Test Nothing Phone (2a) : un tour de force sur le milieu de gamme

L'actualité des smartphones est brûlante et, parfois, nous fait passer à côté d'évidences. Nous n'avions pas testé le Nothing Phone (2a) lors de sa sortie en mars derniers. Tâchons de corriger cet impair avant l'arrivée du modèle Plus dans quelques semaines !

Un modèle Plus oui, qui doit apporter à la formule un SoC de meilleure facture et des capacités de recharge rapide avancée. Mais, pour faire les choses bien et pouvoir comparer ce futur modèle à l'original, le mieux reste évidemment de tester ce dernier en profondeur. Alors, que vaut vraiment ce flagship killer à 349€ ?

Test réalisé sur un smartphone prêté par le constructeur.

Dans la boîte du Nothing Phone (2a)

• Un câble USB-C vers USB-C

Design : Nothing toujours reconnaissable

Rares sont les smartphones, a fortiori de milieu de gamme, qui sortent autant de la masse. Il faut dire que le design de nos rectangles de poche tend à s'uniformiser, avec la diagonale de 6,7" comme mètre-étalon. Nothing n'échappe pas à cette règle, ce qui ne l'empêche pas de se montrer original sur d'autres aspects.

Impossible de confondre le Nothing Phone (2a) avec un autre smartphone… à l'exception, peut-être, du Nothing Phone (2) ! Avec cette coque arrière transparente et ses (faux) composants apparents, le modèle le plus abordable de Nothing conserve l'identité visuelle de la jeune marque lancée en 2022.

La différence la plus notable avec le Phone (2) est la disposition des caméras. Ici, les deux capteurs sont alignés horizontalement au centre de l'appareil plutôt qu'à la verticale dans le coin supérieur gauche. Ils ne dépassent pas trop du châssis, ce qui ne crée aucune gêne lorsqu'on prend le téléphone en main.

Le système propriétaire Glyph, représenté ici par trois bandes lumineuses qui encadrent l'îlot d'appareils photo, est un peu plus modeste que sur le Phone 2. Il offre néanmoins les mêmes fonctionnalités, que l'on détaillera plus bas.

Léger, plutôt fin, le smartphone est agréable à manipuler. Ses différents boutons tombent fort bien sous les doigts, et son scanner d'empreintes digitales est réactif (même s'il pourrait être placé un peu plus haut).

On dénombre deux haut-parleurs (l'oreillette principale sert de conduit secondaire) qui font un travail de restitution correct pour écouter des vidéos à la volée. Le smartphone est protégé par un verre Gorilla Glass 5 et bénéficie d'une certification IP54 offrant une protection contre la poussière et les éclaboussures. À ce prix, c'est très honnête.

Écran : de belles couleurs

L'écran AMOLED Full HD du Nothing Phone (2a) impressionne par sa justesse. Même avec le mode d'affichage « Actif », la balance des blancs nous apparait parfaitement calibrée, de même que les couleurs — parcimonieusement saturées pour embellir les contenus sans les dénaturer.

Réactive, la dalle peut faire osciller sa fréquence entre 60 et 120 Hz, comme beaucoup d'autres smartphones Android du marché. Côté luminosité, l'écran se montre un peu limité. En extérieur, en plein soleil, il est parfois difficile de le lire confortablement si l'on porte des lunettes de soleil. Il faut dire que le film de protection en plastique préinstallé ajoute beaucoup de réflectance.

Précisons que, malgré la nature OLED de l'écran, le Nothing Phone (2a) ne propose pas de mode Always-On.

Performances : un SoC décoiffant

Autant l'écrire : on n'en attendait pas autant du smartphone, mais ses performances font indéniablement partie de ses points forts. Nos tests habituels le montrent : le Nothing Phone (2a) est lourdement armé pour déployer une fluidité de tous les instants, et même autoriser un peu de jeu.

Grâce à sa puce Dimensity 7200 Pro 5G signée par MediaTek, le mobile est parfaitement à l'aise au quotidien. Notre exemplaire, équipé de 12 Go de RAM, n'a absolument aucun problème pour basculer rapidement entre différentes applications. Même sur l'exigeant Genshin Impact, le téléphone tient ses 60 fps (en qualité faible, n'exagérons pas) et ne montre aucun signe de chauffe inquiétant après une longue session.

Testé sur 3DMark dans le module Wild Life Extreme Stress Test, le Phone (2a) décroche la timbale avec un score modeste (un peu plus de 1100 points) mais une note de stabilité approchant des 100%. En d'autres termes : aucun throttling ne vient handicaper les performances de ce smartphone fort bien optimisé.

