Kim Dotcom ruiné : l'ascension et la chute d'une figure controversée du Web

Audrey Oeillet
Publié le 27 novembre 2014 à 13h07
Le fondateur de Megaupload et de Mega Kim Dotcom vient d'annoncer officiellement qu'il n'avait plus un sou en poche. Toujours poursuivi par les Etats-Unis qui l'accusent d'avoir fait fortune grâce au piratage, l'homme d'affaires risque plus que jamais l'extradition.

Manoir de luxe en Nouvelle-Zélande, hélicoptère privé, voitures de collection... Kim Schmitz, alias Kim Dotcom, ne s'est jamais rien refusé. Et c'est sans doute ce qui l'a mené à la délicate situation dans laquelle il est aujourd'hui : alors que sa fortune était estimée il y a encore quelques années à 175 millions de dollars, le sulfureux magnat du Web a annoncé à l'occasion d'une intervention dans une conférence londonienne qu'il était ruiné.

« Mon équipe juridique a démissionné quand j'ai commencé à manquer d'argent. J'ai dépensé 10 millions de dollars pour me défendre. Ils m'ont pris toutes mes ressources. »

L'escalade de la décadence

S'il pointe du doigt l'attitude de ses avocats, Kim Dotcom est cependant lucide sur la sienne : « Je suis une cible facile à cause de mon style de vie flamboyant. C'est difficile de faire profil bas quand on possède des plaques d'immatriculation avec DIEU et DÉFONCÉ écrit dessus » admet-il, avant d'ajouter « et puis je suis Allemand, et Hollywood aime bien les méchants allemands à la James Bond. »

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S'il n'a vraisemblablement pas perdu son humour, Kim Dotcom a cependant perdu sa fortune, celle-là même que les majors d'Hollywood lui reprochent d'avoir amassée illégalement. Car Dotcom est, à la base, le fondateur de la plateforme Megaupload, un service de partage de fichiers qui a longtemps été prisé par les internautes du monde entier pour partager des films et autres contenus piratés. Les abonnements et revenus publicitaires lui auraient permis, selon la justice américaine, d'amasser 175 millions de dollars avant la fermeture du service en janvier 2012. De l'argent en grande partie bloqué par ses problèmes judiciaires, puisque la plupart de ses comptes ont été gelés.

Depuis le raid du FBI sur son manoir néo-zélandais, situé à proximité d'Auckland, l'Allemand est contraint d'y demeurer jusqu'à son procès pour extradition. Ce dernier, constamment reculé dans le temps grâce à la pugnacité de ses avocats, se fait toujours attendre. Alors, depuis janvier 2012, Kim Dotcom tue le temps : il a lancé Mega, un nouveau site d'hébergement, et Baboom, une plateforme musicale. Il s'est également lancé dans la musique, ainsi qu'en politique. A côté de ça, il a continué de cultiver sa passion pour les belles voitures, et pour le jeu Call of Duty.


En conflit perpétuel avec la justice américaine, Dotcom a concentré sa défense sur les manœuvres du FBI, à commencer par le fameux raid sur son manoir, jugé illégal par la justice néo-zélandaise. L'Allemand et son équipe juridique sont parvenus, plusieurs fois, à rendre des preuves non recevables, et même à accéder au dossier américain contre lui. De quoi ralentir grandement la procédure d'extradition, d'ailleurs repoussée à 2015. Et pour accompagner cette coûteuse défense judiciaire, Dotcom promettait il y a peu 5 millions de dollars à quiconque apportant la preuve de la corruption du gouvernement américain dans l'affaire Megaupload.

Dure sera la chute

Mais la vie opulente de Kim Schmitz semble arriver à son terme. Après avoir quitté la direction de Mega en septembre 2013, il quittait celle de Baboom en octobre dernier, dans l'optique de donner une meilleure image du service auprès de l'industrie musicale. Il était en effet plutôt paradoxal qu'un homme désigné comme ennemi public numéro 1 par les majors se retrouve à la tête d'un tel service. Malgré sa tentative de rédemption et une volonté de faire de Baboom une plateforme sur laquelle les artistes sont plus libres, Dotcom a dû se résigner à faire profil bas.


Quant à sa tentative d'entrer en politique, avec le Parti d'Internet, elle n'a pas non plus porté ses fruits. S'il désirait lancer « un mouvement pour la liberté de l'internet et de la technologie, pour le respect de la vie privée et les réformes politiques », Kim Dotcom s'est heurté à de farouches opposants en Nouvelle-Zélande. « Avant de me lancer en politique, j'étais populaire en Nouvelle-Zélande. Tout le monde me soutenait. Mais le Premier ministre et son parti m'ont attaqué de façon odieuse, en me faisant passer pour un nazi et en affirmant que je m'engageais uniquement pour empêcher mon extradition » explique-t-il. Ses projets politiques sont ainsi tombés à l'eau, et avec eux, beaucoup d'argent investi. Et si le site de son parti est toujours en ligne, son visage n'y apparaît désormais plus.

Un rise and fall moderne ?

Aujourd'hui, Kim Dotcom est devenu, selon ses termes « un paria ». Sans le sou et sans avocat, il ne va plus pouvoir esquiver la justice américaine bien longtemps. « Je suis sans défense et les juges veulent profiter de la situation pour révoquer ma caution » expliquait-il en début de semaine, en visioconférence depuis sa demeure néo-zélandaise. « Ceci pourrait être ma dernière apparition publique. »

L'histoire de Kim Dotcom n'est pas sans rappeler celles de malfrats symboliques, à l'ascension spectaculaire et à la chute toute aussi impressionnante. Criminel mafieux pour les uns, Robin des Bois moderne pour d'autres, l'Allemand débonnaire divise toujours autant malgré ses déboires. Et la perspective de voir, prochainement, la justice le rattraper ne sous-entend pas pour autant qu'on n'entendra jamais plus parler de Kim Dotcom : il s'agit juste d'un chapitre supplémentaire dans une existence pleine de rebondissements.

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Audrey Oeillet
Par Audrey Oeillet

Journaliste mais geekette avant tout, je m'intéresse aussi bien à la dernière tablette innovante qu'aux réseaux sociaux, aux offres mobiles, aux périphériques gamers ou encore aux livres électroniques, sans oublier les gadgets et autres actualités insolites liées à l'univers du hi-tech. Et comme il n'y a pas que les z'Internets dans la vie, j'aime aussi les jeux vidéo, les comics, la littérature SF, les séries télé et les chats. Et les poneys, évidemment.

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