Un smartphone affichant le logo d'OpenAI avec Sam Altman en arrière-fond © Rokas Tenys / Shutterstock
Un smartphone affichant le logo d'OpenAI avec Sam Altman en arrière-fond © Rokas Tenys / Shutterstock

OpenAI a vécu des jours particulièrement troublés avec le départ surprise suivi du retour express de Sam Altman. On vous rappelle tout ce qui s'est passé depuis vendredi dernier !

Tout semblait aller pour le mieux chez OpenAI ces derniers mois, avec un ChatGPT toujours plus performant. L'IA avait en effet bénéficié lors du Dev Day, en début novembre, d'une mise à jour d'envergure avec des fonctionnalités qui allaient encore accroître sa popularité. Bref, tout allait pour le mieux jusqu'à l'annonce surprise, il y a une semaine, du licenciement brutal de son PDG Sam Altman !

Le vendredi de la stupeur

C'était une nouvelle qui semblait venir de nulle part. Vendredi dernier, le monde apprenait qu'OpenAI décidait de se séparer de son patron Sam Altman, à la suite d'un petit coup d'État officialisé en conseil d'administration, dans une de ces opérations de pouvoir dont les Américains ont le secret.

À la manœuvre, le chef scientifique de la société Ilya Sutskever, qui avait prévenu Sam Altman la veille de cette réunion, sans lui dire ce qui l'attendait. Peu de détails avaient alors filtré sur les raisons de cette sentence. À peine apprenait-on le lendemain que le conseil d'administration avait « conclu que [Sam Altman] n'avait pas toujours été franc dans ses communications avec le conseil d'administration. »

Sam Altman avait été brusquement limogé © Shutterstock
Sam Altman avait été brusquement limogé © Shutterstock

Samedi, Greg Brockman suit

Preuve que la décision était le résultat d'une réflexion menée dans le secret, le numéro 2 Greg Brockman suivait le lendemain Sam Altman et annonçait sa démission. Il était alors le seul membre du conseil à ne pas avoir été invité lors de la séance durant laquelle le licenciement de Sam Altman lui avait été signifié.

Là encore, le public restait dans le noir sur les raisons de l'éviction de Sam Altman. Greg Brockman ne donnait pas de détails sur cet événement, et ne motivait pas non plus sa démission dans le message qu'il postait alors sur X. Sa prise de congé avait en fait tout simplement l'air d'être la conséquence d'une fidélité personnelle à son PDG.

Dimanche, le mercato de la tech

Dimanche, les choses se corsaient. Alors que le départ de Sam Altman était déjà très étonnant, des rumeurs commençaient à affluer sur la toile parlant… de son possible retour ! Car après deux jours, le monde de la tech était dans l'incompréhension de cette décision, sur laquelle OpenAI n'avait pas communiqué.

Mais ça n'était finalement qu'un feu de paille. Le conseil d'administration d'OpenAI ne souhaitait visiblement pas changer d'avis, malgré le brouhaha médiatique. Après un intérim de deux jours assuré par Mira Murati, c'est le cofondateur de la plateforme Twitch Emmett Shear qui était nommé pour prendre la tête d'OpenAI. Un homme connu pour certaines déclarations tapageuses, mais aussi pour sa volonté de réduire le rythme de développement de l'intelligence artificielle.

De son côté, Sam Altman n'était pas resté seul très longtemps. Avec une expérience aussi unique dans la technologie qui devrait sûrement le plus bouleverser nos vies dans les décennies à venir, il était clairement une valeur à ne pas rater. Et qui mieux pour le savoir que Microsoft, le partenaire historique d'OpenAI ? À peine licencié, le trentenaire retrouvait en effet un poste au sein de la firme fondée par Bill Gates, où il était appelé à diriger une équipe spécialisée dans l'IA.

Lundi, la révolte des employés

Et c'est encore Microsoft qui devait faire parler d'elle les jours à venir. En effet, au début de cette semaine, presque tous les employés d'OpenAI signaient une lettre dans laquelle ils exhortaient le conseil d'administration à revenir sur sa décision. Ils demandaient ainsi non seulement le retour de Sam Altman et de Greg Brockman, mais aussi la démission de l'ensemble du conseil, et la nomination de deux administrateurs indépendants.

