Test ASUS Zenbook Duo 2024 : deux écrans OLED pour une productivité décuplée ?

Présenté par ASUS en janvier, à l’occasion du CES 2024, le nouveau Zenbook Duo adopte un form-factor que le géant taïwanais n’avait jamais employé jusqu’à présent. Avec ses deux écrans OLED superposés, l’appareil promet d’être un allié précieux en matière de productivité… mais est-ce réellement le cas ? Réponse dans ce test.

ASUS est loin, très loin, d’être étranger aux expérimentations sur le marché des PC portables. Après avoir tenté l’ajout d’un écran rectangulaire positionné juste au-dessus du clavier de certains modèles, dont les anciennes générations de Zenbook Duo, et alors que la marque s’essayait en 2022 à la conception d’un premier laptop à écran OLED pliant (avec l’étonnant mais très imparfait Zenbook 17 Fold), voilà qu’ASUS revient à la charge avec une nouvelle édition du Zenbook Duo reprenant cette fois un concept déjà aperçu chez la concurrence : superposer deux écrans OLED de 14 pouces pour doubler la surface d’affichage disponible.

Nous allons voir si avec ce nouveau produit la firme parvient à faire mieux que le Lenovo Yoga Book 9i, son principal concurrent, mais avant toute chose, voici la configuration de l’appareil qu’ASUS France nous a fait parvenir en prêt :

Dans cette configuration Full HD+, Ultra 7 avec 16 Go de RAM et 1 To de SSD le Zenbook Duo 2024 est affiché à 2000 euros. L’appareil débute toutefois à 1900 euros en France et voit son prix grimper à un maximum de 2400 euros pour la configuration la plus haut de gamme, dotée cette fois de deux écran 2,8K montant à 120 Hz, d’un Core Ultra 9 et de 32 Go de mémoire vive.

Design : imparfait, mais tellement plus efficace que le Lenovo Yoga 9i !

Un peu plus épais et plus lourd qu’un ultraportable classique, le nouveau Zenbook Duo n’est pourtant pas vraiment à blâmer en termes de mensurations. Avec 31.35 x 21.79 x 1.99 cm pour 1,75 kg avec le clavier (1,35 kg sans le clavier), ASUS accouche d’un PC portable de 14 pouces offrant un gabarit relativement conventionnel une fois plié — même s’il doit conjuguer avec un écran en plus et un clavier détachable ajoutant de l’épaisseur et du poids à l’ensemble.

Avec ce produit, il est clair qu’on n’égale pas la légèreté d’un Acer Swift Edge 16, ou la compacité d’un Apple MacBook Air 13, mais toutes proportions gardées, l’encombrement du nouvel ultraportable d’ASUS reste raisonnable pour un appareil aussi atypique, et offrant une telle surface d’affichage. D’ailleurs c’est bien simple, son concurrent direct, le Lenovo Yoga Book 9i, n’avait pas réussi à faire beaucoup mieux sur ce terrain l’an dernier.

Plus abouti et mieux conçu que le Zenbook 17 Fold OLED, le Zenbook Duo 2024 s’avère plus polyvalent que son cousin. Principalement, parce que l’utiliser comme un ultraportable classique est vraiment possible au quotidien. Lorsqu’on a besoin de travailler sur un petit espace (la tablette lors d’un voyage en train ou en avion, par exemple), le clavier s’aimante (et s’alimente) en étant positionné sur l’écran du bas. On obtient alors un « PC Portable traditionnel » parfaitement fonctionnel et efficace.

À l’inverse, lorsqu’on dispose d’un bureau digne de ce nom, il suffit de déplier la béquille présente sous le châssis pour permettre à l’appareil de tenir à la verticale, superposant ainsi ses deux écrans OLED dans toute leur majesté. Le clavier, lui, peut alors se positionner à leur base pour nous laisser face à un triptyque effectivement redoutable en productivité et (du moins d’après nous) beaucoup plus intéressant à l’usage que les anciens Zenbook Duo, sérieusement limités dans ce qu’ils pouvaient proposer par leur petit écran rectangulaire.

