Le NFC, ou CCP pour « communication en champ proche » a su étendre son intérêt en parallèle de développement de l'usage du Wi-Fi et du Bluetooth, pour s'affranchir du filaire. Pas de câble, et, grâce au NFC, pas de geste superflu et pas de bouton sur lequel appuyer : on effleure un objet avec son smartphone compatible, et une action prédéfinie se déclenche, généralement appuyée par une application. Sur le papier, cette technologie ouvre un grand champ de possibilités. En pratique, il n'est pas certain aujourd'hui que chercher à acquérir à tout prix un terminal doté d'une puce NFC soit indispensable.
On peut actuellement définir deux types d'usages qui se développent autour du NFC : l'interaction avec des objets, connectés ou pas, pour faire transiter des informations, et le paiement sans contact.
Les objets et le NFC : intérêt réel ou gadget ?
L'intégration du NFC dans les objets du quotidien est l'un des fers de lance de certaines marques, comme Sony, qui en fait depuis plusieurs années un argument marketing. En 2012, la firme a mis l'accent sur la « convergence des contenus », permettant par exemple d'écouter de la musique contenue sur son smartphone en effleurant une enceinte compatible NFC. A cette proposition, très rependue - les enceintes NFC sont désormais une composante essentielle des catalogues des constructeurs de ce type de produits - s'ajoutent les « tags », proposés notamment par Samsung, Sony ou encore LG. Ces derniers, présentés sous la forme de pastilles à coller sur une surface ou un objet, permettent à l'utilisateur de configurer lui-même certaines fonctionnalités.
En pratique, s'il peut s'avérer utile d'effleurer un tag sur sa table de nuit pour passer son smartphone en mode silencieux ou bien créer automatiquement un hotspot Wi-Fi pour son ordinateur, l'économie de gestes est aujourd'hui assez moindre. Reste que les applications et services qui utilisent ce type de tags se développent, et il est possible de trouver des listes inventives proposant des fonctions originales comme l'allumage d'un ordinateur à l'aide d'un tag NFC. Des démarches qui nécessitent souvent une implication de la part des utilisateurs, paradoxalement à la recherche de plus de facilité.
En somme, sur cet aspect, il semble que « l'effet waouh », la dimension « tout sans fil » et l'aspect gadget prennent encore aujourd'hui un peu trop le pas sur la dimension réellement pratique et indispensable. Ce qui n'empêche pas le NFC d'étendre sa présence, en s'invitant dans la nouvelle montre connectée de Sony ou même dans un four chez LG.
Le paiement sans contact : un déploiement lent
Qui dit NFC dit souvent « paiement sans contact ». Payer ses achats en effleurant un terminal de paiement avec son smartphone est une réalité concrète dans certains pays du globe, comme la Corée du Sud ou le Japon, où les banques et les constructeurs de mobiles travaillent presque main dans la main sur la question. En France, l'adoption est plus lente.
En 2010, la ville de Nice a été la première a bénéficier d'un test à grande échelle du paiement sans contact, nommé Cityzi. Piloté par l'Association française du sans contact mobile avec Orange, le test permettait aux mobinautes d'acquérir un Samsung Player One, l'un des seuls de l'époque doté d'une puce NFC, pour 1€ chez l'opérateur. Cityzi est désormais opérationnel également à Strasbourg, où 3000 commerçants sont équipés selon le site du programme. Les banques CIC, Crédit Mutuel, Société Générale et BNP Paribas sont partenaires, et Orange a été rejoint par SFR, Bouygues Telecom et NRJ Mobile.
D'autres villes avaient été annoncées pour Cityzi, et certaines testent actuellement le service, mais de façon limitée, comme à Caen où il est possible de payer ses titres de transport avec son mobile. Toulouse, Lille, Paris et Marseille commencent depuis peu à expérimenter le service, toujours dans le cadre du paiement des transports en commun.
A la mi-juillet, Cityzi revendiquait 3,5 millions d'adeptes en France, ce qui en fait le service le plus développé dans le pays. Avec une quarantaine de terminaux compatibles, le paiement sans contact gagne du terrain aussi bien en termes de territoire que d'équipement en France, mais la limite est tout de même vite atteinte à l'heure actuelle : tout le pays est loin d'être couvert, et toutes les banques ne sont pas partenaires des services existants. Même si Cityzi dispose aujourd'hui d'un certain poids, ses 3,5 millions d'adeptes représentent une petite partie des 25,2 millions de possesseurs de smartphones en France compatibilisés en mars dernier par Comscore.
du côté des services proposés, on constate que l'accent est souvent mis sur le paiement des titres de transport en commun. Pourtant, l'association française du sans contact mobile, interrogée par nos soins, souligne que 120 000 commerçants sont actuellement équipés de terminaux de paiement sans contact en France. Parmi eux, de grandes enseignes comme Carrefour, Casino, Mc Donald's, Leroy Merlin et Décathlon, mais la part de petits commerçants de proximité n'est pas précisée. Pourtant, l'accent de la communication de Cityzi est mis sur ces derniers. L'AFSCM précise ne pas « disposer de chiffres qui entrent dans ce niveau de détails », et c'est bien dommage. Car ces services de proximité, dont certains ont été échaudés par l'échec de Monéo il y a quelques années, pourraient avoir quelques réticences à se rééquiper pour tenter l'expérience du paiement sans contact mobile aujourd'hui.
Ce type de paiement a donc aujourd'hui en France une dimension locale, restreinte, et s'avère généralement encore en phase de test. Pas de quoi motiver l'achat d'un nouveau terminal doté d'une puce NFC à l'heure actuelle, en somme.
Un potentiel encore relativement inexploité
Simple à utiliser, la technologie NFC dispose d'un large champ de possibilités. Mais aujourd'hui, son intérêt est encore quelque peu limité. Si les possesseurs d'un smartphone compatible iront peut-être naturellement vers des accessoires et des services qui l'exploitent car ils en ont la possibilité immédiate, ceux qui disposent d'un terminal de quelques années, ou d'entrée de gammes, pourront sans doute encore s'en passer encore un moment, la killer application associée au NFC n'ayant vraisemblablement pas encore pointé le bout de son nez, pour le grand public tout du moins - car la donne est différente en entreprise, mais c'est une autre histoire. Au final, si avoir un smartphone compatible NFC en sa possession peut motiver à investir dans des accessoires et des services exploitant la technologie, les accessoires et services, eux, ne semblent pas encore offrir un degré d'intérêt suffisant pour pousser à s'équiper en conséquence.