Une foule de manifestants et étudiants, dans les rues de Dhaka, au Bangladesh, le 14 juillet 2024 © nazmulislam41633 / Shutterstock.com
Une foule de manifestants et étudiants, dans les rues de Dhaka, au Bangladesh, le 14 juillet 2024 © nazmulislam41633 / Shutterstock.com

Le Bangladesh fait face à de violentes manifestations, qui ont fait des dizaines de morts. L'État a décidé de couper totalement internet dans le pays, pour tenter d'y remettre de l'ordre.

Une décision politique ô combien symbolique est en train de plonger le Bangladesh dans le chaos. Le pays dit des fleuves fous est plongé dans le noir numérique. Une coupure d'Internet totale ou presque a été mise en place par le gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina, pour tenter de mettre fin aux manifestations étudiantes particulièrement violentes, qui ont déjà fait plus de 32 morts, selon l'AFP sur place.

Le Bangladesh, un pays en crise sur fond de quotas

Au lendemain de l'intervention de la Première ministre locale sur la chaîne BTV, installée dans la capitale Dhaka, plusieurs centaines de manifestants, souvent jeunes, ont débordé les forces de police, en marchant vers le siège de la chaîne de télévision.

La police anti-émeute, dépassée, a été contrainte de tirer sur les manifestants à l'aide de balles en caoutchouc, pour tenter de ralentir la population révoltée. La foule a fini par incendier le bâtiment d'accueil de la chaîne. Des dizaines de véhicules ont été brûlés. La répression a, hélas, était bien sanglante, la plupart des décès ayant été causés par des armes et munitions utilisées par la police.

À l'origine de la colère des manifestants, un système de quotas pour les emplois gouvernementaux (la fonction publique) que le Bangladesh a mis en place. Il est prévu qu'un tiers, voire la moitié de ces emplois publics soient réservés aux proches d'anciens soldats, qui ont combattu pour l'indépendance du pays, contre le Pakistan, en 1971.

Une coupure d'Internet et des réseaux sociaux qui devient courante dans la région

Les autorités bangladaises ont pris plusieurs mesures pour tenter de contrôler la situation. Parmi elles, les écoles et les universités ont été fermées jusqu'à nouvel ordre. Mais la mesure phare prise par le gouvernement ces dernières heures fut la coupure d'Internet et du téléphone dans tout le pays, deux jours après avoir déjà privé ses habitants de Facebook.

Si la pratique choque en Occident, elle est pourtant courante en Asie du Sud, où l'on utilise régulièrement cette solution extrême pour contenir la diffusion des fausses informations et rumeurs. Le gouvernement du Bangladesh a d'ailleurs justifié sa décision par l'utilisation des réseaux sociaux comme « un outil pour diffuser des rumeurs, mensonges et de la désinformation ».

En France, il est de plus en plus question de bloquer, en temps de crise, des plateformes au moins au cas par cas. Nous avons tous en mémoire l'exemple très récent (c'était au mois de mai) de la Nouvelle-Calédonie, où TikTok fut bloqué lorsque le territoire français du Pacifique était en état d'urgence, à la suite de violences qui ont fait plusieurs morts. Emmanuel Macron avait lui-même émis l'idée d'un blocage des réseaux sociaux l'été dernier, au lendemain des émeutes consécutives à la mort de Nahel Merzouk.