Le gros atout de ce nouveau Zenbook est donc de proposer deux écrans OLED de 14 pouces équivalents en termes de format, de diagonale et de qualité d’image. Leurs bordures supérieures et inférieures sont certes un peu épaisses, mais c’est pour la bonne cause : on y trouve notamment une caméra 1080p permettant l’identification faciale (et qui offre par ailleurs une bonne qualité d’image en visio), mais aussi le bouton de mise sous tension (logé entre les deux écrans à un endroit facile d’accès quelque soit la position de l’appareil… ce qui s’avère précieux), et enfin une encoche magnétique permettant la recharge du clavier lorsque ce dernier est placé sur l’écran du bas.

Dans l’ensemble ASUS s’en sort donc bien, d’autant que les finitions du produit sont de bon niveau. On remarque par contre que le revêtement mat du capot est très sensible aux rayures, et que le clavier n’est pas antidérapant. Comprenez que lorsqu’il est posé à même le bureau, sur une surface vernie ou simplement lisse, ce dernier ne cesse de glisser. Il faut alors prendre le réflexe de bien placer ses paumes de part et d’autres du trackpad pour saisir du texte. Frustrant, d’autant qu’ASUS aurait facilement pu corriger ce problème avant le lancement.

Plus marginalement, on regrette aussi que l’intégration du pied dépliant (nécessaire à l’installation du PC à la verticale) ne soit pas un peu plus harmonieuse. Rien de grave ici toutefois : on parle d’un élément situé sous le châssis auquel on prête peu attention. Par ailleurs, cette béquille a le mérite d’offrir une excellente stabilité à l’ensemble. C’est ce que l’on retient en premier lieu.

Toujours sur le plan de l’ergonomie, on apprécie que le passage d’un mode d’utilisation à l’autre se face aussi facilement. Bien qu’un peu bousculé en matière d’affichage, du moins par moment, lorsqu’on enchaîne par exemple un peu trop vite les changements de positions, Windows gère plutôt bien ces deux écrans, et la surcouche logicielle d’ASUS, à la fois minimaliste et efficace, fait le reste. Globalement, nous n’avons jamais eu le sentiment d’être freiné par le logiciel lors de notre semaine de test.

En revanche, on notera quand même que les deux positions décrites plus haut sont les seules réellement intéressantes. ASUS en montre d’autres sur la page officielle de son produit, mais ces dernières sont pour le coup beaucoup plus « gadget ». Mention spéciale à la position horizontale, avec les deux écrans placés côte à côte cette fois. Dans ce cas de figure, le Zenbook Duo tient très mal en place et ne s’avère jamais vraiment pratique.

Pour le reste, saluons la présence de connectiques suffisamment nombreuses pour le quotidien, avec un port USB-A 3.2 Gen 1, deux ports USB-C Thunderbolt 4, une sortie HDMI 2.1 et une prise casque Jack 3,5 mm. On apprécie aussi qu’ASUS ait ajouté un port USB-C à son clavier de façon à pouvoir le recharger même lorsque ce dernier n’est pas posé sur l’écran du bas.

Ce dernier se montre d’ailleurs très agréable à l’usage. En dépit d’une profondeur de course fatalement réduite (l’épaisseur de ce clavier est à peu près comparable à celle d’un clavier Bluetooth pour tablette tactile), il offre une frappe confortable et silencieuse. La précision est aussi au rendez-vous, et globalement, l’expérience de saisie s’avère proche de celle offerte par les autres ultraportables haut de gamme d’ASUS. Le trackpad, pour sa part, se montre précis, réactif, et en un mot meilleur que ce que nous aurions imaginé.

Écrans : l’excellence de l’OLED, mais gare aux reflets !

Comme évoqué plus haut, notre Zenbook Duo 2024 est doté de deux écrans OLED Full HD+ (1920 par 1200 pixels) de 14 pouces, au format 16:10, avec un rafraîchissement en 60 Hz seulement. Cette paire de panneaux organiques offre un maximum de 500 cd/m2 de luminosité selon ASUS et couvre intégralement le spectre DCI-P3.