Et pour bien montrer qu'ils ne plaisantaient pas, ils assortissaient leur exigence d'une menace : celle d'une démission collective. Ils expliquaient en effet que, dans le cas où ils ne seraient pas entendus, ils rejoindraient tout simplement Microsoft, où des emplois seraient déjà prêts pour chacun d'entre eux. Détail piquant de cette missive qui a dû profondément inquiéter, le nom de l'instigateur du « coup d'État » se retrouvait parmi ceux des signataires. Ilya Sutskever avait en effet entretemps fait amende honorable et affirmé regretter son initiative.

OpenAI avait d'autant plus intérêt à prendre l'avertissement au sérieux que Microsoft avait bien fait savoir qu'elle était ouverte aux recrutements d'employés d'OpenAI. Un recrutement qui était en plus proposé à des conditions permettant à tous les nouveaux venus de garder un salaire similaire à celui qu'ils touchaient au sein d'OpenAI.

Mardi, le retour du roi

Après une telle fronde, que pouvait faire le conseil d'administration, si ce n'était plier le genou ? Le psychodrame prenait ainsi fin au bout à peine de quelques jours, avec le retour de Sam Altman à son poste de PDG d'OpenAI. Quatre jours qui auront tout de même changé certaines choses dans l'entreprise, comme l'explique le communiqué posté par la société pour annoncer la fin de l'imbroglio.

« Nous avons conclu un accord de principe pour que Sam Altman revienne chez OpenAI en tant que PDG, avec un nouveau conseil d'administration composé de Bret Taylor, Larry Summers et Adam D'Angelo » a-t-il ainsi été expliqué, dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 novembre. Bret Taylor, qui est le cocréateur de Google Maps, prenait pour l'occasion le poste de président et numéro 2 de la boîte.

De son côté, Emmett Shear, qui n'a été que très brièvement patron d'OpenAI, a ironisé sur son passage éclair. Il a ainsi posté sur X un message dans lequel il évoque son passage éclair au poste de PDG comme un record en la matière. Il n'aura en effet, selon ses propres chiffres, occupé ce poste que durant 55 heures et 32 minutes.

Q*, la cause d'un drama dont on entendra bientôt reparler ?

Tout est bien qui finit bien, pourrait-on penser. Mais ces quelques jours de valse entre OpenAI et Sam Altman ont aussi été l'occasion d'apprendre plusieurs informations intéressantes sur la firme en pointe dans le domaine de l'intelligence artificielle.

Il a ainsi été expliqué que l'entreprise souhaitait se développer dans un secteur très porteur, celui des puces adaptées aux besoins de l'intelligence artificielle. Un secteur qui, aujourd'hui, est totalement dominé par Nvidia. Avant son limogeage, Sam Altman souhaitait développer une société qui puisse faire pièce à Nvidia, et surtout fournir OpenAI en ces composants. Un objectif, ambitieux, voire légèrement démesuré, quand on sait que même les grands spécialistes des micro-processeurs ont du mal à atteindre le niveau de la firme dirigée par Jensen Huang. Avec la nouvelle légitimité acquise par ce psychodrame, Sam Altman va-t-il vouloir pousser ce projet ?

L'autre grosse interrogation, et c'est sûrement la plus importante, est savoir quelle était la raison de son renvoi. Car à ce jour, un seul indice sérieux a pu nous renseigner sur la question, et c'est la création d'une IA considérée par des chercheurs d'OpenAI comme dangereuse pour l'humanité, à savoir Q*.

Est-ce qu'une certaine précipitation de Sam Altman dans la commercialisation de cet outil n'a pas été l'élément déclencheur de son limogeage ? Un limogeage qui pourrait donc avoir une certaine légitimité ? Et son retour en grâce ne lui donnerait-il pas, au contraire, les coudées franches pour avancer le plus rapidement possible dans son développement et sa commercialisation, sans égards pour les dangers potentiels ?

On se souvient qu'Elon Musk avait été une des rares voix discordantes saluant Ilya Sutskever, et affirmant que son action devait avoir des raisons précises. Il avait même demandé à ce que les détails de la fameuse réunion ayant mené au départ de Sam Altman soient rendus public, afin de voir s'il s'agissait d'une question éthique en rapport avec la dangerosité de certaines IA en développement.

Il semble que ces questionnements devront dans les prochains temps être mis de côté. OpenAI devrait suivre les volontés entrepreneuriales de Sam Altman, et essayer de mettre sur le marché le plus grand nombre de technologies et de fonctionnalités, qui permettront à la société américaine d'enfin dégager des revenus à terme. La fameuse IA Q* pourrait-elle faire partie de ces modèles de langage qui sortiront des cartons, pour être commercialisée, malgré les dangers potentiels ?

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