Lors de la conférence D8, organisée comme tous les ans par le Wall Street Journal, Steve Jobs s'est prêté de bonne grâce au jeu de l'interview et a évoqué quelques thèmes chauds du moment. En tête : l'iPhone 4G perdu, Google, Adobe, l'iPad... Le patron d'Apple en a profité pour régler ses comptes... une bonne fois pour toute ? Pas sûr.
Concernant l'iPhone 4G et l'affaire Gizmodo, Steve Jobs a confirmé qu'il s'agissait bel et bien d'un prototype égaré lors d'un test en conditions réelles, tout en indiquant qu'il y avait « débat quant à savoir s'il a été laissé dans le bar, ou bien volé dans le sac » de l'ingénieur. Il révèle également que ce n'est pas Apple qui a contacté la police en premier lieu, mais le colocataire de Brian J. Hogan, le jeune américain qui avait trouvé le prototype dans un bar de San José. Mais la firme de Cupertino a néanmoins bien porté plainte contre Gizmodo : « La pire chose à faire aurait été de laisser faire » a commenté Jobs.
Google a également été au cœur de la discussion : Steve Jobs a confirmé que le moteur de recherche et ses applications ne seraient pas supprimés de l'iPhone. Walt Mossberg, journaliste au Wall Street Journal, a également interrogé le patron d'Apple sur le positionnement de la firme par rapport à la concurrence de Chrome OS et Android. A ce titre, Jobs a nié mener une croisade contre ses opposants : « Nous ne nous sommes jamais vu dans une guerre de plateformes avec Microsoft, ou qui que ce soit ... C'est peut-être pour ça que nous avons perdu. Mais nous ne nous somme jamais lancé de nous-mêmes dans une telle guerre ; nous voulons juste faire de bons produits. » La société ne compte pas non plus se lancer dans la recherche, et ce malgré le récent rachat de l'application de recherche vocale Siri.
Puis est venue l'affaire Adobe, et précisément la lettre ouverte de Jobs contre Flash : le PDG en col roulé s'est, à nouveau, défendu d'être en guerre contre l'entreprise, mais a expliqué que les attaques répétées d'Adobe contre Apple l'ont « fatigué », et l'ont poussé à écrire sa désormais célèbre lettre.
« Nous voulons juste faire de bons produits. Nous estimons que Flash n'est pas un bon produit, nous l'avons donc laissé de côté. » a-t-il expliqué, avant d'ajouter se concentrer sur des « technologies en ascension » : « Flash a fait son temps et le HTML5 représente l'avenir. Nous avons demandé à Adobe de nous montrer quelque chose de mieux, ils ne l'ont jamais fait ». Pas de guerre, mais une grosse flèche lancée là où ça fait mal, tout de même.
Jobs s'est également exprimé au sujet de Foxconn, et de l'inquiétante vague de suicides qui a lieu dans son usine de Shenzen, où est notamment fabriqué l'iPhone : « Foxconn n'est pas un atelier misérable. Ils ont des restaurants et des cinémas... Mais ça reste une usine. 400 000 personnes travaillent là-bas. Le taux de suicide est inférieur à celui des Etats-Unis » a-t-il temporisé, tout en indiquant que les évènements actuels étaient tout de même « préoccupants ». Si le PDG d'Apple n'a pas évoqué les récentes rumeurs concernant une prime versée aux employés fabriquant les produits griffés d'une pomme, il a cependant confirmé que du personnel de la marqué avait été dépêché à Shenzen, pour enquêter.
Le patron de la firme de Cupertino s'est également épanché sur l'iPad, et sur l'avenir des tablettes en général. Pour Steve Jobs, les PC ont du souci à se faire face à ce nouveau marché. Pour l'expliquer, il a utilisé une métaphore des plus originales : « Quand les Etats-Unis étaient un pays rural, toutes les voitures étaient des camions. Mais quand les populations ont commencé à migrer en ville, les gens ont commencé à utiliser des voitures. Je pense que les PC vont connaître le même destin que les camions : ils seront de moins en moins utiles. »
C'est donc un Steve Jobs ouvert au dialogue qui a exposé son point de vue hier soir, quitte à remettre de l'huile sur le feu de certains sujets quelques peu délicats. Gageons que les contre-attaques ne se feront pas attendre...
L'intégralité de la conférence est disponible, en vidéo et en anglais, sur le site du Wall Street Journal.