Dans les faits, ces deux écrans ont pour principal avantage d’être rigoureusement identiques. Aucune différence n’est donc perceptible en termes de qualité d’image entre l’écran du haut et celui du bas. Un atout loin d’être négligeable quand on sait d’où part ASUS avec sa gamme Zenbook Duo. Fabriquées par Samsung Display, les deux dalles OLED de notre unité de test offrent une excellente qualité d’image, avec pour commencer une bonne finesse d’affichage.

La définition Full HD+ proposée est suffisante sur une diagonale de 14 pouces. En se tenant à une distance raisonnable des écrans, il est difficile de déceler des pixels, ce qui est évidemment appréciable. Technologie OLED oblige, les angles de vision sont bien ouverts et le niveau de contraste abyssal. Les noirs affichés par ces deux écrans sont parfaits et permettent d’offrir une belle impression de relief aux images affichées. Consulter des contenus ou regarder des vidéos sur le Zenbook Duo est donc un plaisir.

Sur le plan de la fidélité colorimétrique, quasiment rien à redire non plus, les deux écrans profitent d’un DeltaE inférieur à 3 (et donc parfait), le tout pour une température qui dépasse par contre légèrement les 6700 kelvins dans un cas comme dans l’autre. Cette valeur un peu trop élevée traduit la présence de couleurs légèrement trop froides par défaut, mais l’on reste quand même proche des 6500 kelvins espérés. Ce problème est d’ailleurs très relatif car ASUS permet de corriger manuellement la température des couleurs depuis l’utilitaire « MyASUS ». En deux clics, on peut donc profiter d’une calibration irréprochable.

Là où les choses se gâtent sérieusement, c’est sur la question des reflets. Les deux écrans du Zenbook Duo 2024 sont de véritables miroirs… au point de transformer notre habituel shooting photo en véritable calvaire. Mais un calvaire finalement très représentatif de ce que vous subirez si vous voulez utiliser l’appareil en extérieur, près d’une fenêtre, ou dans une pièce très éclairée.

Ce souci est des plus gênants dans le cas du Zenbook Duo, puisque ses deux écrans OLED sont loin d’impressionner côté luminosité. Nous avons relevé un tout petit peu plus de 370 cd/m2 sur les deux dalles… en lieu et place des 500 cd/m2 renseignés par ASUS sur la fiche technique de son PC. Autant dire que, sur ce point, l’appareil déçoit.

Performances : un CPU Intel « Meteor Lake » bien exploité ?

Le Zenbook Duo 2024 peut s’équiper au maximum d’un processeur Intel Core Ultra 9 185H, mais notre modèle de prêt est pour sa part doté d’une configuration un peu plus modeste. On y trouve « seulement » un CPU Intel Core Ultra 7 155H. Cela n’a au fond rien d’un problème, puisque les performances sont globalement au rendez-vous… et qu’un processeur plus puissant ne nous semble pas vraiment recommandable en l’état. Voyons pourquoi.

Pour contexte, notre Core Ultra 7 155H embarque 16 coeurs et 22 threads cadencés à un maximum de 4,8 GHz, et 24 Mo de cache. Il dispose d’une enveloppe thermique de 28 W et comprend par ailleurs une partie graphique intégrée Intel ARC, elle même dotée de 8 coeurs Xe à 2,25 GHz.

Sur le Zenbook Duo 2024, cette puce Intel « Meteor Lake », lancée en toute fin d’année 2023, offre des performances satisfaisantes dans l’ensemble — même si cette dernière semble quand même un peu à l’étroit dans l’ultraportable bicéphale d’ASUS. En stress test sous AIDA 64, on remarque ainsi un fort thermal throttling en début de charge intensive sur l’ensemble des coeurs. Les 100 degrés sont vite atteints. Cela pousse les ventilateurs à donner de la voix (sans toutefois devenir assourdissants) et conduit assez vite à une baisse drastique des fréquences appliquées aux différents coeurs. Par la suite, ces dernières sont ainsi limitées à 2,30 - 2,50 GHz maximum d’après nos observations.

