Test Jabra Elite 10 : d'excellents true wireless, robustes et isolants

Difficile de ne pas louer la philosophie Jabra, qui a su créer une gamme d'écouteurs Bluetooth complète et atypique, différente de la concurrence. Mais avec toutes leurs qualités, les true wireless de la marque ont toujours buté sur l'épreuve de la réduction de bruit, au mieux correctement implémentée, mais généralement anecdotique. Suite des Elite 85T, les Jabra Elite 10 se présentent comme le vaisseau amiral du constructeur.

Construction très poussée, puce Bluetooth moderne, mais surtout ANC haut de gamme, les Jabra Elite 10 ont tout pour eux sur le papier. Surtout, le prix plus faible que les autres écouteurs haut de gamme (249 €) les rend assez attractifs.

Une démonstration de confort et de robustesse

Contrairement aux autres écouteurs true wireless premium, la marque s'autorise à apporter une dimension sportive et baroudeuse à ses créations. Ainsi les Elite 10 sont-ils pensés pour apporter un bon confort et une bonne tenue, tout en affichant une résistance aux éléments bien supérieure à la moyenne. Les écouteurs sont certifiés IP57, ce qui les protège des immersions et de la poussière. Sur ce point, cette nouvelle référence reste un peu moins baroudeuse que les Elite 8 Active, annoncés simultanément. Ces derniers, ouvertement sportifs, affichent une certification IP68 pour les écouteurs, et IP54 pour la boite (ce qui est très rare).

La résistance de l'ensemble s'accorde très bien avec l'excellence de la fabrication. Les Elite 10, qui affichent un design ovoïde plus compact que les anciens 85T, sont presque irréprochables sur la forme. Le point le plus marquant ici revient à la présence d'une surcouche de silicone couple, qui recouvre presque intégralement les écouteurs, laissant seulement le dos à nu. Cela leur donne un aspect accrocheur, tout en optimisant le confort et la tenue.

Car oui, l'autre grande force des Jabra se loge dans sa structure particulièrement optimisée. La marque a utilisé une base de plus de 62 000 scans d'oreilles afin de créer une forme idéale (la plus universelle possible). L'architecture des Elite 10, de type semi-intra (canule très courte), est servie par des embouts vraiment originaux, à la fois ovales et asymétriques. Cette disposition, entrevue sur les Elite 85T (forme seulement ovale), leur permet d'être en théorie bien plus agréable à porter. Le constructeur livre l'ensemble avec 4 tailles d'embout, ce qui est globalement suffisant pour couvrir l'intégralité des morphologies.

Et cela fonctionne diablement bien ! Les embouts offrent un confort hors du commun, et la face interne (des écouteurs) en silicone souple limite largement la sensation de pression sur le creux de l'oreille. L'alliance des embouts elliptiques, de la forme optimisée des écouteurs, et du revêtement spécial, permet non seulement aux Elite 10 d'être parmi les écouteurs les plus confortables du marché, mais également de garantir une tenue idéale. En prenant en compte leur certification IP57, il est évident que les Jabra Elite 10 ressemblent à des écouteurs parfaits pour une pratique sportive. Bien sûr, ils ne sont théoriquement pas résistants à la sueur, mais un simple rinçage après utilisation annihile cette problématique. Rien n'est universel, c'est pourquoi les écouteurs ne sont pas adaptés aux quelques rares très petites oreilles, et encore.

La boite de charge est un peu plus classique, puisqu'elle n'offre aucun revêtement particulier, et adopte un design commun, façon boite d'Airpods 3. Cette boite est suffisamment compacte pour se glisser dans toutes les poches ou presque, et intègre la charge par induction. De plus, la charnière est d'excellente qualité. En bref, l'ensemble boite + écouteurs constitue un quasi-sans-faute.

L'efficacité 100 % boutons, et une bonne application qui évolue peu

Jabra aurait tort de modifier une formule qui continue de faire ses preuves. Les écouteurs Elite 10 reposent sur des contrôles entièrement à base de boutons physiques, cerclés par la surcouche de silicone. Outre leur très bonne réactivité, ces commandes couvrent l'intégralité des actions classiques. De base, l'écouteur droit se charge des classiques lecture/pause, piste suivante, piste précédente, via 1, 2 ou 3 clics. L'écouteur gauche permet quant à lui de basculer entre les différents modes de réduction de bruit. Enfin, il est possible d'appeler l'assistant vocal du smartphone, et de modifier le volume. En bonus (paramétrable dans l'application), la fonction Spotify Tap permet de directement lancer une playlist enregistrée sur le service de streaming.