Interface : on respire !

Il n'existe pas de règle en matière de bloatwares sur les smartphones. Mais, ce que j'ai remarqué après plusieurs années à tester les différents modèles du marché, c'est que plus on baisse le prix, plus on se retrouve avec une quantité astronomique d'applications préinstallées. Ce n'est pas le cas pour le Nothing Phone (2a).

NothingOS 2.6 est extrêmement proche d'un Android 14 Stock et joue la carte du minimalisme. Cela se traduit notamment par cette interface qui, par défaut, est monochrome. Il faut aimer — une option permet heureusement de rétablir la couleur. Sur un si bel écran, ce serait dommage de s'en priver !

Compatible Wi-Fi 6 et NFC, le Nothing Phone (2a) permet évidemment d'utiliser les applications de paiement mobile et même de dématérialiser son titre de transport, par exemple à Paris.

La patte Nothing se distingue en grande partie par les nombreux widgets (un peu envahissants, c'est vrai) adoptant le dot design devenu l'un de ses codes esthétiques les plus reconnaissants.

Enfin, on en parlait plus haut, on retrouve le système lumineux Glyph qui donne vie à la face arrière du mobile. Il faut voir ça comme une diode de notifications glorifiée. De nombreuses options s'offrent à nous (des schémas d'éclairage particuliers selon les contacts ; un visualisateur pour la musique ; une barre de progression pour ses livraisons Uber Eats), et l'on peut évidemment tout désactiver si ce n'est pas notre tasse de thé. Un gimmick, certes, mais un gimmick indolore, qui contribue une fois de plus à rendre ce smartphone abordable très particulier dans le paysage.

Enfin, côté mises à jour, Nothing nous promet trois ans de mises à jour Android et une année supplémentaire pour les correctifs de sécurité. Cela nous fait donc quatre ans au total ce qui, à ce prix, n'est égalé que par Samsung sur ses Galaxy A et Xiaomi sur ses Redmi Note 13. Ah, c'est sûr, ça nous change du récent HTC U24 Pro qui est le premier smartphone que nous testons… qui ne sera jamais mis à jour.

Appareil photo : une prestation étonnante

La configuration photo du Nothing Phone (2a) :

• Grand-angle : 50 Mpx, 1/1.56", ƒ/1.9 ; PDAF ; OIS ;
• Ultra grand-angle : 50 Mpx, 1/2.76", ƒ/2.2 ;
• Selfie : 32 Mpx, 1/2.72", ƒ/2.2.

Avant d'entrer dans le détail, précisons que notre test arrivant très en retard par rapport à celui de nos confrères, Nothing a eu le temps de mettre à jour son logiciel. On a relevé plusieurs mentions d'améliorations photo dans les notes de version de NothingOS 2.6 et, en effet, nous n'avons pas du tout remarqué les problèmes de « teinte verte » parfois évoqués dans les tests d'autres sites. Une bonne nouvelle !

Grand-angle

Le module principal du Nothing Phone (2a) est très polyvalent. Le piqué est très bon (au centre de l'image), et reste acceptable dans les angles. Toutefois, le traitement est un peu agressif. Les couleurs sont très renforcées, ce qui redonne parfois un peu d'intérêt à des photos trop banales. Néanmoins, celles et ceux qui cherchent avant tout le naturel pourraient être rebutés par ces réglages.

Pour vous situer, on est sur une approche de la situation assez similaire à ce que peut proposer Samsung — avec ces bleus très profonds qui détonnent légèrement dans l'image. C'est un style, et il faudra faire avec. La qualité des photos ne s'en retrouve pas amoindrie selon nous.

On remarque toutefois que les scènes à hautes dynamiques occasionnent l'apparition de voile sur l'image. Inondé de lumière, le capteur a du mal à ajuster correctement les hautes lumières, et ses capacités HDR semblent assez limitées. Rien de dramatique, mais il faut garder ce détail en tête pour ne pas se retrouver avec des photos ratées.

Aussi, Nothing a semble-t-il corrigé sa copie depuis la sortie du Phone (2a). Si les clichés tirent très légèrement sur le vert, nous n'y voyons rien de rédhibitoire et davantage une expression du style que la marque cherche à donner à ses photos.

Ultra grand-angle

L'ultra grand-angle est pour le moins étonnant. Déjà parce qu'il compte 50 mégapixels, chose rare et pas seulement sur l'entrée de gamme. Ainsi, même si le piqué n'est pas parfait, les images jouissent d'un niveau de détail assez inédit sur une focale aussi courte.

