Alors que nous apprenions la restructuration d'Intel et le licenciement de 12 000 personnes suite aux résultats du groupe, nous relations la semaine dernière la nouvelle stratégie d'Intel telle qu'envisagée par Brian Kzranich.
L'occasion de revenir sur les origines des ennuis du fondeur et plus précisément sur la volonté farouche d'Intel de faire de l'Atom, une puce de choix pour les smartphones et les tablettes.
C'est à cet effet que nous citions les propos de l'ancien CTO (Chief Technical Officer) d'Intel, Justin Rattner, qui justifiait l'existence de l'Atom par la vente de la division XScale d'Intel à Marvell (voir Interview : les prochains enjeux technologiques d'Intel). L'Atom, un processeur qui n'aurait pour mémoire même pas vu le jour si certains fabricants taiwanais n'avaient pas lourdement insisté pour lancer une vague de mini-PC abordables... c'était la glorieuse époque des Netbooks dont le succès fut des plus éphémère.
En 2011, Clubic interrogeait Justin Rattner : Il n'y a donc aucun regret d'avoir vendu la division en charge des processeurs XScale ? NDLR : les processeurs ARM
Des regrets ? Non je ne pense pas. Je pense que vous serez seul juge. Atom n'existerait pas aujourd'hui si on s'était concentré sur XScale. Dans nos laboratoires, nous avons notamment réussi à prouver que nous pouvions construire un processeur à architecture Intel qui s'approchait de ce qu'on pouvait faire du côté d'ARM en terme d'efficacité énergétique. C'était le problème numéro un. Y avait-il quelque chose de magique dans l'architecture ARM qui leur permettait de concevoir des puces aussi efficaces énergétiquement parlant ?
C'était d'ailleurs plutôt sympathique d'avoir un responsable expérimenté et talentueux du développement ARM dans nos murs. On s'est réuni pour lui demander : que savez-vous que nous ignorons ? Ils ont partagé toutes leurs connaissances avec bon vouloir puisqu'il s'agissait d'employés Intel. Ils nous ont confirmé que l'on pouvait faire tout cela avec l'architecture Intel. C'est ce processus qui nous a conduit à l'Atom et je pense que c'était une bonne chose pour nous.
Intel annule les Atom SoFIA et Broxton
Aujourd'hui, on apprend qu'Intel annule purement et simplement tous les développements autour de ses puces SoFIA, les processeurs Atom avec modem embarqué (3Gx, LTE, LTE2) ainsi que les futurs SoC Broxton. En d'autres termes, Intel jette l'éponge sur la mobilité puisque ces puces étaient destinées aux tablettes et aux smartphones. Les équipes travaillant sur les projets SoFIA et Broxton seront réaffectées à des projets qui soutiennent la stratégie d'Intel et ont un meilleur rendement selon un communiqué de la firme.Que reste-t'il de l'Atom ?
La question de la roadmap d'Intel en matière de puce mobile se pose donc puisqu'avec des puces Sofia déjà en vente, l'arrêt annoncé des puces Atom X5 Cherry Trail en faveur des Celeron & Pentium nom de code Apollo Lake, l'abandon de Broxton il ne reste plus grand chose en Atom. Du reste, les fabricants de PC ont tendance ces dernières semaines à choisir des Core M à architecture Skylake pour leurs hybrides et tablettes.Intel précise qu'il continuera à soutenir ses clients de tablettes utilisant des puces Sofia 3G/3GR, Bay Trail et Cherry Trail mais aussi Apollo Lake et certaines variations de la famille de processeurs Core.
Dernier stack connu de la famille Atom
L'Atom un échec plus cuisant que Viiv
Avec cette annulation, Intel fait un choix courageux : celui d'arrêter les frais dans un combat qu'il a perdu il y a des années. C'est aussi un échec retentissant tant il est vrai que la marque a dépensé sans compter pour ses puces Atom après l'ère du Netbook. Des puces que l'on a retrouvées dans des NAS, dans certaines box opérateurs (Free, Orange et Bouygues notamment l'ont utilisé en France) mais que l'on n'a quasiment jamais vues dans les smartphones, soyons honnêtes (on se souvient tout de même du Santa-Clara d'Orange). Du côté des tablettes, Intel a connu plus de succès avec ses Atom, puisque l'Atom a équipé toute une vague de tablettes x86. Des tablettes généralement peu onéreuses, à l'exception peut être de la Surface 3.L'Intel Atom Z2460 alias Medfield
On comprend avec ce choix qu'Intel vise à se concentrer sur la 5G et les développements associés, où il ne proposera finalement qu'un modem et une infrastructure adéquate. C'est ce que nous annonçait déjà entre les lignes Stéphane Nègre, Directeur Général d'Intel France à l'été dernier nous expliquant que le modem était un axe stratégique pour Intel. C'est la fin en tout cas d'une vision, celle du x86 top to bottom.
Reste à savoir si Intel ira au bout de la logique en mettant au service d'ARM son incroyable machine industrielle pour produire pourquoi pas des puces ARM avec ses propres transistors ?