Automatisme rentré dans les habitudes, particulièrement sur les appareils Bluetooth haut de gamme, la détection de port est bien évidemment de la partie.

Il y a peu de choses à dire sur l'application dédiée, Sound+, puisque celle-ci n'a que peu évoluée depuis quelques années. Ce n'est pas un reproche, car elle reste un modèle de clarté, tout en offrant un bon panel de réglages. On peut regretter une arborescence complexe lorsqu'il faut rentrer dans les réglages avancés, mais c'est bien le seul défaut que nous lui ferons. Sound+ donne accès, avec les Jabra Elite 10, à un égaliseur dédié à 5 bandes, un générateur de bruit d'ambiance, mais également à de très nombreuses optimisations ergonomiques, principalement pour la gestion des appels. Jabra Sound+ n'est pas aussi foisonnante que Sony Headphones Connect, mais mieux organisée, plus intuitive.

Une connectivité assez moderne, presque avant-gardiste

Point également atypique chez Jabra, la connectivité a été marquée, dans l'histoire récente de la marque, par un côté « je t'aime, moi non plus ». Pionnier du multipoint, le constructeur est pourtant resté longtemps sur l'archaïque système de connexion écouteur principal/écouteur asservi. Cela est de l'histoire ancienne, et on sent que Jabra a passé la vitesse supérieure avec les écouteurs Elite 10.

La puce, de type Bluetooth 5.3, affiche une connexion multipoint, un fonctionnement en mono pour chaque écouteur, et une compatibilité avec les appairages rapides Google Fast Pair et Microsoft Swift Pair. En apparence les choses s'arrêtent là, puisque Jabra ne va pas plus loin que les habituels codecs SBC et AAC.

Le constructeur mise pourtant sur l'avenir, car les Elite 10 seront compatibles, via une prochaine mise à jour, avec le standard LE Audio. Outre les nombreux avantages ergonomiques apportés par cette technologie, les écouteurs Bluetooth prendront en charge le codec obligatoire LC3, mais également son sur-ensemble (optionnel) LC3+. Pour rappel, le LC3+, techniquement plus avancé que le LC3, permet à la fois de monter le débit jusqu'à 1 mb/s, et offre une meilleure qualité en appel.

Isolation : on découvre le silence

On attend assez peu de choses venant de Jabra sur la réduction de bruit active. Le constructeur, malgré ses efforts et ses promesses, a toujours buté sur cette technologie. Les true wireless Elite 10 passent-ils enfin le cap de l'anecdotique ? La réponse est oui.

Bien meilleure que sur les précédents écouteurs, à commencer par les 85T, cette atténuation débute enfin dès les très basses fréquences. Sans faire aussi bien que les rois du genre, Sony WF-1000Xm5, Airpods Pro 2 et Bose QC Earbuds 2 en tête, les écouteurs Jabra parviennent sans mal à atténuer de 20 à 25 dB dans les basses et les médiums, voire 30 dB dans quelques petites gammes de fréquences. Il reste quelques progrès à faire avec cette technologie, notamment à l'approche des haut-médiums, moins atténués, mais les progrès sont bien là. Nos mesures ont eu tendance à accentuer l'isolation dans les basses et bas-médiums, tout de même moins prononcée lors de notre test en conditions réelles. Mais elle donne un indice assez parlant sur la performances des écouteurs Jabra.

Sur l'isolation passive, les Elite 10 sont tout aussi surprenants, puisqu'ils parviennent à se comporter aussi bien que des écouteurs de type intra-auriculaire, cela malgré une forme semi-intra très respirante. Ils parviennent, notamment, à faire mieux que les Airpods Pro 2 dans ce registre. Nous sommes loin des très intrusifs Sony WF-1000Xm5, mais la performance est bien là. Les écouteurs se suivent à la hauteurs des bons challengers, ils sont comparables au résultats de casque Bluetooth ANC convaincants.

