Pour Elon Musk, le déblocage de X.com a été "involontaire" - © photosince / Shutterstock
Pour Elon Musk, le déblocage de X.com a été "involontaire" - © photosince / Shutterstock

Banni au Brésil depuis fin août, le réseau social X.com a brièvement repris du service ce 18 septembre. Là où le réseau social d'Elon Musk affirme qu'il s'agit d'un incident technique, les autorités brésiliennes voient une tentative de contourner la justice.

Un petit tour et puis s'en va. Le 18 septembre, les utilisateurs brésiliens de X.com ont eu la surprise de pouvoir à nouveau se connecter et utiliser le réseau social pourtant bloqué depuis trois semaines.

Cette résurrection éclair a déclenché un véritable séisme médiatique et juridique. D'un côté, X.com clame son innocence et parle d'un simple bogue. De l'autre, les autorités brésiliennes crient au scandale et accusent le joujou social d'Elon Musk de jouer au plus malin. Ce nouvel épisode ne fait qu'envenimer les relations plutôt fraîches entre les deux parties empêtrées dans un conflit qui dure depuis des semaines.

Entre la justice brésilienne et X.com, le conflit s'envenime

C'est le juge Alexandre de Moraes de la Cour suprême du Brésil qui a ordonné, le 30 août dernier, le blocage de X.com dans tout le pays. Il mettait en cause le refus obstiné de la plateforme de suspendre certains comptes accusés de propager de la désinformation. Elon Musk, le patron du réseau social, a été piqué au vif : pour lui, c'est de la censure pure et simple. Il s'est d'ailleurs fendu d'un post sur son compte dans lequel il traite littéralement le juge de « dictateur ».

Mais la décision de justice ne s'arrête pas au simple blocage du réseau social. Elle prévoit des amendes pour quiconque tenterait de contourner l'interdiction. Mais ça n'a pas empêché les plus férus de technologie de se ruer sur les VPN pour continuer à « Xeeter ».

Pourtant, pendant près de trois semaines, le blocage a tenu bon. Jusqu'à ce 18 septembre où, coup de théâtre, l'application réapparaît sur les écrans brésiliens. L'Agence brésilienne des télécommunications (Anatel) tombe de l'armoire. Aucun changement de décision n'a été pris par la justice. Alors, que s'est-il passé ?

Certains utilisateurs contournaient la restriction de X.com au Brésil en utilisant un VPN - © FellowNeko / Shutterstock
Certains utilisateurs contournaient la restriction de X.com au Brésil en utilisant un VPN - © FellowNeko / Shutterstock

Le retour de X.com est-il le résultat d'un accident technique ou d'un défi calculé ?

X.com jure ses grands dieux que ce retour est un pur accident. Un simple changement de serveur qui a mal tourné, rien de plus. Mais l'Anatel n'en croit pas un mot. L'agence pointe du doigt l'utilisation par X.com de Cloudflare (par ailleurs accusé de favoriser la propagation des sites malveillants) qui aurait compliqué, « grâce » à son système d'IP changeantes, la tâche des autorités pour maintenir le blocage.

Pour les télécoms brésiliennes, aucun doute : X.com a délibérément cherché à contourner l'injonction de la Cour suprême. Une accusation que le réseau social rejette en bloc. Elon Musk lui-même est monté au créneau, promettant que le service serait « rapidement » bloqué à nouveau.

Cette brève réapparition de X.com a suffi à rallumer la mèche du débat sur la liberté d'expression en ligne au Brésil. Les partisans de l'ancien président Bolsonaro dénoncent une dérive autoritaire de la justice. Le camp du président Lula, lui, applaudit la fermeté des autorités. Et les Brésiliens, dans tout ça ? Ils semblent partagés. Nos confrères du site Libération s'appuient sur un sondage qui montre qu'une majorité voit une motivation politique derrière le blocage, mais près de la moitié soutient quand même la décision du juge de Moraes.

Quoi qu'il en soit, retour à la case prison pour X.com après un petit jour de liberté conditionnelle. Dès le 19 septembre, un nouvel ordre de blocage est tombé. Cette fois, la menace est claire : 820 000 euros d'amende par jour en cas de récidive. De quoi faire réfléchir X.com à deux fois avant toute nouvelle tentative de contournement, volontaire ou non.

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