Pour réduire la consommation énergétique du secteur, la start-up barcelonaise Submer plonge les data centers dans un bain rafraîchissant. Et cela séduit les investisseurs : l'entreprise vient de lever 55,5 millions de dollars.
Alors que l'appétit énergétique croissant de l'IA ne cesse de grandir, Submer a fait le choix d'une solution immersive pour diminuer l'empreinte carbone des data centers. Et la méthode a du succès. Imaginez un centre de données silencieux, sans poussière, où les serveurs baignent dans un fluide semblable à du « liquide amniotique ». C'est la vision futuriste la start-up espagnole, qui vient de lever 55,5 millions de dollars pour révolutionner le refroidissement des centres de données. Voilà une technologie qui pourrait bien être la bouffée d'air frais dont l'industrie a besoin, sans mauvais jeu de mots.
Submer entame une plongée dans le futur du refroidissement des data centers
Submer n'est pas à sa première baignade dans le monde du refroidissement par immersion. Si elle existe depuis une dizaine d'années (elle a été fondée en 2015 par Pol Valls et Daniel Pope), la start-up barcelonaise a développé une solution unique : des cuves remplies d'un liquide biodégradable non conducteur dans lesquelles les serveurs sont entièrement immergés. Ce « bain » permet non seulement de refroidir efficacement les composants, mais aussi de prolonger leur durée de vie.
L'approche de Submer tombe à point nommé. Avec l'explosion de l'intelligence artificielle et du cloud computing, les data centers consomment une quantité ahurissante d'énergie. Selon l'Agence Internationale de l'Énergie, leur consommation pourrait même doubler d'ici 2026, atteignant l'équivalent de la conso électrique du Japon, quatrième puissance économique du globe. Les méthodes traditionnelles de refroidissement peinent à suivre, ce qui ouvre la voie à des solutions innovantes.
La technologie de Submer ne se contente pas de refroidir. Certains modèles permettent carrément de récupérer la chaleur générée pour chauffer des bâtiments, par exemple. Une approche circulaire qui séduit déjà des clients de renom, dont un géant « hyperscaler » et des entreprises comme Telefonica et ExxonMobil. En surface, le Suisse Infomaniak est déjà très avancé sur la question.
Une vague d'investissements pour surfer sur la demande
Cette levée de fonds de 55,5 millions de dollars, menée par M&G Investments, valorise désormais Submer à environ 500 millions de dollars. Un sacré bond pour une entreprise qui, en 2016, s'était vue refuser l'entrée à Y Combinator, un accélérateur de start-up qui finance et accompagne les jeunes entreprises innovantes. Les temps ont bien changé, et l'urgence de solutions durables pour les data centers a propulsé Submer sur le devant de la scène. Depuis, l'entreprise a installé des bureaux à Houston, à Sausalito (Californie), et même à Taipei.
L'argent récolté servira d'ailleurs à accélérer l'expansion internationale de Submer, avec un focus particulier sur les États-Unis et la région Asie-Pacifique. La jeune entreprise collabore déjà avec des géants comme Dell, Supermicro et Intel pour rendre leurs serveurs compatibles avec sa technologie d'immersion. C'est, vous l'avez compris, tout un écosystème qui se construit rapidement autour de cette solution prometteuse.
Avec l'arrivée d'un nouveau CEO, Patrick Smets, en janvier 2024, Submer semble prêt à plonger dans le grand bain. Face à une concurrence qui s'intensifie, avec des noms comme LiquidStack et Green Revolution Cooling, Submer devra nager vite pour conserver son avance. Mais avec des data centers toujours plus assoiffés d'énergie, le marché semble suffisamment vaste pour accueillir plusieurs acteurs innovants.
Source : Submer