À l'inverse, le mode Hearthrough, c’est-à-dire le retour sonore, est plus discutable. Ce mode suit assez bien la courbe idéale dans les basses et les médiums, mais ne fait pas de miracle dans les aigus. Exploitable, sans plus, ce mode ne permet pas de reproduire un environnement sonore réaliste.

Spécialité du constructeur, la fonction kit mains-libres ne montre pas de francs signes d'amélioration par rapport aux générations précédentes. Jabra fait donc du Jabra : Les Elite 10 montrent une captation de la voix très intelligible, mais qui manque un peu de naturel, est un peu étouffée. La force des écouteurs est de conserver une bonne intelligibilité, peu importe l'environnement. La voix devient de plus en plus nasillarde avec la difficulté, mais les écouteurs n'abdiquent jamais.

Autonomie : faire mieux que prévu

Annoncée à 6 h avec réduction de bruit active, l'autonomie est une fois de plus sous-estimée par le constructeur. Nous avons pu, sans problème, atteindre les 7 h 30, voire 8 h, ce qui est déjà très bon. Sans ANC, il est possible d'atteindre 10 h.

À cela s'ajoute le boitier, qui apporte environ 3 charges et demie. L'autonomie totale est donc très élevée, car dépasse assez rapidement les 30 h, et peut même s'approcher des 40 h.

À l'inverse, la charge des Jabra Elite 10 n'est pas spécialement véloce, puisqu'il faut près d'une heure pour passer de 0 % à 100 %.

Expressifs et polyvalents, du mieux techniquement

Portée par des avantages et des défauts, la "sonorité Jabra" se traduit généralement par une personnalité puissante et polyvalente, avec des basses accentuées et des pointes dans les aigus.

Ces nouveaux écouteurs Bluetooth bénéficient d'une nouvelle architecture sonore, portée par des transducteurs dynamiques de 10 mm. À l'écoute, pas de changement drastique par rapport à ce que nous connaissons. Jabra peaufine sa formule, ce qui donne un son assez maitrisé, presque sans débordement, efficace sur l'immense majorité des styles.

La fameuse emphase dans les basses est bien là, ce qui donne un côté assez rond à l'ensemble, sans tomber dans la lourdeur. Du côté des aigus, si quelques oscillations sont présentes dès les haut-médiums, Jabra a surtout tendance à accentuer les très hautes fréquences. Le son est clinquant et démonstratif… un peu trop même. Des instruments comme les cymbales ressortent nettement, et une certaine brillance se dégage de l'écoute.

Cela est à double tranchant, puisque les Elite 10 peuvent avoir tendance à devenir fatigants à haut volume.

La force de ces écouteurs true wireless est d'éviter toute forme de creux, de mise en retrait de telle ou telle fréquence. Ainsi, aucun réel manque ne se fait sentir, et les ajustements via l'égaliseur sont possibles sans augmenter la distorsion (en baissant simplement des niveaux). Cette particularité de la signature sonore participe à la polyvalence des Jabra Elite 10, qui sont certes plus à l'aise sur des genres simples et bien mixés, mais s'adaptent à peu prêt à tout.

Il ne faut pas en demander trop, techniquement parlant, au haut-parleur. La linéarité dans les aigus est loin d'être exceptionnelle, et les très basses fréquences ne sont clairement pas aussi définies que sur les excellents modèles haut de gamme et les excellents casques Bluetooth. Il manque ainsi un peu de définition sur ce registre, malgré une belle ampleur.

Au moins, le niveau de détails est très bon, et la scène sonore se permet d'être assez large, et suffisamment bien projetée vers l'avant. À défaut d'être des références en la matière, les Elite 10 ne sont clairement pas à la traine.

Une petite surprise vient avec les écouteurs : une technologie de son 3D développée par Dolby, avec suivi des mouvements de la tête. Calquée sur le Spatial Audio, cette fonction, activable dans l'application, est plutôt n'est un simple gadget. À l'image de ce qui existe chez Apple, on remarque une certaine parcimonie dans les effets sonores. Cette technologie Dolby, utilisable avec une source stéréo, multicanal, voire Atmos, ne vient pas ruiner un morceau une fois activé. Le principe parvient même à être utile sur des morceaux live. Néanmoins, son intérêt premier est clairement la vidéo, genre où le gain immersif peut devenir sensible.

Jabra Elite 10 : l'avis de Clubic