On constate que les performances en multi-core sont par conséquent bridées sur notre Zenbook, et l’on peut raisonnablement penser que ce phénomène est plus marqué encore sur le Core Ultra 9 185H. Nous nous estimons donc heureux avec notre Core Ultra 7. D’autant que ce dernier s’en sort très honorablement en benchmark, parvenant à développer de bonnes performances en single-core et à limiter la casse en calcul multi-core.

Sous Cinebench R23, la puce d’Intel développe en effet 1 741 points en single-core, contre 11 941 points en multi-core. Pas si mal, même si le même processeur faisait mieux sur le dernier Zenbook 14 OLED, par exemple. Sur cet autre ultraportable d’ASUS, nettement plus « traditionnel », le Core Ultra 7 155H glanait 1 816 points en single-core et 12 531 points en multi-core en multi-core.

Cela étant dit, la puce se classe bien face à celles de certains appareils concurrents. La puce M3 du dernier MacBook Air 15 offre par exemple 1 900 points en single-core et 9 754 points en multi-core, toujours sur Cinebench R23, tandis que le Ryzen 7 7840U du Acer Swift Edge 16 enregistre 1 752 points en single-core et 11 102 points en multi-core sur le même outil.

Si la baisse assez drastique des fréquences décrite plus haut a bien un impact sur les performances, elle a par contre le mérite d’éviter la surchauffe, tout en évitant que les ventilateurs ne s’emballent trop souvent. Si ces derniers se font légèrement entendre en utilisation intensive et prolongée, ils sont pratiquement inaudibles au quotidien, voire carrément éteints. Travailler sur le Zenbook Duo se fait donc souvent dans le silence.

Terminons en abordant la question des performances de l’iGPU et celles du SSD. Sur le plan graphique, l’iGPU Intel Arc et ses coeurs Xe permettent de lancer quelques titres en Full HD+, à condition de rester raisonnables sur les réglages graphiques et de ne pas trop se bercer d’illusions : on reste en effet un gros cran derrière les performances développées par un GPU dédié, même « petit ». Sur Shadow of The Tomb Raider par exemple, avec les réglages « Élevés » et en 1200p, nous tutoyons les 30 FPS. Les performances offertes sont donc équivalentes à celles proposées par l’ancienne puce Apple M2 ou par l’AMD Ryzen 7 7840U. Pas de quoi sauter au plafond en 2024.

Côté SSD, on relève 4 996 Mo/s en lecture et 3 487 Mo/s en écriture sur la barrette M.2 PCe Gen 4 installée à bord du Zenbook Duo 2024. Des vitesses plus que suffisantes pour le tout venant, mais qui sont loin d’établir un nouveau record en la matière, surtout en écriture.

Autonomie : on s'attendait à pire…

Le Zenbook Duo est équipé d’une batterie de 75 Wh, plutôt dans la moyenne haute pour un ultraportable de 14 pouces, mais qui n’a rien d’extraordinaire par rapport aux 85 Wh proposés par le Lenovo Yoga Book 9i, par exemple. Avec cette capacité, l’appareil parvient néanmoins à nous offrir une autonomie satisfaisante… du moins sur un écran.

Dans le cadre de notre test d’autonomie habituel (lecture vidéo sur YouTube, via Edge, en 1080p, avec le rétroéclairage du clavier coupé, la luminosité de l’écran à 100%, un casque branché et les paramètres d’alimentation les plus propices à l’économie d’énergie), nous avons réussi à tenir 9 heures 15 minutes sur batterie en mode laptop « classique ». Avec les deux écrans allumés cette fois, impossible de passer le cap des 5 à 6 heures d’autonomie, au maximum. Pas folichon, mais pas scandaleux non plus.

La recharge se fait pour sa part à l’aide d’un petit chargeur GaN de 65W, très compact. Faire le plein est lent : comptez environ 2 heures sur secteur pour recouvrer les 100% de batterie.

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