Dans le cadre de l'observatoire Grande Entreprise/ Entreprise Innovante de l'IEclub, des représentants de Bouygues Telecom et Tekora évoquent leur collaboration
JB - Pourquoi avez-vous décidé de collaborer avec une petite entreprise comme Tekora ?
BR - Un peu de contexte : Bouygues Telecom, notre filiale de téléphonie mobile, progresse dans un marché en forte évolution technologique : Edge, UMTS pour les équipements radio, mais aussi photo numérique, vidéo, télévision, pour les terminaux. L'évolution est également forte dans les usages : pensons aux succès des SMS, de la personnalisation du mobile comme les sonneries ou les fonds d'écrans, ou de i-mode, qui touchera plus d'1 million de clients de l'opérateur en fin d'année. Face à ces mutations, une entreprise comme Bouygues Telecom se doit de préparer le futur, en identifiant les opportunités, en les adaptant à son outil de production - voire en adaptant ce dernier-, et en les délivrant à ses clients de manière à en tirer le meilleur bénéfice. Or il n'est plus possible d'innover que de l'intérieur. Les R&D "classiques" concentrent leurs efforts sur quelques thèmes stratégiques mais ne peuvent faire face à toutes ces diversités de technologies et d'usage. Les fournisseurs usuels, quant à eux, "poussent" certes leurs solutions innovantes, mais on l'a vu avec le flop du WAP, et les atermoiements de l'UMTS, un opérateur ne peut baser sa stratégie sur les seuls discours marketing des équipementiers. Dans le contexte des technologies de l'information, l'univers foisonnant des start up est un foyer d'innovation à ne pas négliger, et mérite au moins qu'on y prête une oreille attentive. C'est dans ce cadre que j'ai découvert Tekora, dont le patron philippe COUP-JAMBET est une vieille connaissance. Il m'a présenté son outil d'hébergement et de développement rapide de sites i-mode, à destination des web agencies qui créent pour leurs clients des services en mobilité. Pour avoir, avec mon équipe, développé «à la main», une douzaine de sites de démonstration, j'ai été instantanément séduit par la simplicité d'usage, et par l'outil de productivité que représentait Tekora. Il devenait facile de créer des sites i-mode, accessibles en mobilité ou sur PC, pour accompagner des évènements, pour permettre de consulter son agenda, ses contacts d'entreprise, ses stocks, ... et pour représenter un point d'entrée léger au Système d'Information de l'entreprise Tekora me semble symboliser l'émergence de nouveaux acteurs dans l'univers i-mode, deux ans après son lancement en France par Bouygues Telecom. Ni éditeur de contenu, ni opérateur, ni marque : une plateforme de développement (en mode ASP) à usage du non spécialiste.
JB - Selon vous, quels bénéfices retirez vous de cette collaboration ? A l'inverse, que leur apportez vous ?
BR - Le bénéfice est clair pour Bouygues Telecom : des sociétés comme Tekora nourrissent l'écosytème i-mode, en en améliorant la productivité et la réactivité. Elles matérialisent le potentiel offert par i-mode en le déclinant sur des offres spécifiques et en illustrant les retours sur investissement que l'on peut concrètement en attendre. En bon français, elles "commoditisent" la création d'applications informatiques mobiles, et de ce fait elles "éduquent" le marché et évangélisent sur les nouvelles possibilités offertes par l'internet de poche qu'est i-mode. La légèreté de développement d'applications en mobilité est un argument de différentiation commercial fort pour Bouygues Telecom à destination des entreprises.
Pour Tekora, les discussions croisées avec des opérationnels de Bouygues Telecom, lui permettent de mieux définir les contours de son offre, d'optimiser sa roadmap produit, et de faire connaître sa marque. On sort là clairement du contexte acheteur/fournisseur où la dissymétrie de taille serait fatale au petit, pour entrer dans un partenariat, au gré des affinités et des succès clients.
JB - Avez-vous ressenti une différence de culture entre votre société et cette start-up ?
BR - On a l'âge de ses artères, et Bouygues Telecom est une société jeune et créative, très mobilisée par le service offert à ses clients. Elle s'allie donc très facilement avec des start up. La vision du rôle que jouera demain le multi média mobile dans le quotidien des français est la même, il n'est donc pas difficile de s'entendre. Évidemment la réactivité d'une société de 3 ou 4 personnes qui peut adapter sa stratégie sur un coup de téléphone, est toujours appréciable, elle peut s'immiscer dans des segments de marché très étroits mais révélateurs d'une tendance.
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JB - Dans l'ensemble, estimez vous que les jeunes entreprises devraient être plus nombreuses à vous contacter ?
Il faut beaucoup d'eau de mer et pas mal d'évaporation pour faire un kilo de fleur de sel. Je crois qu'il y a assez de canaux pour irriguer nos entreprises, ce n'est donc pas un problème de débit entrant. En revanche, au bout du compte, ce sont nos 7 millions de clients - c'est-à-dire vous, votre épouse, vos enfants et les amis de vos enfants - qui choisissent de retenir tel ou tel service, et c'est eux qui imposent le tempo du paludier.
JB - Benoît ROTTEMBOURG, je vous remercie.
[Spécial IE-club] : Benoît ROTTEMBOURG, Bouygues : "l'univers foisonnant des start up est un foyer d
Publié le 24 novembre 2004 à 00h00
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