[Article mis à jour le 7 octobre 2024 à 17h50] Le maire de Marseille, Benoît Payan, veut frapper fort contre Airbnb. Il annonce vouloir interdire la mise en location des résidences secondaires sur la plateforme, pour lutter contre la pénurie de logements et la flambée des loyers.
Face à la crise du logement qui secoue Marseille, Benoît Payan sort l'artillerie lourde. Le maire de la deuxième ville de France n'a pas mâché ses mots ce week-end : « La vie tranquille de ceux qui empêchent les Marseillaises et les Marseillais de se loger, c'est terminé. » Une déclaration choc à destination des propriétaires de résidences secondaires qui utilisent Airbnb, que l'édile de la cité phocéenne accuse de contribuer à la pénurie de logements et à l'inflation des loyers.
Voici la déclaration officielle d'Airbnb, transmise à Clubic ce lundi :
« Le projet d’adaptation de la réglementation annoncé par la ville de Marseille permettra aux habitants de continuer à louer leur propre logement et autorisera la location de résidences secondaires sous certaines conditions, conformément à la législation française en vigueur. Airbnb accueille favorablement les réglementations locales qui permettent aux villes d'assurer un juste équilibre entre l'offre d'hébergement à l'année et le développement du tourisme local. Nos équipes travaillent avec près de 300 villes en France, dont Marseille, pour faire respecter les mesures en place, et nous restons à la disposition de la mairie afin d’échanger plus amplement sur ce projet ».
Benoît Payan veut que la réglementation marseillaise contre Airbnb soit « la plus forte de France »
Le maire de Marseille n'y va pas par quatre chemins. Dans une interview donnée au journal La Marseillaise, il annonce son intention d'interdire purement et simplement aux propriétaires de résidences secondaires de mettre leur bien en location sur Airbnb. Une mesure radicale, qui pourrait bien constituer une première en France. Benoît Payan précise que ces propriétaires ne pourront louer sur la plateforme qu'à une condition : acheter un autre logement et le mettre en location classique.
Cette annonce s'inscrit dans une politique plus large de lutte contre les locations de courte durée. Payan affirme déjà refuser 82% des demandes d'enregistrement Airbnb, contre seulement 4% sous la précédente municipalité. Il a également demandé à la plateforme de supprimer plusieurs milliers d'annonces jugées illégales ou illégitimes.
Le maire justifie cette offensive par des chiffres éloquents : 75% des propriétaires Airbnb à Marseille ne seraient même pas Marseillais. Une situation qui, selon lui, prive les habitants de logements et contribue à la hausse des loyers, dont le coût a effectivement explosé ces dernières années dans la ville. Le maire promet ainsi que Marseille aura « la réglementation la plus stricte et la plus forte de France » en matière de locations touristiques.
Le maire de Marseille va devoir trouver du soutien
Pour mettre en œuvre cette politique, Benoît Payan compte aller « au bout du bout de la loi ». Le maire devra néanmoins convaincre au-delà de Marseille. En l'état, transformer sa résidence secondaire en location saisonnière de type Airbnb reste autorisé : la seule démarche à faire est une déclaration préalable en mairie, notamment.
Des villes comme Paris ou Bordeaux, et Lyon sous certaines conditions, exigent une demande de changement d'usage du logement, pour qu'il soit considéré non plus comme une habitation mais comme un meublé de tourisme, limitant ainsi le nombre de nuitées sous location à 120 par an. Marseille fait partie de ces villes. Mais cela reste, visiblement, beaucoup trop aux yeux de Benoît Payan. Ce qui est certain, c'est que le maire de Marseille ne pourra pas décider seul. Il lui faudra du soutien.
Cette annonce s'inscrit en tout cas dans un contexte plus large de lutte contre le mal-logement à Marseille. Benoît Payan évoque aussi notamment la traque aux marchands de sommeil, promettant de les « envoyer systématiquement devant la justice. » Il cite l'exemple d'un couple possédant plus de 120 logements indignes dans la ville, bientôt traduit en justice.
06 août 2024 à 18h23
Source : La Marseillaise