Ce qui étonne également, c'est le traitement numérique presque excessif pour lequel opte Nothing. Il n'y a qu'à regarder le ciel ou la végétation : la saturation paraît poussée à son maximum. Une façon pour la marque de dissimuler les faiblesses du capteur ? Peut-être. Reste que cela attire l'œil, à défaut d'être totalement juste.

Téléobjectif / Zoom

Le Nothing Phone (2a) ne dispose pas d'un téléobjectif dédié. En revanche, la grande résolution (50 mégapixels) du capteur principal permet d'utiliser un grossissement numérique 2x, pouvant aller jusqu'à 10x. Comme souvent, plus on augmente la focale, plus la qualité en pâtit. En revanche, en s'en tenant à 2x et en pleine journée, les résultats sont très corrects. Surtout si l'on ne consulte ses photos que depuis son téléphone, et pas sur un écran plus grand.

Photos de nuit

De nuit, le principal problème des capteurs est moins le bruit que le manque de contraste et les couleurs délavées — même en intérieur. Rien d'alarmant ; cela est dû à la modestie des modules qui, malgré tout, offrent des clichés très corrects pour un smartphone si peu cher.

Portraits et selfies

Grâce à la grande résolution de ses capteurs, le Nothing Phone (2a) nous renvoie une impression de portraitiste accompli. Bien sûr, le mode idoine active toute une série d'ajustements particuliers sur le style de l'image. Le contraste s'en retrouve une nouvelle fois renforcé et les couleurs modifiées. Mais, une nouvelle fois, le résultat y est. Le flou d'arrière-plan est réussi, la carnation semble respectée, et aucun lissage excessif n'est à relever. Un bel équilibre.

En selfie, c'est la même tambouille. Le capteur de 32 mégapixels offre un très bon niveau de détail, et les algorithmes savent se montrer parcimonieux dans leur traitement numérique. Rien à redire.

Vidéo

Chose rare sur des mobiles de ce rang, les deux capteurs sont capables de filmer en 4K (à 30 fps, n'exagérons pas). Forcément, si l'ultra grand-angle est un peu limité dans l'exercice, les résultats sont loin d'être honteux.

C'est une évidence : le Nothing est bien plus à l'aise avec son capteur principal pour la vidéo. En 4K à 30 fps, l'image est assez belle, même si les couleurs manquent un peu de vie. La stabilisation est correcte, et l'image n'est pas excessivement bruitée.

Pour plus de fluidité, on pourra bien sûr opter pour le mode 1080p à 60 fps. Mais, comme vous le constaterez en visionnant ce clip, on y perd beaucoup en finesse.

Autonomie : une endurance redoutable

Le Dimensity 7200 Pro est non seulement un SoC performant, il se montre aussi particulièrement endurant. C'est en tout cas le constat que l'on peut tirer de notre test, qui nous a permis de tenir une journée et demie sur le Nothing Phone (2a) avec un peu plus de 7h10 de temps d'écran (vidéo en streaming, jeu vidéo, session photo…).

De très bonnes impressions confirmées par le test de batterie de PCMark, qui a pris plus de 16h pour décharger le smartphone jusqu'à 20%. Un très bon score, pour un smartphone qui est décidément d'une très grande polyvalence.

En termes de recharge, reprécisons que le Nothing Phone (2a) n'est pas livré avec un chargeur. Il est annoncé avec une compatibilité jusqu'à 45W, mais nos tests avec un chargeur Anker 65W n'ont pas été très concluants. D'après AnTuTu, la puissance n'a jamais excédé 25W, et il nous a fallu une bonne heure pour recharger pleinement le smartphone. Cela reste très, très correct en 2024.

Nothing Phone (2a) : Prix, disponibilité et concurrence

Le Nothing Phone (2a) a été commercialisé en mars dernier. Il est disponible dans les coloris noir, blanc et gris, dans les éditions suivantes :

• 8+128 Go : 349€ ;
• 12+256 Go : 399€.

Un tarif particulièrement agressif pour la qualité de la prestation. Sous la barre des 400€, on trouvera le Samsung Galaxy A35, le surprenant Honor Magic 6 Lite et, plus récemment, le CMF Phone 1 qui nous semble être une alternative intéressante. En option, on pourra également opter pour un Google Pixel 7a d'ancienne génération.

Nothing Phone (2a) : l'avis de Clubic