la quatrième licence mobile ». Au terme d'un document de 63 pages, les deux hommes affirment que « l'arrivée de Free Mobile libère plus de 1,7 milliard d'euros de pouvoir d'achat par an en France ».

Les économistes calculent les retombées de l'arrivée du quatrième entrant selon deux modèles opposés, l'un partant de la demande (approche keynésienne) et l'autre de l'offre (néoclassique). Dans les deux cas, ils estiment que 16 000 à 30 000 nouveaux emplois pourraient être créés en France à moyen terme. Selon eux, l'arrivée de Free Mobile a créé un choc de demande de l'ordre de 1,8 millions de nouveaux abonnés, séduits par des tarifs inférieurs du quatrième opérateur. Ensuite, un choc d'offre aurait stimulé la concurrence entre les opérateurs historiques, Orange, SFR et Bouygues Télécom, lesquels ont réduits leurs tarifs pour tenter de s'aligner.

« Le prix élevé de la téléphonie mobile en France ainsi que l'amende record infligée par le Conseil de la concurrence en 2005 à ces trois opérateurs pour entente illégale illustrent le faible niveau de concurrence du secteur dans les années 2000 », affirment les deux économistes. Depuis, la facture moyenne du consommateur a baissé de 16 euros par mois en moyenne, indiquent-ils, pour atteindre une facture moyenne de 10 euros mensuels chez Free Mobile. Précisions que si ce dernier ne ventile pas ses abonnés entre les formules à 2 euros et à 19,99 euros, l'étude se base sur une déclaration de l'opérateur affirmant que ses clients étaient répartis « de manière équilibrée ».

Au final, les économies réalisées par les nouveaux abonnés Free Mobile de même que les économies chez les clients des opérateurs historiques, après ajustement de leurs abonnements à la baisse, seraient les deux principaux leviers d'une « libération » globale de 1,7 milliard d'euros de pouvoir d'achat dans le pays. Conséquence, selon les économistes : si le pouvoir d'achat des ménages augmente, la demande évolue également. Ce qui profite aux entreprises, qui vendent davantage de produits, et qui dans certains cas doivent embaucher pour répondre à la demande.

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De quoi contrebalancer les prévisions les plus pessimistes ?

Dans l'hypothèse où le prix de la facture de téléphonie mobile baisse de 10%, ce qui est actuellement le cas, les économistes s'attendent à 16 000 emplois créés, dans des secteurs comme l'agroalimentaire, l'hôtellerie-restauration, le transport et les services aux entreprises. « Dans une perspective à moyen terme, il est raisonnable d'anticiper une baisse de 20% sur la facture mobile », ajoutent-ils, en s'appuyant sur une prévision des banques Oddo et Exane selon laquelle l'ARPU moyen va baisser à terme. Dans ce scénario, près de 30 000 nouveaux emplois pourraient voir le jour.

Cette étude sonne ainsi comme une réponse aux propos du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, du lundi 12 novembre. Selon lui, « la course au low cost avec l'arrivée de Free a eu des conséquences sur les opérateurs, sur la sous-traitance, sur les fournisseurs », avec des licenciements à la clé. Bouygues Télécom a en effet annoncé en juillet se séparer de 556 collaborateurs, SFR pourrait supprimer jusqu'à 2 000 postes et l'équipementier télécoms Alcatel-Lucent, face au ralentissement des investissements des opérateurs, licencie 5 500 salariés.

D'après le syndicat Force Ouvrière, en avril dernier, le secteur pourrait perdre en tout 30 000 emplois. Une estimation moindre pour le régulateur des Télécoms, l'Arcep, qui a anticipé un déclin de 5 000 à 10 000 salariés. Pour autant, l'étude commandée par Free maintient que malgré ces pertes possibles, l'économie française, dans son ensemble, pourrait gagner plus d'emplois qu'elle n'en aura perdus. « L'idée que la concurrence détruit des emplois n'est pas très naturelle en théorie économique », rappelle l'étude. Quant au quatrième opérateur, il se porte comme un charme : il revendique 4,4 millions d'abonnés au troisième trimestre.
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